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French Touch 2018 : les filières se structurent à l’international

Les secteurs qui gagnent sont souvent les mieux structurés. Ces pôles d’excellence, qui font souvent honneur à la French Touch, à la French Tech, à la French Fab, ont su marier innovation et internationalisation. Et surtout ils ont su se regrouper autour de leaders forts et conscients de leur rôle de locomotive. Ce travail de structuration doit être poursuivi sans interruption au sein des entreprises évidemment, mais aussi des branches professionnelles. Car l’innovation est constante et la compétition féroce. Revue de détail dans ce dossier.

 

Année après année, le commerce extérieur de biens de la France s’enfonce dans le rouge : – 63,4 milliards d’euros en 2015, – 66,1 milliards en 2016, – 80 milliards en 2017. On s’est beaucoup répandu sur le déclin de l’industrie hexagonale, la faiblesse de son tissu d’exportateurs, constitué surtout de petites entreprises – sur 124 000 sociétés, 77 % avec un effectif inférieur à 20 salariés – et sa spécialisation dans un nombre trop réduit de filières à l’export.

À cet égard, l’aéronautique représenterait presqu’une exception. Symbole par excellence de la French Fab, l’aéronautique est de loin la filière la plus structurée, un domaine d’excellence à l’international avec une implication très forte de ses leaders au sein de son instance professionnelle, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas). Airbus et Dassault président tour à tour le Gifas – à l’heure actuelle, le poste est occupé par Éric Trappier, patron d’Airbus Aviation.

Au Gifas, on sait chasser en escadrille. Les équipementiers comme les PME ont en son sein leur comité représentatif. Le Gifas est également aux commandes du salon mondial de l’aéronautique du Bourget (SIAE).

Dans le cas de l’aéronautique, le défi n’est pas tant l’export que l’innovation, l’adaptation d’une myriade de petits sous-traitants. D’où le choix fait par Éric Trappier de prendre aussi la présidence du Comité stratégique de filière (CSF) Aéronautique, voulu par le Conseil national de l’industrie (CNI) dans le cadre de la politique de reconquête en matière industrielle lancée par Bercy.

C’est dans le cadre du CSF qu’a été entamé le programme Performances industrielles, dont l’objectif est d’améliorer la supply chain, la relation donneur d’ordre-fournisseur et la compétitivité des PME. Enfin, le 21 septembre 2017, a été lancé Ambition PME-ETI, programme d’accompagnement du Gifas et premier accélérateur sectoriel de la banque publique Bpifrance.

Stratégie, structuration, innovation, export, tout est lié. Il s’agit pour la banque publique et le Gifas d’éclairer les petits patrons, mais aussi de les aider à entraîner leurs troupes dans leur sillage. Or, deux écueils peuvent constituer des bombes potentielles :
1/ les chefs d’escadrille, dans le cadre de leur stratégie individuelle, ont tendance à diminuer le nombre de leurs sous-traitants. Ce qui paraît à certains contradictoire avec leur mandat représentatif peut susciter de la méfiance, voire de la résistance ;
2/ le middle management des petites entreprises, quand les directions sont persuadées des évolutions à donner, ne suivent pas toujours. C’est ce que confiait récemment au Moci un opérateur économique, à la fois présent dans l’aéronautique et le naval.

Dans le naval, ces deux écueils sont aussi des mines potentielles. Néanmoins, cette industrie contribue largement à la réussite indéniable de la France en matière d’armement, comme l’a montré la méga-commande de sous-marins par l’Australie.
Consciente des bienfaits de l’export, la filière commence à s’organiser sur le modèle du Gifas, avec un certain succès. À la tête de Naval Group, le seul bateau amiral de l’industrie tricolore dans le monde, Hervé Guillou est à la manœuvre. Il a ainsi choisi de prendre la double présidence du Groupement des industries de construction et activités navales (Gican) et du CSF Industries navales et maritimes.

L’agroalimentaire est un autre cas intéressant. La France, dont la gastronomie est classée au patrimoine immatériel de l’Unesco, recule au palmarès des leaders mondiaux de l’exportation, ce qui peut paraître paradoxal. En fait, c’est le reflet de l’émiettement d’un tissu composé d’une multitude de petites sociétés – 98 % des 17 659 entreprises sont des PME – ancrées dans le terroir et sans expérience de l’international. Les structures locales d’accompagnement, tel que les comités de promotion, les CCI, Business France, ne peuvent pas tout.
Pendant longtemps, l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), faute de temps, comme le confiait au Moci un de ses anciens présidents, était focalisée sur les dossiers sociaux, la défense de ses membres (par exemple, le conflit entre producteurs, industriels et distributeurs).

Malgré la bonne volonté des responsables de l’Ania, l’export n’a jamais pu être traité comme il le mérite. Ce, en dépit de la création d’une commission Europe-International et d’initiatives, comme le Comité Asie. Ce, malgré le concours apporté à la plateforme d’exportation collaborative à destination des PME Meet Up Agri Agro, lancée en mai 2016 par le Medef, l’OSCI (Opérateurs spécialisés du commerce international) et l’Adepta (Association pour le développement des échanges internationaux des produits et techniques agroalimentaires).

La situation semble devoir changer aujourd’hui, avec Jean-Philippe Girard. Président de l’Ania jusqu’à fin juin, il a pris la tête du CSF Agroalimentaire et d’une autre initiative publique, celle-ci venant du Quai d’Orsay, à savoir la famille de produits prioritaires à l’export Agroalimentaire, qui avait connu avant lui plusieurs présidents, sans résultat apparent. Au Quai, on croit à « l’engagement personnel » de Jean-Philippe Girard. À suivre.

François Pargny

 

Pacte PME invite les grands à jouer collectif

On ne saurait trop le dire : il est important que les groupes épaulent les plus petites entreprises. Certains le font de longue date, à l’instar de Total ou d’une ETI comme Isigny Sainte-Mer. Mais c’est loin d’être la majorité. L’entrepreneur français est individualiste. C’est pourquoi, sous l’impulsion de son premier président, l’ancien patron de Schneider Electric Henri Lachmann, s’est développé Pacte PME. La dernière initiative, le 29 mai dernier, de cette association de grandes sociétés et de collectivités a été Pacte International, la plateforme digitale et collaborative pour faciliter la co-exportation entre groupes et PME.
Parmi les premiers inscrits sur la plateforme, on retrouve des leaders dans leur filière, comme Naval Group et, bien sûr, Schneider Electric, mais aussi Sanofi, EDF ou Total Développement régional. Cet outil peut être utilisé pour échanger des informations et dialoguer. Les PME peuvent aussi exprimer leurs besoins, tout comme les grandes entreprises qui leur présentent les opportunités du moment (appels d’offres…).
Pacte PME, auquel a contribué dès le départ le Comité Richelieu, association française des petites et moyennes entreprises innovantes, est soutenu par l’ensemble de l’écosystème du commerce extérieur, tant privé que public, comme le montre l’accord de partenariat conclu avec Business France. Pour les grandes entreprises, le portage et la formation de PME s’inscrivent dans une stratégie de responsabilité sociale et environnementale (RSE), démarche largement encouragée par les pouvoirs publics.

 

Exportations : les trois grands secteurs de la France

Sur les 464 milliards d’euros d’exportations réalisés l’an dernier, un peu moins d’un tiers était le fait de trois secteurs : l’aéronautique, 12 % ; les industries agroalimentaires (IAA), 10,2 %, dont les boissons pour un tiers ; la chimie, avec la parfumerie et les cosmétiques, pour 8,9 %. Et c’est assez logiquement ces trois filières qui offrent des excédents commerciaux substantiels.
Dans le sillage de l’aéronautique, avec 17,4 milliards d’euros, les parfums et cosmétiques suivaient, loin, avec 10,6 milliards, puis les IAA, avec 6,1 milliards, et la pharmacie, avec 3,3 milliards.
D’après la fédération des exportateurs de vins et spiritueux (Fevs), ces produits présenteraient, si on les distingue des autres IAA, le deuxième solde positif de la balance commerciale française, avec 11,5 milliards. Et comme les États-Unis constituent leur premier débouché en valeur, on peut comprendre leur inquiétude au moment où les relations se tendent des deux côtés de l’Atlantique, notamment entre la première puissance économique mondiale et l’Europe.
Hors boissons, dans les IAA, ce sont les produits laitiers qui font la différence. 

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