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Exportations : l’aéronautique soutient les livraisons françaises

Malgré de belles livraisons d’Airbus ces dernières années, la France enregistre un trou d’air dans ses échanges avec le Qatar et un recul global de ses exportations. Une centaine d’entreprises françaises est implantée sur place.

 

Si année après année la France figure toujours dans le Top 10 des fournisseurs du Qatar, elle le doit largement à son poste Navigation aérienne et spatiale, qui représentait plus de 39 % de ses ventes en 2013. L’an dernier, toutefois, son déficit commercial avec l’émirat s’est creusé pour la quatrième année consécutive, un trou d’air, il est vrai, qui résulte plus de la hausse de ses approvisionnements en gaz naturel ou liquéfié (+ 12,8 % en 2013) que d’une diminution des ventes d’avions (- 1,4 %).

Parallèlement, les livraisons de parfums et cosmétiques ont décollé de plus de 25 %, ce qui est évidement une bonne nouvelle. Cette performance est, néanmoins, insuffisante, car les ventes de biens d’équipement  ont reculé et la part de marché de la France a finalement atterri sous la barre des 4 %, à 3,6 % exactement fin 2013, contre 4,4 % un an auparavant. En valeur, les exportations de l’Hexagone ont perdu 4,9 % à 736,8 millions d’euros, pendant que les importations s’envolaient à 847,4 millions (+ 8,4 %).

Or, pour que les exportations aéronautiques de la France redécollent, il faudra attendre 2015, dessine à grands traits le Service économique à Doha. Selon lui, « en effet, les livraisons d’Airbus A 350 ne commenceront qu’en novembre 2014 (1 appareil) puis se poursuivront à un rythme soutenu (1 par mois en 2015, puis 2 à partir de 2016) ». Par ailleurs, « les livraisons d’A 380 (3 prévues en 2014) ne devraient pas se refléter dans nos ventes vers le Qatar, l’assemblage final de ces appareils étant effectué en Allemagne ».

A l’approche de la Coupe du Monde de football, qui se tiendra au Qatar en 2022, Paris espère que ses entreprises engrangeront d’autres contrats, notamment dans les infrastructures. Dans ce domaine, près de 225 milliards de dollars d’investissement sont annoncés, ce qui devrait permettre au Qatar de rejoindre le niveau de qualité des infrastructures des Emirats arabes unis. La compétition est rude, ce qui a amené l’offre française à se regrouper dans une organisation appelée French Team 4 Sport, la cinquantaine de membres couvrant ainsi quatre grands domaines : construction et transports ; énergie et environnement ; sécurité et télécommunications ; communication, évènementiel et services. Une centaine d’entreprises françaises sont déjà sur place, à l’instar de Total, Technip, GDF-Suez, Air Liquide, Bouygues, Veolia, BNP Paribas, Carrefour, etc. D’après la Banque de France, l’Hexagone détenait un stock d’investissements de 1,93 milliard d’euros en 2012, soit un quintuplement par rapport à 2005, la majeure partie dans l’exploration de gaz et de pétrole (60 %) et un quart dans la pétrochimie. Ainsi, dans les infrastructures pour l’industrie énergétique, Technip a gagné auprès de Qatar Petroleum un contrat offshore estimé entre 100 et 250 millions d’euros pour la fourniture des équipements, l’installation et la mise en service d’un projet offshore stratégique. L’industriel sera en charge de la réalisation, dans sa globalité, du projet qui comprend un quartier d’habitation et des utilités, avec un pont reliant ces deux plateformes. C’est le centre opérationnel de Technip à Abu Dhabi aux Emirats arabes unis qui réalisera le projet, avec l’aide des centres opérationnels du groupe à Paris et Doha au Qatar.

Autre exemple de grand contrat, un consortium comptant Alstom a été choisi par Qatar Railways Company (QRAIL) pour la fourniture d’un système de tramway pour un réseau de 4 lignes destiné à la ville de Lusail, au nord de Doha. Le consortium est composé également de QDVC, une société de droit qatari dont les deux actionnaires sont Qatari Diar (51 %) et le groupe français Vinci Construction Grands Projets (49 %). La part d’Alstom dans ce contrat s’élève à environ 750 millions d’euros – sur un total de 2450 millions d’euros sans options pour la totalité de ce grand projet – et inclut des options pour 32 rames de tramways supplémentaires.

Le réseau de 4 lignes traversera la ville sur une longueur de 33 km, comprenant 7 km en sous-terrain et 37 stations. Le système devrait entrer en service commercial à partir de 2018. Car Alstom fournira à la ville de Lusail un système de tramway entièrement intégré comprenant le design, la fabrication, la mise en service et la maintenance de 35 tramways Citadis aux aménagements haut de gamme, de l’alimentation électrique (sous-stations, caténaires et APS3), de la signalisation et de la  pose des voies.

Enfin, les pays du Golfe sont de façon générale de bons clients des fabricants d’armement français. Un protocole d’accord a ainsi été conclu avec Doha pour l’acquisition d’hélicoptères de transport NH 90 et Paris espère aussi vendre au Qatar les frégates du groupe DCNS. Le petit voisin de l’Arabie Saoudite veut se présenter comme une puissance militaire dans la région. Et dans le cas de bâtiments avec une certaine sophistication, certains équipements pourraient être également livrés, comme des radars par Thales. La vente de blindés d’infanterie et de missiles Milan ER est aussi dans le viseur de Paris.

François Pargny

 

Les trois priorités du partenariat franco-qatarien

Le 24 juin dernier, en marge de la visite officielle de Cheikh Tamin bin Hamad Al Thani en France, le forum d’affaires franco-qatarien, orchestré par Medef International et la Chambre de commerce du Qatar dans les salons du Quai d’Orsay avait permis de dégager trois priorités : l’énergie, le Mondial 2022 et les technologies de l’information et la communication (TIC). D’après Denis Simoneau, membre du bureau exécutif et directeur des Affaires européennes et internationales de GDF Suez, les besoins du Qatar et donc les perspectives de partenariats sont nombreuses dans les domaines du gaz – où Total et GDF Suez sont solidement implantés –, de l’électricité (augmentation des besoins), les énergies renouvelables (solaire, éolien), les services liés à l’efficacité énergétique, la lutte contre la pollution.

Voici les domaines où les savoir-faire français vont s’efforcer de contribuer à relever les défis : l’approche globale « énergie-eau-alimentation » ; la formation des ressources humaines ; la lutte contre l’émission de CO2 ; les technologies vertes ; le nucléaire, car « il y a des interrogations au Qatar ». « Nous avons devant nous d’immenses chantiers, nous souhaitons confirmer ce partenariat et avons de solides perspectives dans ce sens », a assuré à l’époque le dirigeant français.

Les chantiers liés à la préparation du Mondial 2022 sont ceux qui font le plus rêver les hommes d’affaires français, avec ses projets d’infrastructures aux « budgets éblouissants », selon Christian Dumond, patron de la filiale qatari de RATP-SNCF et ancien président de la section Qatar des Conseillers du commerce extérieur de la France (lire son interview page 32).

Troisième priorité, les TIC. Dans le domaine satellitaire, où la technologie française a déjà été choisie par Doha (lancement du premier satellite qatarien par Arianespace en août 2013), les hommes d’affaires ont décidé de travailler à définir des projets communs, notamment dans le domaine orbital. Autres thèmes, la cybersécurité et l’e-gouvernement. Ainsi, Orange, Atos, Thales ont des savoir-faire et une chaire de cybersécurité financée avec le concours de Vinci qui a formé les premiers experts qatariens en début d’année.

Christine Gilguy

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