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Trois questions à Jacky Deromédi, présidente de la section Singapour des CCEF

Le Moci. Est-ce que Singapour, qui se présente comme une plateforme régionale, ne souffre pas de la comparaison avec Hong Kong, plus proche de la Chine et mieux connu des Français ?

Jacky Deromédi. Pour les sociétés qui travaillent en Chine, être implanté à Hong Kong est réellement intéressant. Mais Singapour présente un double avantage dans la région, d’abord, sa situation géographique au cœur de l’Asean, un marché de 600 millions d’habitants avec un vrai potentiel, ensuite, son environnement législatif et financier qui est sûr. Ce n’est pas le hasard si des entreprises qui s’étaient délocalisées de Singapour en Chine ou à Hongkong y reviennent.

Le Moci. Avec la montée croissante des coûts d’approche à Singapour, est-ce qu’une implantation n’y devient pas inabordable pour une PME ?

J. D. S’il s’agit des coûts de location, de l’immobilier en général, Singapour n’est pas plus cher que Shanghai, Pékin et Hong Kong. La différence ne se situe pas là. À Singapour, les entrepreneurs sont plus aidés, donc moins noyés. Ne serait-ce que culturellement, c’est plus facile. On y parle anglais. Et la mentalité des Chinois y est différente de celle des Chinois de Chine. À Singapour, il y a une éthique. Il n’y a pas de corruption et la parole est respectée.

Le Moci. L’emploi d’expatriés à Singapour devient un casse-tête. Qu’en est-il exactement ?

J. D. C’est le seul point noir à Singapour. Aucun chiffre, aucun critère précis ne sont vraiment connus, chaque cas est apprécié par le Ministère de la Main-d’Œuvre, qui peut accorder ou ne pas accorder l’obtention ou le renouvellement d’un permis de travail. Or, on ne trouve pas toujours des Singapouriens aux postes recherchés. Résultat, dans l’hôtellerie, certains établissements affichent un déficit en personnel de 25 %. Les Singapouriens estiment que l’afflux d’expatriés dans les postes non qualifiés maintient les salaires bas. Par contre, le fait que certaines sociétés puissent engager des expatriés aux postes à responsabilités crée une concurrence qui n’est pas toujours à leur avantage. De plus, quand dans le passé on prenait un stagiaire étranger en première ou deuxième année d’école de commerce pour deux ou trois mois avec un défraiement de 1 000 ou 1 500 dollars par mois, on ne peut plus le faire maintenant à moins de 3 000 dollars par mois, ce qui rend la chose impossible. Nous espérons évidemment que le gouvernement singapourien assouplira les règles de manière à ce que nous puissions continuer à répondre aux demandes toujours croissantes tant de stages que d’emplois.

Propos recueillis par François Pargny


La FCCS accueille les PME et favorise l’emploi

Depuis son ouverture en mai 2010, le Business Center de la Chambre française de Commerce à Singapour (FCCS) abrite une quinzaine de sociétés de l’Hexagone, notamment dans les nouvelles technologies, attirées par le marché régional. Ce service de domiciliation – 7 bureaux et huit places en open space – est facturé 950 euros par mois pour une place en open space. « Nos tarifs sont très compétitifs compte tenu de la localisation de la Chambre dans une des principales artères commerçantes de Singapour », souligne Sylvie Berne, responsable du service Appui aux entreprises à la FCCS. Pour un bureau, la PME Graiteic, par exemple, « verse 2 000 euros par mois, hors téléphone ou location de salles de réunion », selon son directeur général Asie-Pacifique, Pascal Bergougnou. Pendant les quatre premiers mois de l’année, la FCCS a déjà aidé à s’implanter sur place une trentaine d’entreprises, alors que ce chiffre a juste dépassé la trentaine en 2012. Chaque année, elle contribue aussi à l’embauche en entreprise de 60 à 80 responsables, souvent des techno-commerciaux. Une prestation d’autant plus appréciée des entreprises françaises que le gouvernement souhaite que la priorité soit plus souvent donnée à l’emploi local. Ce qui est compliqué.

Les réserves de main d’œuvre domestique sont limitées, sa compétence également. Sans oublier sa volatilité qui serait ancrée dans la culture locale. Ainsi, une campagne publicitaire dans le métro pour un site de recrutement vante-t-il la mobilité en ces termes : « changez de travail » pour 1) « gagner de l’argent », 2) « se rapprocher de son domicile » et 3) « disposer d’un meilleur travail ». La fidélité à l’entreprise n’est pas la priorité.

F. P.

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