Le règlement européen relatif à la lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE), une des grandes législation du Pacte vert (Green Deal) lancé il y a quatre ans, entrera en vigueur le 30 décembre 2024. Il imposera aux importateurs de l’Union européenne (UE) d’une série de produits de base de prouver qu’ils n’ont pas été produits sur des terres déboisées. Les appels à le retarder se multiplient dans les milieux d’affaires.
L’Allemagne est montée au créneau. Son ministre de l’Agriculture, Cem Ozdemir, vient en effet de demander à la Commission européenne de repousser l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation européenne antidéforestation, prévue pour la fin de l’année, au 1er juillet 2025 afin de laisser aux entreprises le temps de s’y préparer. Le chancelier Olaf Scholz, a exprimé son inquiétude sur son application, le 12 septembre, devant l’Association allemande des éditeurs de numériques et de journaux.
Ces critiques émanant de la plus grande économie européenne emboîtent le pas à celles déjà formulées par les Etats-Unis, l’Australie, le Brésil et l’Indonésie. Toutes reprochent à ce nouveau règlement un manque de clarté sur sa mise en œuvre et le peu de temps laissé aux entreprises pour s’y préparer. Outre le bois et ses produits dérivés (le papier, la laine de bois, les panneaux de particules, le charbon de bois, les meubles…), le RDUE concerne six autres produits de base : le café, le cacao, le caoutchouc, l’huile de palme, le soja et la viande de bœuf.
Hausse des coûts d’approvisionnement
Les importateurs devront pouvoir prouver que ces produits respectent les normes environnementales du pays de production et que cette dernière n’a pas causé de déforestation ou des dégradations des forêts depuis le 31 décembre 2020, date de référence choisie par Bruxelles.
La perspective de l’entrée en vigueur du RDUE a déjà bousculé le commerce international, rapporte Bloomberg. Les importations d’huile de palme ont été détournées vers des régions situées en dehors de l’UE et les négociants stockeraient massivement le café en prévision de ces nouvelles règles. L’agence d’information souligne également que le secteur européen de l’élevage, gros consommateur de soja, doit faire face à des coûts plus élevés.
Selon la Fédération européenne des fabricants d’aliments composés (Fefac), cette nouvelle législation pourrait entraîner une hausse des coûts d’approvisionnement en soja et autres aliments pour animaux de l’ordre de 2,25 milliards d’euros l’année prochaine. Cette hausse se répercuterait sur les prix de vente et il n’est pas certain que les consommateurs suivent, estime la filière.
Sophie Creusillet