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Guide business Hong Kong 2014 : des entrepreneurs français témoignent

Une école d’architecture d’intérieur, une chaîne de rôtisserie de poulets bretons et une entreprise de services informatiques… Des entreprises françaises se montent chaque mois à Hong Kong dans des secteurs aussi variés que la formation professionnelle, la maintenance informatique ou la gastronomie. Ces entrepreneurs trouvent un marché ouvert et compétitif où il reste toujours de la place pour des produits ou services de qualité supérieure.

 

Insight : la première école spécialisée en architecture d’intérieur à Hong Kong

Eve Mercier est arrivée à Hong Kong en août 2012, de Londres où elle avait une agence d’architecture d’intérieur. Elle a donc hésité à remonter une agence ici. Elle s’est vite rendu compte que la région regorgeait de projets souvent immenses (hôtels, immeubles de bureaux, condominiums résidentiels). Les cabinets d’architecte semblaient avides d’avoir des employés spécialisés en aménagement intérieur, design, éclairages etc., lesquels faisaient cruellement défaut sur le marché.

« Les Hongkongais veulent toujours s’améliorer, apprendre plus, découvrir ce qu’ils ne connaissent pas et le design est clairement un domaine nouveau pour eux » constate l’ancienne diplômée de la KLC School of design à Londres. « Il y avait d’une part un clair besoin dans la région, d’autre part une soif d’apprendre des Hongkongais. Car il leur manque beaucoup de références, y compris sur l’histoire des styles. Et il leur manque aussi l’aspect pratique des métiers du secteur. L’enseignement en Asie a tendance à être exclusivement académique » affirme Eve Mercier.

Eve a donc commencé par mettre au point une équipe très internationale d’enseignants de haut calibre, dont elle souhaitait qu’ils soient tous dans le monde du travail car, dit-elle, la qualité d’un institut dépend essentiellement des professeurs et du curriculum. « Il est essentiel que l’enseignant soit en phase directe avec ce qui se passe à l’extérieur de l’école, qu’il connaisse les problèmes de relations client, qu’il soit à l’affût des nouvelles tendances etc. ». C’était aussi pour elle une garantie que ses intervenants seraient familiers des méthodes de travail locales, des problèmes spécifiques que l’on peut avoir en Chine… Surtout cela collait à l’approche dont elle avait elle-même bénéficié dans son école, une approche très pratique. Elle a donc prévu beaucoup de travaux pratiques, en situation, sur les chantiers etc.

L’étape suivante qui consista à trouver un lieu fut plus compliquée et faillit même la décourager. Outre les questions des prix rédhibitoires de l’immobilier, il fallait un minimum de charme ou au moins de caractère pour servir le propos de l’établissement. « La plupart des baux à Hong Kong sont de deux ans, et au bout de deux ans, si votre entreprise marche bien, le propriétaire double votre loyer et si elle ne marche pas, il vous met dehors et bénéficie de tous vos travaux d’aménagement ». Mais elle finit par trouver son espace, dans un quartier populaire en pleine gentrification, Chai Wan. Elle transforma de manière radicale un ancien débarras en très mauvais état, en un magnifique espace, trois salles de classes, une bibliothèque, un studio de la lumière…

Le lieu était prêt en février 2014. « Tout va très vite à Hong Kong ! » constate Eve Mercier. Pour prendre en compte le mode de vie local où les gens sont toujours occupés, l’offre d’Insight va être flexible, avec des cours du soir, des modules courts d’1 ou 2 jours, des cours le samedi. Mais l’école va aussi proposer un diplôme en cours de certification par les autorités hongkongaises et des « certificats ». La clientèle ciblée est très variée et va des étudiants amateurs aux professionnels déjà

dans le métier qui veulent se spécialiser dans un secteur (tissus, lumières…). La presse hongkongaise a soutenu avec enthousiasme le projet. Son ADN de professeurs étrangers et professionnels mêlé à un côté très pratique a également séduit les étudiants hongkongais qui apprécient la proximité avec leur future activité. Fin juin, 220 « journées » avaient déjà été réservées, au-delà des espérances initiales d’Eve Mercier. Le signe le plus encourageant est le taux de retour. Après un premier cours, beaucoup d’étudiants ont resigné pour 4 à 5 cours et sont revenus avec des amis. Ted Talk a sollicité Insight pour faire une présentation. Insight est le premier centre à n’offrir que de l’architecture d’intérieur à Hong Kong. « Quant au fait d’être française, c’est indéniablement perçu de manière très positive » ajoute Eve Mercier.

Linkbynet : le choix d’une base asiatique

Avant de choisir Hong Kong, où l’entreprise française de services informatiques Linkbynet vient d’arriver, ses dirigeants avaient fait une cartographie de la région.

Les possibilités d’implantation étaient Singapour, Taïwan, Shanghai et Hong Kong. Singapour avait des atouts intéressants, notamment une infrastructure internet supérieure à celle de Hong Kong et une fiscalité attrayante pour les nouvelles entreprises. Mais le choix s’est porté sur Hong Kong, d’autant plus facilement que plusieurs clients français dont il fallait en fait suivre le développement avaient besoin des services de Linkbynet sur place et que l’entreprise y effectuait déjà quelques missions. « À Hong Kong on est en Chine sans y être grâce à l’arrangement “Un pays deux systèmes” » constate Patrick Aisenberg, le fondateur de Linkbynet. Lors de la mission que Linkbynet a effectué avec l’aide de la Chambre de commerce, ses dirigeants ont évalué le niveau de compétences présent à Hong Kong dans leur secteur. Ils ont découvert un milieu concurrentiel mais faiblement développé et de moindre qualité que ce que Linkbynet estimait pouvoir offrir.

« Le projet est de pouvoir assez rapidement rebondir vers d’autres destinations notamment Shanghai et le Japon » ajoute Patrick Aisenberg.

Linkbynet a été créé au printemps 2000 par les deux frères Stéphane et Patrick Aisenberg dans le but de soulager les entreprises de leurs services informatiques et de l’importante maintenance qui y est associée. « Nous faisons un métier de niche dans lesquels les « gros » ont du mal à s’adapter » explique Benjamin Detroye, le nouveau directeur Asie de l’entreprise. L’entreprise est ainsi devenue, en quelques années, un acteur important de l’infogérance, du e.business et du e.commerce. Elle emploie environ 500 personnes pour un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros et une croissance de 15 %. L’une de ses forces est une clientèle très fidèle avec un taux de renouvellement des contrats de 96 %.

Des dizaines d’entreprises françaises, dont Saint-Gobain, la Fnac, Kering, LVMH lui ont confié progressivement tout ou partie de leurs services informatiques. « Aujourd’hui c’est par nos clients que nous partons à l’étranger » indique Patrick Aisenberg. En 2003, Linkbynet, alors présente à Nantes, Paris et Lyon, a ouvert des installations à l’île Maurice, qui jouissait d’un décalage horaire favorable et puis en 2013 à Montréal. Mais Hong Kong, qui vient d’ouvrir est la première filiale dans le monde « non francophone ». La principale difficulté de Hong Kong est son plein-emploi. Les salaires sont y élevés et les employés sont très mobiles. « Notre principale charge comptable, notre force et notre valeur sont nos employés » affirme Patrick Aisenberg. En complément du bureau commercial de Hong Kong, les installations techniques et un centre de formation vont être montés au Vietnam. « Comme on travaille 24 heures sur 24 et que notre travail peut se faire en grande partie à distance, nos installations dans ces différents fuseaux horaires de la planète vont nous permettre d’encore mieux servir nos clients » conclut Patrick Aisenberg.

La Rôtisserie : du poulet rôti français à prix local

Aurélien était chef dans un restaurant-traiteur de quartier à Admiralty, Marie était acheteuse dans une PME d’accessoires auto et Jérome était trader dans une grande banque française… L’idée de la rôtisserie est venue en plaisantant au retour d’un voyage en France.

« On sait tous ce qu’évoque le poulet rôti, cela se passe d’explications et parfois ce sont les idées les plus simples qui marchent le mieux » se souvient Jérôme Carlier. « Le poulet est une viande sans religion. Tout le monde en mange et c’est l’une des viandes préférées des Asiatiques » ajoute le chef Aurélien, qui a mis au point le mélange d’épices qui parfume les poulets.

Les trois amis se sont donc lancés dans le projet d’ouvrir une rôtisserie de poulets importés de Bretagne. Ils ont commencé petit, avec une seule employée, afin de mettre la main à la pâte et de bien apprendre le métier de la restauration eux-mêmes, formés par le seul des trois qui le connaissait déjà, Aurélien Malik Benbernou.
« Au début on n’avait aucune idée du business plan. On ne se rendait pas non plus compte de tout ce qui va avec le fait de vendre de la nourriture, l’hygiène, la sécurité, la gestion des stocks… » raconte Marie Ranc.

Les fondateurs de La Rôtisserie avaient depuis le début le souhait d’offrir de la cuisine française mais en la libérant de son étiquette exclusive, haut de gamme et chère. « À Hong Kong, tout ce qui est français a tendance à être associé à « cher ». Eux voulaient offrir de l’authentique qualité française mais à un niveau de prix abordable. Ils ont pris le parti de ne faire que de la vente à emporter et ont soigné le packaging, conscients de l’importance que cela aurait pour la clientèle hongkongaise. « On voulait garder le côté chic que les gens associent avec la France, mais tout en restant abordables » ajoute Marie Ranc. Le poulet rôti se vend, dans sa belle boîte noire qui se porte comme une boîte à chapeau, voire comme un sac à main, 150 HKD, soit 15 euros.

La première boutique a ouvert en novembre 2012 à Sheung Wan (Nord-Est de l’île de Hong Kong). Et les résultats du premier jour furent une excellente nouvelle. « Au soir du jour de l’ouverture on était bien au-dessus de nos chiffres prévisionnels » affirme Jérôme Carlier. La queue qui se forme à l’heure du déjeuner en dit long sur la popularité des poulets bretons ! Très vite, ils ont vu le besoin d’ouvrir un second lieu. Ils ont cherché pendant trois mois, ont trouvé un pas-de-porte à Sai Ying Pun qu’ils ont ouvert en juillet 2013, et sont passés à la recherche d’un troisième lieu, qu’ils ont ouvert en septembre 2013 à Wan Chai. Moins d’un an après ses débuts, La Rôtisserie avait donc trois ensei-gnes, dans des quartiers populaires mais en pleine gentrification. La Rôtisserie offre aussi des repas à emporter pour 68 HKD pour le déjeuner. Aujourd’hui la jeune entreprise se dit en phase de stabilisation, tout en développant l’activité traiteur. La Rôtisserie vient de recevoir ses scooters pour les livraisons et commence un petit rayon épicerie, avec des pâtés, des moutardes…

Les trois actionnaires ont apporté 100 % des fonds propres (environ 500 000 euros) qui ont servi pour lancer l’affaire, acheter les machines, garantir les baux, payer les premiers salaires et les premières commandes… Ils estiment que la communauté française les a beaucoup soutenus, en conseils, en orientation. Mais qu’il était essentiel pour se lancer d’avoir déjà un réseau sur place et une certaine connaissance du marché. Ils ont contourné le principal obstacle du secteur de la restauration, à savoir le problème de la main-d’œuvre qui est rare et très mobile, en payant plus que le marché et en intéressant les employés au résultat. Du coup, les bonus en fin de mois peuvent représenter la moitié du bénéfice mais cela permet de fidéliser et de motiver les équipes.

Florence de Changy

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