Et si Donald Trump, tout puissant président des États-Unis qu’il est, était seul ! « On pouvait le penser pendant le Forum économique international de Saint-Pétersbourg », vient ainsi de livrer au Moci un juriste d’entreprise, ayant pu constater le front uni des personnalités présentes contre la politique extérieure américaine, notamment concernant le dossier iranien.
De retour de cet évènement qui s’est tenu du 24 au 26 mai, et que l’on présente traditionnellement comme le « Davos » russe, l’interlocuteur du Moci a été frappé par « la grande convergence d’opinion » entre le maître des lieux Vladimir Poutine, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le vice-président chinois Wang Qishan et la directrice général du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde.
Total, premier à signer
S’agissant de l’Hexagone, cet alignement de positions a été d’autant plus remarqué que les sujets de friction ne manquent pas sur le plan politique et diplomatique : Syrie, Ukraine notamment. Toutefois, à aucun moment, les mots de « sanctions » – sous entendu occidentales-, et à fortiori de « contre-sanctions », côté russe, n’auraient été prononcés.
On a plutôt remarqué qu’Emmanuel Macron tutoyait son hôte et que Vladimir Poutine donnait du « Patrick » au président de Total, Patrick Pouyanné. Il est vrai que, parmi les accords de coopération et de contrats annoncés pendant la visite du président français, c’est Total qui a été le premier à se réjouir, avec l’annonce d’un investissement de 2,5 milliards pour détenir 10 % du projet de gaz naturel liquéfié Artic LNG 2 à développer dans l’Antarctique avec le groupe Novatek. Total est déjà allié à la compagnie russe, dont il détient, par ailleurs, 19 % du capital, dans le gigantesque projet Yamal LNG.
L’excellence tricolore sur le pavillon France
Outre le contrat du géant français des hydrocarbures, cinq autres accords * « ont fait l’objet d’échanges de marocains en présence des présidents Poutine et Macron », indique-t-on au ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE). Mais, « en plus, y précise-t-on, une quarantaine d’accords, de contrats et memoranda ont été signés en marge de la visite du président à Saint-Pétersbourg » par des entreprises de toute taille, comme Olmix, Suez, Dalkia, Poma, Air Liquide et Auchan.
Autre sujet de fierté – « ça avait de la gueule », assurait un observateur français – le pavillon France monté par Business France, malgré la récente expulsion de son principal dirigeant, victime des fameuses contre sanctions, avec « 16 fleurons** de l’économie nationale », se félicite-t-on à l’agence publique d’accompagnement à l’international. Une occasion parfaite pour mettre en avant l’excellence française, notamment dans la ville du futur, mais aussi les nouvelles technologies et l’industrie du futur avec les marques collectives French Tech et French Fab.
Une France qui compte dans le social et l’économie
La présence du patron du Medef, Pierre Gattaz, et de 35 entreprises du Cac 40 n’est pas non plus passée inaperçue. La France est déjà le premier employeur en Russie et le cinquième pays fournisseur, de source russe***. D’après Business France, 528 sociétés françaises réaliseraient environ 27 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé dans l’ancien pays des tsars. Emmanuel Macron a appelé les PME et les startups à s’implanter sur place et à « ouvrir de manière plus volontariste de nouvelles voies comme l’agroalimentaire, le spatial, les villes durables, les services énergétiques et le numérique ».
A Saint-Pétersbourg, on aurait ainsi presque oublié l’annexion de la Crimée, le soutien russe aux séparatistes du Donbass et au dictateur syrien Bachar al-Assad. L’adversaire était Donald Trump, président d’un empire commercial qui se replie. Au grand dam de tous.
François Pargny
*Les six accords conclus en présence d’E. Macron et de V. Poutine sont :
- Accord relatif à la participation de Total au projet Arctic LNG 2 entre Novatek et le groupe français.
- Document stratégique de partenariat franco-russe dans le domaine de l’utilisation de l’énergie atomique entre la société d’État Rosatom et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.
- Convention de coopération entre la Fondation russe des investissements directs RFPI, la filiale de la Caisse des dépôts, CDC-International Capital, et le spécialiste des maisons de retrait Orpéa portant sur l’investissement et la réhabilitation en Russie.
- Déclaration conjointe entre le ministère russe du Développement économique et le ministère français de l’Économie et des finances relative au « nouveau partenariat russo-français pour l’économie du futur ».
- Déclaration d’intention entre le ministère russe de la Culture et le ministère français de la Culture dans le domaine du patrimoine.
- Convention de coopération entre l’Université d’État de SPB et l’Université Sorbonne relative à la création de trois double diplômes en histoire, philosophie et littérature (3 conventions)
** Société Générale, Schneider Electric, Renault, Sanofi, Air Liquide, Engie, Total, Technip, Danone, Auchan, L’Oréal, Michelin, Vinci, Crédit Agricole, Servier et LVMH.
Pour prolonger :
–France / Russie : le patronat français veut favoriser la coopération technologique de longue durée
– France / Russie : E. Macron maintient sa visite d’État, Business France s’affaire
Et aussi :
Notre dossier Où exporter en 2018 ?, le focus sur la Russie et les grandes infrastructures du Mondial de foot en Russie
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