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Guide business Ghana 2016 : trois questions à Patrick Prado, président de la section Ghana des CCEF

Le Moci. Une situation économique tendue, une dette publique excessive. Le Ghana ne fait-il pas peur, alors même que le pays est entré dans une année pré-électorale ?

Patrick Prado. Une telle crainte ne se traduit pas dans les investissements directs étrangers, puisque le Ghana continue de séduire les investisseurs et est en tête des 15 pays qui attirent le plus les investisseurs en Afrique, avant le Nigeria, la Tanzanie et le Kenya. Alors, c’est vrai que ce pays subit une crise, son économie est touchée par la chute des matières premières – l’or, le pétrole et le cacao représentent 85 % des exportations ghanéennes – et que les bonnes décisions en matière de gouvernance n’ont pas été prises à temps pour réduire le déficit public. Pour autant, ce n’est pas une situation qui doit décourager les investisseurs étrangers. D’abord, parce que le pays est ancré fortement dans la démocratie. Ensuite, le Ghana est positionné à la 56e place pour l’indice de perception de la corruption par l’ONG Transparency International en 2015, ce qui ne signifie pas, bien entendu, qu’il n’y a pas de corruption, mais elle est combattue par les autorités ghanéennes. L’environnement des affaires est bon. Selon le rapport Doing Business de la Banque mondiale, le Ghana est classé à la 70e place juste devant le Maroc. Le Ghana Investment Promotion Center (GIPC) en charge de la promotion des investissements au Ghana est très efficace. C’est pourquoi les entreprises peuvent développer des stratégies à long terme. La justice n’est pas corrompue et se montre indépendante. Certes, la crise énergétique représente un handicap : recourir à un groupe électrogène n’est pas une solution et est synonyme de coûts supplémentaires. Le secteur de l’énergie est désormais très attractif pour l’investissement privé, avec de nombreux projets en cours, y compris dans l’énergie solaire. La main-d’œuvre au Ghana est de très bonne qualité avec des compétences qui n’ont rien à envier aux standards internationaux, notamment européens.

 

Le Moci. La France est très présente en Côte d’Ivoire, alors qu’au Ghana il y a environ 1 000 Français. C’est peu. Que proposez-vous pour inciter les PME à se tourner vers ce pays anglophone ?

P. P. Pour les PME, la langue est souvent un obstacle, c’est clair. Mais à nous d’aller à la rencontre des Chambres de commerce et d’industrie en France. La CCI de Bordeaux, qui est venue avec une délégation d’entreprises en février, se montre très active. Il faut se déplacer en France avec le Service économique en Ile-de-France, à Bordeaux, à Toulouse, en Normandie. En mai 2014, les CCEF ont lancé la Chambre de commerce et d’industrie française au Ghana qui aide notamment les PME. Nous leur conseillons aussi de prendre un partenaire local connaissant les interlocuteurs et capable de promouvoir les produits. Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur les CCEF, car c’est un travail difficile. Le piège à éviter est d’être confronté à des fraudeurs  ou des personnes qui vous font perdre votre temps. Enfin, il faut apprendre les codes à respecter. Par exemple, dans un entretien, on ne rentre jamais de but en blanc dans le vif du sujet. Vous pouvez vous présenter sans rendez-vous préalable. Vous serez toujours reçus, même cinq minutes, même pour fixer un rendez-vous.

 

Le Moci. Y a-t-il des secteurs plus propices aux petites et moyennes entreprises ?

P. P. Non, a priori. Dans la fabrication, tout est à faire. Le Ghana doit développer son industrie manufacturière ; il n’y a pas d’usine de montage de voiture, d’usine de fabrication de cuisines, de canettes… Les PME françaises ont une  carte à jouer dans l’agriculture. Un seul exemple, il n’y a pas de boulangerie industrielle.  La CCI de Bordeaux s’intéresse fortement  au secteur informatique et des télécommunications. Il y a une véritable Silicon Valley au Ghana, avec de jeunes informaticiens talentueux, parrainée par des sociétés américaines. Mais je conseillerais aussi à des PME de s’intéresser à l’énergie solaire, le tourisme encore. Accra accueille de nouveaux hôtels et les excursions se développent. Enfin, n’oublions pas la classe moyenne et les centres commerciaux sud-africains. Le business est partout présent au Ghana,  Accra est la ville au monde où il y a le plus d’églises par rapport au nombre d’habitants. Ici, les pasteurs font du business, il n’y a pas d’incompatibilité, c’est même une opportunité !

Propos recueillis par François Pargny

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