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Dossier Iran 2015 : questions à Thierry Joulin, président de la section Iran des CCEF

Le Moci. Si les sanctions internationales à l’encontre de l’Iran devaient être levées en 2016, pourrait-on alors dire que toutes les conditions d’une reprise des affaires dans ce pays sont réunies ?

Thierry Joulin. On est encore dans une période qui durera entre six mois à un an, période pendant laquelle les entreprises vont nouer des contacts, chercher des agents, des partenaires, et ce n’est que fin 2016-début 2017 que l’on assistera à une montée en puissance, car la levée des sanctions sera progressive. En outre, les banques françaises ne sont pas présentes et il faudra du temps pour qu’elles mettent ou remettent en place des structures adaptées à leur organisation. L’Iran, 80 millions d’habitants, est un gros marché potentiel, mais il ne faut pas se rater. Il faut prendre le temps de trouver le bon agent, le bon partenaire. Il faut préparer le terrain pour comprendre le marché, ce qui n’est pas facile, et la législation.

 

Le Moci. Est-ce que l’Équipe de France à l’export est en place pour aider les entreprises françaises, notamment les PME et ETI ? Est-ce que les relais sont suffisants ?
T. J. Globalement, c’est assez positif. Outre la section Iran des CCEF, nous avons un ambassadeur, Bruno Foucher, très business, toujours disponible pour aider les entreprises, et un conseiller commercial, Mathieu Bruchon, très dynamique. L’ouverture toute récente d’un bureau de Business France va incontestablement faire du bien. L’arrivée de Romain Keraval pour le diriger est un bon point. Le Medef est aussi très actif en Iran. Il y a réalisé deux grosses missions d’entreprises en 2014 et 2015, mais, comme les face à face entre Français et Iraniens étaient forcément réduits dans ce type d’opération, les CCEF lui ont conseillé de s’orienter vers des réunions sectorielles. Ce qu’il va faire avec l’organisation d’une mission dans les métiers de la santé durant la première quinzaine de décembre. Aujourd’hui, tout le CAC 40 est présent dans ce pays. Ceux que l’on doit pousser sont les PME et ETI. Et là, notre sentiment est que les Chambres de commerce et d’industrie régionales ne sont pas encore assez actives, alors que les länder, par exemple, du fait du système fédéral de l’Allemagne, sont très présents. Les CCI de Paris Ile-de-France ou de Bretagne sont bien venues sur place, mais sans entreprise. Elles doivent faire mieux. Pour notre part en Iran, Bruno Foucher, Mathieu Bruchon, le président et le vice-président de la section locale des CCEF, Arnaud Chevalier, pensons entamer une tournée des CCI françaises en janvier-février prochain.

 

Le Moci. Quels conseils donneriez-vous aux sociétés tricolores pour aborder ce marché où l’on revient ?

T. J. Elles doivent comprendre que ce ne sera pas un marché d’export. Les Iraniens possèdent une grosse industrie et pas mal de matières premières, et le gouvernement de Téhéran n’est certainement pas prêt à laisser les importations se substituer à de l’industrie locale. Il peut sans doute y avoir des importations au départ, mais, très vite, il conviendra de produire localement, seul ou en joint-venture avec un industriel iranien. Les entreprises qui réussiront à long terme seront ainsi celles qui auront mis un pied dans la fabrication locale par l’assemblage ou le transfert de technologie. Au demeurant, c’est tout à fait possible, car le niveau d’éducation est bon, supérieur à la moyenne mondiale, et les ingénieurs et les commerciaux, en particulier, sont bons. Quant à la gestion des projets dans les ministères, certes, ils sont très nombreux, mais c’est normal, car, ces cinq dernières années, en raison des sanctions, les différents ministères n’ont pas pu exécuter leurs programmes. Ce qui importe aujourd’hui pour les grands projets, c’est de venir avec des financements. Sinon, ils ne pourront jamais se faire en temps et en heure.

Propos recueillis par François Pargny

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