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Trois questions à Frédéric Coin, président de la section Serbie des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF)

Le Moci. En tant que président de la section Serbie des CCEF, comment expliquez-vous le manque d’intérêt des entreprises françaises pour ce pays et sentez-vous un frémissement depuis l’ouverture officielle des négociations d’adhésion ?

Frédéric Coin. Au-delà d’un manque d’intérêt plus global des entreprises françaises pour la Région, à l’exception de la Roumanie, qui vient sans doute d’une préférence historique pour d’autres zones géographiques et d’une certaine méconnaissance des Balkans, la Serbie pâtit certainement d’une image encore marquée par les conflits intervenus lors de l’éclatement de la Yougoslavie et au Kosovo. Ce désintérêt est d’autant plus désolant que la Serbie dispose réellement de nombreux avantages :
• une situation géographique favorable au cœur de l’Europe, a seulement 2 h 30 d’avion de Paris ;
• des accords de libre-échange non seulement avec l’Union européenne mais aussi avec les anciens Pays membres de l’ex-Yougoslavie non encore membres de l’UE et surtout avec la Russie, qui en fait une base idéale pour exporter vers ce grand marché ;
• une main-d’œuvre qualifiée et bon marche ;
• des autorités très favorables à l’arrivée d’investisseurs étrangers ;
• une population de 7,2 millions d’habitants, dont le niveau de vie est appelé à converger vers celui des pays voisins.

De plus, pour vivre dans ce pays depuis deux ans, je peux vous garantir que la Serbie et les Serbes sont très au-dessus de l’image que nous en avons : vivre en Serbie est tout à fait agréable, et les investisseurs étrangers présents dans ce pays, dont certaines grandes entreprises françaises (Lafarge, Michelin, Schneider, Société Générale pour ne citer qu’elles), sont généralement très satisfaits de leurs investissements.
L’ouverture officielle des négociations d’adhésion devrait donner plus de visibilité au pays et aider à améliorer son image et, de fait, nous avons davantage de demandes d’informations de la part d’entreprises françaises sur la période récente.

 

Le Moci. Italiens et Allemands semblent avoir pris de grandes longueurs d’avance sur les entreprises tricolores. Y a-t-il encore de la place, et sur quels secteurs ?

F. C. Les Allemands et les Italiens sont effectivement extrêmement présents en Serbie, et ce dans tous les secteurs. Ce sont les deux plus grands investisseurs dans le pays, et également ceux avec lesquels les flux commerciaux sont les plus importants. Pour autant, il n’est pas trop tard pour s’intéresser au pays, notamment pour y produire afin d’exporter en utilisant la position géographique, les accords commerciaux existant et l’excellent rapport qualité/prix de la main-d’œuvre sur des secteurs tels que la filière automobile (présence d’une usine FIAT récemment inaugurée et proximité de la Slovaquie ou de nombreux constructeurs sont présents), les logiciels et la filière informatique au sens large, qui est une priorité des autorités, ou bien encore la filière énergie.

Par ailleurs, la filière agroalimentaire est un des points forts du pays, et le secteur demeure encore relativement fragmenté, avec une présence des grands acteurs étrangers moins affirmée que sur d’autres secteurs.
Au final, les opportunités sont nombreuses !

Le Moci. Les privatisations constituent-elles encore une bonne opportunité pour investir en Serbie ?

F. C. Le nouveau Gouvernement qui va se mettre en place d’ici début mai va faire de la privatisation des entreprises publiques une de ses priorités. Le secteur public demeure très important en Serbie, et couvre un très large spectre d’activités.
Ces entreprises, mal gérées de longue date, sont souvent dans une situation difficile, mais il est certain que l’accélération des privatisations va offrir des opportunités à des investisseurs disposant des capacités techniques et humaines pour restructurer des entreprises disposant de capacités de production et/ou de marques établies en Serbie et dans l’ex-Yougoslavie.

Propos recueillis par Christine Gilguy

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