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Commerce extérieur : des perspectives positives pour les savoir-faire français

Doubler en quatre ans une part de marché française de l’ordre de 1 %, inférieure à la moyenne obtenue dans les pays d’Asie du Sud-Est (1,5 %), et rééquilibrer une balance commerciale structurellement déficitaire : tels étaient les objectifs affichés l’an dernier par la France au Vietnam en matière de commerce extérieur. On est encore loin du compte.

Selon les données de la Douane française*, les exportations françaises, il est vrai confrontées à une concurrence redoutable venue d’Asie (Japon, Chine, Corée du Sud) et plombées par un taux de change de l’euro surélevé par rapport au dollar et aux devises asiatiques, manquent encore de dynamisme.
Côté import, le Vietnam, boosté par la chaussure et le textile, dont il devient une plateforme pour les marques européennes, a le vent en poupe. En 2013, les importations en provenance du Vietnam, ont progressé de 3,3 %, pour atteindre 2,792 Mds d’euros : en cinq ans, elles ont quasiment doublé (1,217 Md d’euros en 2009) et la part des produits des filières habillement/chaussures, dont le Vietnam devient un fournisseur majeur pour les marques françaises, pèsent pour près de la moitié (809,5 millions d’euros en 2013).

De leur côté, les exportations françaises vers le Vietnam ont augmenté de 14,6 %, à 703,5 millions d’euros. Mais, tributaires de grands contrats qui connaissent des évolutions en dents de scies, elles peinent à montrer un signe tangible de décollage (elles sont en dessous du niveau de 2009, qui était de 753,8 millions) de sorte que le déficit commercial s’est creusé pour franchir la barre des 2 milliards d’euros.
Quelques exceptions tout de même : les produits pharmaceutiques, premier poste export de la France au Vietnam, restent en croissance, de même que plusieurs produits des filières agroalimentaires comme les ingrédients (amidons, minoterie, etc.) ou encore les produits de la mer. L’an dernier, l’aérien et le spatial ont connu une progression particulièrement importante avec le lancement réussi, le 7 mai 2013, du satellite d’observation de la terre livré par Astrium (EADS) à la Vast (Académie vietnamienne des sciences et technologies). Mais les montants sont encore relativement faibles.

Les jalons posés l’an dernier par les gouvernements français et vietnamiens à l’occasion de la saison croisée France-Vietnam sont censés y aider, le Vietnam comptant beaucoup sur l’appui de la France pour faire avancer l’accord de libre-échange en cours de négociation avec l’Union européenne, et dont la conclusion est annoncée pour cet automne. Côté français, l’intérêt des entreprises ne se dément pas : la France est le deuxième pays pourvoyeur d’investissements directs au Vietnam (3 milliards d’USD de stocks en 2013), avec quelque 215 entreprises investies sur place qui emploient 35 000 personnes. Quelque 380 projets d’investissements dans des secteurs divers sont en cours, selon des chiffres que le Medef a diffusé l’automne dernier.
Après la tenue du deuxième forum économique franco vietnamien en présence de l’ex. ministre française du commerce extérieur Nicole Bricq, en avril 2013, et plusieurs visites officielles (Jean-Marc Ayrault en février 2013, Laurent Fabius en août) une série de contrats avait ainsi marqué la signature par l’ancien Premier ministre français et son homologue vietnamien Nguyen Tan Dung, d’un accord de partenariat stratégique entre les deux pays, le 25 septembre à Paris.

La compagnie à bas coût Vietjet avait ainsi passé commande de 92 A320, dont 62 fermes (pour 6,1 Mds d’euros prix catalogue) et GDF Suez avait signé avec Petro Vietnam Gas un contrat pour la construction d’une unité de production de GNL et de génération électrique sur le complexe de Son My, au sud du pays. De son côté, Vinci avait obtenu un accord lui ouvrant le marché des autoroutes vietnamiennes tandis que BNP Paribas officialisait l’obtention d’une licence pour ouvrir une succursale à Hanoi grâce à la signature d’un accord entre la Banque du Vietnam et l’Autorité de contrôle prudentielle française.
Ce partenariat stratégique donnait un cadre cohérent à toute une série d’accords de coopération existants et à venir. Des impulsions politiques avaient été également données de part et d’autre pour accélérer certains gros projets tels que la rénovation des équipements de l’hôpital de Can Tho, le projet ferroviaire de Yen Vien Lao Cai, et celui de la construction de la ligne 3 du métro de Hanoi, une ligne « pilote » de 12,5 km devant relier la gare d’Hanoi à Nhon. La France a également fait un lobbying soutenu pour plaider sa participation au programme de centrale nucléaire vietnamien, avec le réacteur de 3e génération ATMEA 1, qui pourrait s’appuyer sur une alliance avec le Japon.

Concernant le projet, emblématique pour la France, du métro de Hanoi, que l’AFD co-finance avec la Réserve pays émergents, la BAsD (Banque asiatique de développement) et la BEI (Banque européenne d’investissement), rappelons que le bureau d’études Systra (filiale de la Sncf), qui est l’ingénieur du projet, a fait les études et participé à l’élaboration du premier corpus de normes en matière de métro du Vietnam. Les premiers contrats de génie civil ont été signés, un système de signalisation français a été retenu. Mais le projet avait subi des difficultés ces derniers mois, liées à divers retards aboutissant à sa suspension. Piloté par le MRB (Hanoi Metropolitan rail Management Board), le chantier a effectivement été relancé à la suite d’une mission de supervision sur place des représentants des bailleurs de fonds les 20 et 21 mars 2014 : un plan d’action a été mis sur pied pour débloquer la situation, en accord avec les autorités vietnamiennes, et une extension de contrat que Systra demandait depuis plusieurs mois a été conclue avec le MRB. Le chantier a donc pu reprendre. En février 2014, au terme d’un appel d’offres international, le MRB a attribué à un groupement de sociétés françaises (Apave-Bureau Veritas-Certifier) le contrat de contrôle et certification qualité pour l’ensemble de cette ligne de métro, sur un financement AFD.

Cette reprise du chantier du métro de Hanoi est d’autant plus stratégique que le chantier de la ligne 1 du métro de Hô Chi Minh-Ville, au sud, conduit par le concurrent japonais Hitachi, semble, elle, aller bon train : c’est d’ailleurs à un groupe français, Faiveley transports, que le groupe japonais a confié la fourniture de portes palières – les toutes premières installées dans ce pays – pour équiper la ligne n° 1, qui doit relier le centre-ville à la passerelle nord-est (14 stations aériennes et souterraines). Gageons qu’elle soit le signe d’une véritable accélération ! Une réelle volonté de suivi et de maintenir le cap semble animer les deux gouvernements. Le 8 avril dernier, c’est en pleine période post-municipale et de remaniement ministériel que le ministre vietnamien du Plan et de l’investissement Bui Quang Vinh a participé à Paris au deuxième dialogue économique Vietnam-France de haut niveau avec non plus Nicole Bricq, ex. Ministre du commerce extérieur, mais Arnaud Montebourg, ministre de l’Économie et du redressement productif !

Christine Gilguy

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