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Dossier Espagne 2016 : trois questions à Emmanuel Mielvaque, président de la section Espagne des CCEF

Le MOCI. Que faut-il faire pour que l’Espagne figure ou redevienne une cible privilégiée des entreprises françaises ?

Emmanuel Mielvaque. Il faut refaire confiance à l’Espagne et à son potentiel de reprise actuelle. Il y a trois ans, la section Espagne des CCEF a lancé une initiative visant à offrir un mentorat gratuit aux exportateurs français, qui porte autant sur l’approche culturelle que sur des questions techniques, comme la viabilité du produit. Nous pensons que la France du numérique a d’excellents atouts pour aider les entreprises espagnoles qui ont un peu en retard. C’est ainsi que Business France a organisé il y a quelques semaines un événement intitulé Digital Sisters pour favoriser les partenariats dans le digital. Les politiques espagnoles de soutien à l’innovation ont souffert pendant la crise. Pourtant avec des dispositifs de crédits d’impôt parmi les plus attractifs au monde, le pays veut accueillir les centres R&D étrangers et notamment français. Parmi les secteurs en vogue pour les Français, citons les biotechnologies, mais aussi l’énergie, le tourisme, l’immobilier. Ce dernier a vu passer de grosses transactions par des capitaux étrangers, dont quelques-unes par des Français.

 

Le MOCI. L’Espagne est classée dans le rapport 2016 Doing Business de la Banque mondiale au 33e rang des pays où il est le plus facile de faire des affaires.
Qu’en pensez-vous ?

E. M. Certes, l’Espagne n’est pas dans le Top 15 des pays les mieux classés, mais, pour autant, ce pays demeure assez ouvert, avec une fiscalité précise. Pour une entreprise, il faut bien appréhender l’angle régional. L’intérêt ne sera pas le même au Pays Basque, en Catalogne, à Madrid ou en Andalousie. En l’occurrence, un spécialiste des biotechnologies pourrait s’installer au Pays Basque pour bénéficier du cluster à proximité de Bilbao, où il recevra un bon accueil, où on y est aussi ouvert à la valeur ajoutée et abrite des entreprises de qualité. Maintenant, si une entreprise veut installer son siège social à Madrid, c’est une ville cosmopolite, plus ouverte, avec de nombreuses plateformes. Barcelone, à l’exception du tourisme, est plus difficile à pénétrer et la nouvelle maire Ada Colau, élue en juin sous l’étiquette du parti citoyen Podemos, a décidé d’un moratoire sur une trentaine de projets hôteliers. De façon générale, on note un retour des entreprises françaises, mais plutôt à Madrid qu’à Barcelone. Par ailleurs, en 2015, pour la première fois depuis la crise, on a noté un flux entrant de Français supérieur aux départs. Toutefois, si avant la crise, les Français étaient plus de 100 000 dans le pays, avec le départ d’expatriés et d’entrepreneurs indépendants, ce chiffre n’est plus aujourd’hui que de 70 000 environ. Pour revenir aux affaires, nous conseillons quelques clefs simples et rapides, outre de parler un peu l’espagnol – cela ouvre les portes – de bien respecter les codes lors des déjeuners business.

 

Le MOCI. Est-ce que la France considère l’Espagne comme un partenaire ou un rival ?

E. M. C’est une question à laquelle nous avons réfléchi. La relation d’amitié est très forte, ce qui n’a pas toujours été vrai dans l’Histoire. Mais, il est clair que, pour des raisons de survie, des entreprises espagnoles qui n’avaient pas l’habitude se sortir du territoire national ont dû exporter, en profitant d’une main-d’œuvre peu chère et qualifiée. Au point d’arracher des contrats dans la construction ou le ferroviaire et de rattraper la France comme premier fournisseur, par exemple, du Maroc. Les Espagnols savent chasser en meute et, grâce au Roi émérite D. Juan Carlos, sont soutenus par la royauté. Ils apprennent vite et ont surpassé les Français dans bien des dossiers avec des offres techniquement bonnes et souvent moins chères grâce à une main-d’œuvre plus compétitive. Mentionnons, toutefois, le succès de la procédure des Volontaires internationaux en entreprise (V.I.E) gérée par Business France. Avec la signature il y a trois ans d’une convention bilatérale sur les V.I.E, leur coût a été réduit, notamment en matière de fiscalité, et leur nombre a du coup bondi, en passant ainsi de 68 à 250 aujourd’hui. Parmi les particularités, il y a plus de femmes et une plus grande diversité de fonctions occupées, notamment dans les ressources humaines, les finances et le contrôle de gestion.

Propos recueillis par François Pargny

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