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Japon 2015 : Entretien avec Gaël Austin (*), conseiller du commerce extérieur de la France (CCEF), ex-président de la section Japon.

Le Moci. L’image du Japon pour les PME françaises s’éclaircit-elle ?
Gaël Austin. Clairement. Je sens qu’il y a un regain d’intérêt pour le Japon par rapport à la Chine, où se sont formées beaucoup de désillusions. C’est un pays qui revient en grâce chez les leaders d’opinion. Ce retour sur le Japon est facilité par plusieurs facteurs : une économie stable, des changements structurels dans la distribution qui ouvrent de nouvelles possibilités (outlet, vente par internet…) On sort du parcours classique « grands magasins et sociétés de négoces », portes d’entrée historiques sur ce marché. On sent, par ailleurs, bien auprès de nos interlocuteurs japonais qu’ils cherchent des produits innovants et des nouvelles technologies. Il y a un vrai effort d’accueil. Les coûts d’implantation ont beaucoup baissé. Les loyers ont baissé. L‘État aide les sociétés à venir. Enfin de plus en plus de sociétés japonaises sont prêtes à prendre des risques avec des boîtes étrangères.

Le Moci. Quelles sont les constantes dans ce paysage changeant ?
G.A. Le Japon est dans le temps long. Il exige qualité, précision et fiabilité. Mais un petit chocolatier ou un fabricant de composants dans l’aéronautique ont tous les deux leur chance pourvu qu’ils aient un engagement sans concession envers la qualité ! La médiocrité ne marche pas ici. Imaginez que les grands magasins imposent souvent des dates limites de consommation des produits encore plus strictes que ce qu’impose la loi… Tout le monde n’est pas bon pour le Japon… Je demande toujours aux entreprises que je visite si elles exportent déjà en Allemagne ou aux États-Unis, car cela traduit déjà un bon sens de l’organisation.

Le Moci. L’essoufflement de la politique économique des Abenomics joue-t-il sur l’attractivité du pays ?
G.A. Les variations du PIB n’ont en soi aucun impact sur l’attractivité. En revanche, la baisse du yen et les pressions sur les prix induite par les Abenomics sont très durement ressenties. Les exportateurs français ont des coûts en euros forts et des bénéfices en yen faible… Il faut être très compétitif sur ce marché. Même les grandes maisons de luxe ont vu leurs écarts de prix s’effondrer entre le Japon et le reste du monde. La mondialisation est passée par là.

Le Moci. Quels changements faut-il attendre si l’Union Européenne et le Japon concluent un accord commercial ?
G.A. Un accord Japon-Union Européenne ouvrirait le marché japonais à des produits comme le beurre, les produits laitiers, la chaussure…

Le Moci. Dans quels secteurs la France pourrait-elle être plus présente ?
G.A. Le porc et le bœuf me semblent être des secteurs où la France n’est pas assez volontariste. Dans la défense, on ne pense pas encore au Japon, alors que le pays est en train de s’ouvrir et que les Anglais et les Italiens, eux, l’ont vu.

Le Moci. Quels sont les points forts du Japon ?
G.A. La solvabilité et l’homogénéité du marché. Une réussite à Tokyo garantit une réussite dans tout le pays, les Japonais ayant à peu près le même pouvoir d’achat. Ce qui est plutôt attirant à l’échelle d’une économie grande comme la réunion de celles de l’Allemagne et de la France.

Le Moci. Et la jeunesse ?
G.A. Beaucoup de jeunes viennent par défaut au Japon, attirés par une économie qui marche. L’implantation n’est pas facile. La langue, les mœurs japonaises, la construction d’une crédibilité à partir de zéro… Ils montent des startups dans tous les domaines, se débrouillent. On croise ces nouveaux visages aux cérémonies du 14 juillet…

Propos recueillis à Tokyo par Régis Arnaud

(*) président fondateur de la société de consulting PMC.

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