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Entreprises : un marché ouvert, mais très règlementé

Ouvert à tous les vents de la concurrence internationale, l’île-continent est une terre d’espace pour les entreprises, qui mérite le détour. Pour s’y développer, elles doivent, toutefois, s’adapter à un environnement des affaires parfois contraint en termes de normalisation et certification.

 

« L’Australie est ouverte pour le business », proclamait le Premier ministre Tony Abbott, en septembre 2013, dans son premier discours après son élection. Les Français qui ont franchi le pas ne le démentiront pas : beaucoup expliquent qu’ouvrir un business sur l’île-continent est relativement simple et rapide. « L’environnement des affaires est bon en Australie », vante François Diethelm, président des Conseillers du commerce extérieur de la France. « Les entreprises françaises qui ont un bon produit, un bon prix, qui font une prospection sérieuse avant de se lancer réussissent », assure François Romanet, président de la Chambre de commerce franco-australienne. Certaines testent le terrain avec un VIE (Volontaire international en entreprise). Beaucoup se lancent avec un partenaire local. Il y a cependant des spécificités à connaître avant de se lancer. « L’environnement très réglementé » représente le premier défi, selon François Diethelm. « Le pays se protège avec des normes et des certifications purement australiennes », précise-t-il. Des patrons de PME se plaignent du « turn-over » des salariés, qui changent souvent d’entreprises. « La relation employeur-employé n’est pas du tout la même qu’en France », prévient François Romanet. Après plus de vingt années ininterrompues de croissance, marquées par un quasi plein-emploi, les salariés se sont habitués à démissionner et retrouver du travail facilement. « Les salaires peuvent être entre 30 et 40 % plus élevés », ajoute François Romanet. Il y a également des différences dans les relations au sein de l’entreprise. Les discussions sont moins directes qu’en France et il est compliqué de faire ouvertement des critiques, mettent en garde des investisseurs français en Australie. De même, on dit plus difficilement « non » en Australie, mais cela n’équivaut pas pour autant à une réponse positive. Mais les Français évoquent avant tout l’enthousiasme et la confiance en l’avenir qui règnent dans le pays, et qui aident à surmonter d’éventuels obstacles.

 

Sammode   Eclairer son marché en s’associant à un distributeur local

 

Spécialiste de l’éclairage technique pour l’industrie (aciéries, mines, plateformes offshore, etc.), les transports publics et l’architecture, Sammode a ouvert sa filiale en Australie, Sammode Lighting Australasia (la seconde après l’Allemagne en 2009) en décembre 2014, après y avoir exporté par l’intermédiaire d’un partenaire local.

« Nous sommes très satisfaits : le démarrage est très prometteur », confie le P-dg, Emmanuel Gagnez. Le pays présente « un fort potentiel » pour l’entreprise, explique ce patron français, arrière-petit-fils du fondateur de l’entreprise, créée en 1927 dans les Vosges. Au bout de six mois, « nous travaillons déjà avec des maîtres d’ouvrage (industriels, publics) et leurs maîtres d’œuvre (bureaux d’études) sur des projets à court et moyen termes avec des acteurs majeurs de l’agro-alimentaire, du secteur minier et des infrastructures publiques de transport ».

Le « niveau de développement et de maturité » du marché australien a également séduit Sammode, qui s’est finalement associé avec son distributeur local. Sammode a fait le choix d’une joint-venture pour se lancer. Son associé australien connaît les règles du marché et le secteur d’activité.

« À travers sa holding, il apporte aussi toute la gestion administrative, financière, légale », explique Emmanuel Gagnez. « Compte tenu de la distance, c’est précieux d’avoir un directeur sur place pour animer au quotidien le business », ajoute-t-il. La décision de se lancer en Australie « a été mûrement réfléchie et préparée », confie le P-dg. En quatre ans, il s’est rendu cinq fois en Australie. Son associé est lui venu une fois par an à Paris au cours de la même période. « Nous avons beaucoup parlé business, stratégie, plan d’actions.

J’ai rencontré beaucoup de clients », raconte Emmanuel Gagnez. Sammode a finalement ouvert à Brisbane, dans l’État du Queensland, et dispose d’antennes commerciales à Sydney, Melbourne et Perth ainsi qu’en Nouvelle-Zélande. Selon le dirigeant français, « Brisbane est beaucoup moins chère que Sydney, où les loyers comme les salaires sont très élevés. Et cette ville est très bien connectée au reste du monde ». « La seule difficulté », explique-t-il a été de comprendre les subtilités du système juridique australien.

Mais le climat des affaires est « assez vivifiant et très enthousiasmant, comparé à la France ». Emmanuel Gagnez est également intéressé par la situation géographique du pays, « une porte d’entrée vers l’Asie du Sud-est » : « les Asiatiques sont nombreux sur le marché australien, cela permet de se connecter à cette zone si dynamique ». Ses ambitions sont « grandes » pour la nouvelle filiale. « Après quelques années de construction », il vise « plusieurs millions de chiffre d’affaires à moyen terme ».

 

Maestrano  Deux Français de Sydney mettent en ligne leur entreprise

 

En moins d’un an et demi, la start-up Maestrano a réussi à convaincre 4 500 PME en Australie/Nouvelle-Zélande et aux États-Unis/Canada d’avoir recours à ses services. « Nous avons créé un espace où les entreprises peuvent chercher les logiciels dont elles ont besoin. Il peut s’agir d’applications pour le marketing, les ressources humaines, les inventaires (etc.). Nous proposons les meilleures à bas prix et nous les connectons entre elles », explique le directeur général de Maestrano, Stéphane Ibos.

C’est à la fin de leurs études d’ingénieur que le jeune dirigeant français, 29 ans, et son compatriote, le directeur technique de Maestrano, Arnaud Lachaume, 28 ans, se sont envolés pour l’Australie. Le premier a démarré chez Thalès, à Sydney, avec un stage de fin d’études, qui s’est transformé en poste à responsabilité après quelques mois. Arnaud Lachaume a lui démarré son aventure australienne à la banque Macquarie.

En 2012, ils observent le marché, peaufinent leur projet. « Mon temps chez Thalès était comme un apprentissage », confie Stéphane Ibos, qui a « toujours voulu monter son entreprise ». En mai 2013, ils quittent leur travail pour se consacrer à Maestrano. Les deux ingénieurs déposent un brevet mondial. Leur projet séduit Ian Buddery, un Australien connu dans les nouvelles technologies, pour avoir créé eServ Global, revendu ensuite à Oracle. Celui-ci devient président de Maestrano et les aide à lever un million de dollars (701 000 euros).

Depuis, Maestrano ne cesse de grossir, et se développe depuis Sydney à l’international. Deux millions de dollars (1,41 million d’euros) supplémentaires ont été levés. Depuis son lancement en 2014, la start-up a étoffé ses équipes. Elle devrait ainsi compter de 15 à près de 45 salariés en octobre, basés en Australie, aux États-Unis et à Dubai. « L’Australie – en particulier Sydney et Melbourne – est l’un des meilleurs endroits du monde pour monter sa start-up », estime Stéphane Ibos. « C’est un peu comme la Silicon Valley il y a 20 ans. Il y a tout ce qu’il faut : des investisseurs, des ingénieurs, du marketing, mais tout en restant à taille humaine, ce qui permet de rapidement sortir du lot ».

L’ingénieur vante « l’enthousiasme » qui règne en Australie, « la confiance en l’avenir », « le respect et le soutien pour ceux qui prennent des risques ». L’Australie, l’un des pays les plus multiculturels du monde, est aussi, selon lui, « un endroit idéal pour tester des produits et des services pour lesquels on a une ambition mondiale ». Il n’est pas rare que des géants de la restauration et des nouvelles technologies testent discrètement leur produit dans ce pays, dont les habitants sont friands de nouveautés.

« Mais attention, met en garde Stéphane Ibos : l’Australie est un tout petit marché, avec 23 millions d’habitants, donc il y a un risque à créer un projet local ». L’ingénieur met, cependant, en avant les avantages du pays. « Je recommande toujours aux PME françaises de regarder en Australie : il y a plein de choses à faire. Il n’est pas sûr que ça dure : les Asiatiques et les Américains investissent de plus en plus ».

 

Four Frogs  Un Guérandais qui crée des crêpes au goût australien

 

Originaire de Guérande, Florian Guillemard est un passionné de crêpes et a toujours eu envie d’ouvrir son propre restaurant. Ce n’est pas en Loire-Atlantique qu’il a franchi le pas, mais à Sydney. Il a ouvert sa première crêperie en 2013 et devrait en avoir quatre d’ici un an.

« J’ai pris mon temps. J’ai commencé par faire des marchés pour tester le succès des galettes. J’ai cherché un bon producteur de blé pour fabriquer ma propre farine. J’ai beaucoup douté au début, il a fallu être déterminé », se souvient-il. Il s’est associé à trois amis français, formant les « Four frogs », les quatre grenouilles.

Avant d’ouvrir le premier restaurant, Florian Guillemard a mis un soin particulier dans la décoration et la conception du menu. Les Australiens n’ont pas les mêmes goûts que les Français : il a travaillé sur la présentation de l’assiette et le contenu des galettes. « Quand nous avons ouvert, je maîtrisais à 1 000 % le projet », explique-t-il. Et le succès a été au rendez-vous, pour la première ouverture, tout comme pour le deuxième restaurant.

« Les Australiens aiment découvrir de nouvelles choses, ils sont curieux ». Un succès de son restaurant : la galette canard fumé, oignon de printemps, fromage et sauce japonaise. Les crêpes plus classiques sont également à la carte, mais plaisent plutôt aux clients français. La PME compte 25 salariés : des Français en cuisine, dont certains de moins de 30 ans avec un visa vacances travail et des Australiens.

Afin de trouver les deux prochaines adresses, les « Four frogs » ont fait appel à des consultants australiens. « Le problème à Sydney, c’est le coût de l’immobilier, très élevé », souligne-t-il. Et les success stories, comme celle des Four frogs, ne sont pas si fréquentes : d’autres crêperies ont été ouvertes récemment par des Français, mais les salles sont souvent vides et un échec peut coûter beaucoup d’argent aux restaurateurs.

Caroline Taïx

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