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Réponse à Etienne Vauchez : indispensable Ubifrance ! par Etienne Bernard

Étienne Bernard, patron de PME et administrateur d’Ubifrance, n’est pas d’accord avec Étienne Vauchez. Oui, l’agence publique est utile, elle est même devenue un élément indispensable du dispositif d’aide à l’export.

Les vérités d’Étienne Vauchez ont une saveur de Canada Dry. L’apparence de bonnes idées, une réalité bien différente. Car la « vérité » est un art à revendiquer avec précaution. Il est vrai que deux réalités sont incontestables : la première, c’est que le commerce extérieur français se porte mal, la seconde, que l’avenir économique et social de notre pays passe par l’internationalisation de ses PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) qui ne peuvent pas compter sur le seul marché hexagonal pour se développer.

Une bonne nouvelle : depuis trois à cinq ans, un vrai débat est ouvert pour comprendre la problématique des PME et ETI et en tirer des conclusions.

Il est un fait établi que la France a abordé le XXIe siècle avec un handicap significatif, ne serait-ce que par rapport à nos partenaires de l’Europe du Nord et même de l’Italie : des PME moins solides, moins financées, moins innovantes et ayant peut-être moins d’intérêt pour la prospection internationale. Les chiffres des Douanes illustrent cette « vérité » : quand l’Allemagne met chaque année en ligne près de 400 000 exportateurs, l’Italie près de 200 000, notre pays peine à en recenser 100 000 en 2011, et ce nombre baisse de près de 1 000 tous les ans, jusqu’en 2010 !

Face à une telle situation, les partenaires sociaux, les économistes, les fédérations professionnelles n’ont eu de cesse d’interpeller les gouvernements successifs pour accélérer leur prise de conscience et réclamer des mesures visant d’abord à rétablir la compétitivité des PME et ETI, et – le monde ayant basculé en faveur des pays émergents – à leur ouvrir la voie des marchés extérieurs.

L’État a mis du temps à réagir, c’est vrai. Entre les « fausses bonnes idées » et une certaine distance pour marquer de l’intérêt aux PME, dix ans ont été perdus. À partir de 2007, sous la pression de la crise, la donne a enfin changé : la montée en puissance simultanée d’Oséo, des pôles de compétitivité, du crédit impôt recherche, des actions du Fonds stratégique d’investissement (FSI) témoignent du renversement de l’approche traditionnelle : l’entreprise et son cycle de vie se trouvent placés au cœur de la prise de décision. La volonté des gouvernements, à travers les actions des secrétaires d’État chargés du Commerce extérieur Christine Lagarde, François Loos, Anne-Marie Idrac et enfin Pierre Lellouche, de faire d’Ubifrance un véritable partenaire de la prospection commerciale à l’étranger des PME et ETI sur le modèle existant dans la majorité des pays européens, a complété cette nouvelle approche moderne, ce « new deal » entre l’État et les PME.
 
Ce faisant, l’État a assumé le choix d’une politique publique globale, au service des PME, dont chacun mesure qu’elle portera ses fruits progressivement tant nous venons de loin. Première étape, certes, mais engagée résolument, ce dont je me félicite comme entrepreneur.

Étienne Vauchez est « vent debout » contre cette réforme, en tant que représentant d’intérêts privés, qui s’estimeraient lésés par l’action de l’État au service des PME. Mais si les sociétés de commerce avaient détenu la « vérité », tout du moins si elles avaient seules la capacité à peser réellement sur les performances exportatrices de nos PME et ETI, que ne l’ont-elles pas fait pendant toutes ces années ? Si elles étaient « la » solution, pour ne pas dire « la » vérité, pourquoi de si médiocres résultats de l’appareil exportateur français depuis 10 ans ?

À la tête d’une PME industrielle depuis plus de trente ans dans les biens d’équipements, nous réalisons hors de France plus de 70 % de notre chiffre d’affaires. Impliqué dans la défense de l’industrie et des PME en général, j’ai vécu la transformation qui a mené à Ubifrance aujourd’hui.

Ma conviction, c’est qu’il ne faut pas mélanger les sujets et introduire la confusion dans les esprits. Ubifrance n’a ni monopole, ni baguette magique, mais elle joue aujourd’hui un rôle indispensable pour favoriser l’internationalisation des ETI et PME françaises. Il est essentiel pour notre pays qu’elle confirme ses premiers succès et puisse poursuivre sa montée en puissance. Cette jeune agence a relevé d’abord un défi majeur, celui d’être plébiscité par les PME et ETI françaises. Oui, au plus noir de la crise, Ubifrance a joué un rôle contracyclique et rassurant au côté des entreprises. Il est utile de rappeler qu’avec l’organisation de plus de 800 pavillons et missions collectives et la réalisation d’environ 20 000 missions d’entreprises chaque année depuis 2009, Ubifrance a multiplié par quatre son activité par rapport à 2007. L’agence gère également plus de 7 000 jeunes VIE (volontaires internationaux en entreprise) pour le compte de 1 750 entreprises, dont une grande majorité de PME. Tout ceci prouve une chose : il y avait bien une attente, un besoin, de la part des PME et ETI françaises, auxquels Ubifrance a répondu. Plus que jamais cet essai gagnant doit être transformé.

Il lui reste un nouveau défi à relever, celui qu’elle a placé au cœur même de sa stratégie actuelle, le défi de la qualité. Si une majorité de ses clients est satisfaite de ses prestations – au point d’être 90 % à exprimer une intention de recommandation – il est essentiel – je rejoins en cela la préoccupation d’Étienne Vauchez – que les services apportés par l’agence, aux quatre coins du monde, permettent de faire progresser réellement le développement export de ses clients, et aboutisse à du business. À cet égard, je souhaiterais éclairer le lecteur sur deux points.

Le premier, c’est que, selon une étude réalisée par Ipsos sur 1 000 clients de l’agence, les deux tiers d’entre eux révèlent que c’est par l’action d’Ubifrance que leur démarche à l’export a progressé, pour l’essentiel grâce à la mise en contact avec des partenaires potentiels et des opportunités commerciales, et c’est là le cœur de l’activité de l’agence. Le second, c’est qu’Ubifrance a désormais pris un engagement très fort, unique à ma connaissance dans la sphère des agences publiques : après avoir eu recours aux services de l’agence, un client sur trois devra connaître un « développement d’affaires » sur son marché ! Et ceci sera vérifié par un institut indépendant. On voit bien le chemin parcouru : culture de la performance, engagement de résultat, la réforme engagée a permis à Ubifrance de changer de siècle, au moment même où nos PME et ETI en ont le plus besoin !

Un signe encourageant conforte notre détermination : en 2010, pour la première fois depuis près de dix ans, le nombre d’exportateurs français a augmenté significativement. 

Reste un vrai sujet, qui est – avec une forme de maladresse – présenté comme un problème de concurrence par Étienne Vauchez : celui de la coordination entre les différents partenaires des PME et ETI. Il reste certes beaucoup à faire en ce domaine. Au plan régional, chambres de commerce et d’industrie (CCI), agences de développement, agences publiques doivent se répartir efficacement les rôles pour mobiliser, former, orienter nos PME vers l’international. Au plan international, enfin, les chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (CCIFE) – et les autres acteurs qui interpellaient naguère l’État sur son « manque de volonté » – doivent s’appuyer sur la montée en puissance d’Ubifrance pour parfaire leur positionnement ! 

La réalité est que, sur ce point, l’intérêt général rejoint les intérêts particuliers ! En effet, chacun gagnera à ce que davantage de PME et d’ETI françaises soient présentes sur les marchés étrangers. Il est temps de mettre définitivement de côté les invectives ou les arguments spécieux pour s’asseoir autour d’une table et déterminer clairement tous les rôles respectifs. Non, il n’y a pas – il ne peut y avoir – de concurrence, ni dans les produits, ni dans les tarifs, entre le secteur public et les acteurs privés. Bien sûr, les sociétés de commerce ont un rôle majeur à jouer dans le dispositif national !

Et les organisations professionnelles ont bien conscience que le développement de nos PME est une priorité pour l’emploi : il suffit de consulter la dernière publication du Medef « Besoin d’Aire » pour voir que les PME sont au cœur de la réflexion (www.besoindaire.com).

Nous, patrons de PME ou ETI, savons qu’on ne transforme pas une PME en PME exportatrice voire en ETI internationale simplement.

Plutôt que de guerroyer les uns contre les autres et de s’attacher à vouloir démonter ce qui vient à peine d’être créé, sachons reconnaître que personne n’est de trop dans les circonstances actuelles, dans un domaine où nous partons de très loin. Mettons au contraire à profit les prochains mois pour continuer à construire une Équipe de France de l’export digne de l’enjeu : l’avenir de notre économie, ni plus ni moins. Ceci, au moins, est une vérité bonne à dire !

Étienne Bernard


Étienne Bernard

Membre du conseil d’administration d’Ubifrance depuis 2004 et président du comité TPE-PME-ETI du Medef depuis 2010, Étienne Bernard est d’abord un chef d’entreprise de l’industrie, qui possède une très forte expérience du développement international. 

Âgé de 63 ans, il dirige en effet depuis 30 ans le groupe industriel familial Bernard Controls, qui emploie 400 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 43 millions d’euros, 70 % à l’export. Basé dans le Val-d’Oise (95), ce groupe est spécialisé dans l’automatisation des vannes et installations associées tels que servomoteurs électriques et équipements de contrôle pour les besoins d’équipements utilisés dans les secteurs de l’eau, l’énergie, l’industrie et la marine. Étienne Bernard s’est régulièrement impliqué dans les affaires de son secteur : entre autres, il préside le Groupe des industries métallurgiques (GIM) de la région parisienne ainsi que l’Association de développement des formations des industries de la métallurgie (ADEFIM) depuis 2004.

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