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REPowerEU : la guerre en Ukraine va-t-elle accélérer la transition énergétique des entreprises ?

Proposé par The Conference Board 

Pénuries, inflation, énergie… La guerre en Ukraine oblige les entreprises à accélérer radicalement la transition vers des énergies propres. Pour les aider, la commission européenne a mis au point REPowerEU, un plan visant à se passer du charbon, du gaz et du pétrole russe d’ici 2027. Comment les entreprises peuvent-elles embrasser ce changement, et quels bénéfices peuvent-elles en tirer ? Eléments de réponses avec Anuj Saush, Center Leader Governance & Sustainability, Europe pour The Conference Board.

Penser sur le court et le long terme

Le plan REPowerEU repose sur plusieurs échéances. D’abord, il doit permettre à l’UE de se défaire des deux tiers des importations de gaz russe d’ici à la fin de l’année, soit environ 110 milliards de mètres cubes. Ensuite, il doit conduire à une réforme structurelle du système énergétique européen à l’horizon 2027-2030 pour en assurer son indépendance, tout en accélérant la transition énergétique des Vingt-Sept. Ce changement de paradigme met toutefois les entreprises à l’épreuve car « tous les secteurs ne sont pas égaux en termes de consommation énergétique et certains devraient souffrir plus que d’autres des restrictions et embargos », explique Anuj Saush. En témoigne celles utilisant des produits chimiques, des minéraux non métalliques (verre, ciment, céramique), des produits à base de papier ou encore le secteur du minage. « Ces secteurs comptent pour 11% de la valeur ajoutée totale de l’industrie manufacturière dans la zone euro. Aussi, il devient urgent pour eux d’accélérer leur décarbonisation pour réduire leurs dépenses énergétiques et minimiser l’impact de leurs dépenses opérationnelles », ajoute-t-il. Actuellement, les procédés technologiques qui nécessitent des températures très élevées (>1000°C) – telles que la fusion du verre dans un four et la calcination du calcaire pour la production de ciment – sont encore dépendants des combustibles fossiles. A contrario, ceux qui nécessitent une chaleur à basse ou haute température (<1000°C) peuvent utiliser des énergies renouvelables. Ces alternatives, nombreuses, disposent d’une efficacité variable selon le secteur et ne sont pas encore suffisamment performantes pour concurrencer les énergies fossiles. « Même si tous les processus industriels techniquement réalisables étaient électrifiés aujourd’hui, l’UE resterait fortement dépendante des importations de gaz naturel », ajoute Anuj Saush.

Pour préparer les entreprises, les instances européennes collaborent avec ses partenaires internationaux pour trouver d’autres sources d’approvisionnement en gaz, en pétrole et en charbon, notamment auprès des États-Unis, l’Egypte ou encore l’Azerbaïdjan. Sur le long terme, cela implique de réduire l’utilisation des combustibles fossiles dans nos habitations, nos bâtiments, notre industrie et notre système électrique, en augmentant le recours aux énergies renouvelables.

Malgré la crise, l’optimisme

« On pourrait penser que la guerre en Ukraine ait un impact sur les décisions des entreprises, mais en réalité il n’en est rien », expose Anuj Saush. Selon un sondage « Measure of CEO Confidence for Europe by ERT », réalisé par The Conference Board, 66% des chefs d’entreprise pensent que la situation actuelle représente une opportunité pour accélérer la transition vers des énergies plus écologiques et réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, l’état actuel du marché de l’énergie ne semble pas si favorable : l’inflation dans la zone euro a atteint un niveau inégalé depuis 2001. L’optimisme reste cependant de mise pour les PDG européens. Plus de deux tiers d’entre eux prévoient un retour à la normale des prix de l’énergie (niveau d’avant la pandémie) vers 2024.

Même si le prix de l’énergie ne baissera pas avant un certain temps, cela ne semble pas affecter les ambitions climatiques de l’Europe. La plupart des chefs d’entreprises pensent que les défis liés à l’offre d’énergie actuelle sont une opportunité pour accélérer les efforts visant à réduire ou éliminer la dépendance aux énergies fossiles russes, ou une opportunité pour investir dans des solutions plus vertes, plus écologiques. Ces actions peuvent aider à accomplir les objectifs européens : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% en 2030.

Quelles plus-values pour les entreprises ?

Compte tenu du prix du pétrole brut et du gaz naturel fixés respectivement à 93 euros et 300 euros le megawatt/heure au 1er septembre, les entreprises européennes cumulées pourraient économiser jusqu’à 25 milliards d’euros si la consommation de pétrole et de gaz diminuait de 5%. En électrifiant leurs procédés industriels, elles seraient également capables de renforcer leur indépendance énergétique et leur compétitivité.

Ce contexte est également favorable à l’emploi : l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) prévoit la création de 540 000 emplois (en ETP) d’ici à 2030, et 1 million d’emplois à l’horizon 2050. « Ces résultats à long terme donnent des ordres de grandeur de ce qui est possible si l’ensemble des actions “bas carbone” programmées sont effectivement mises en œuvre par les acteurs publics et privés », précise Anuj Saush. Outre l’évaluation de son impact sur l’emploi, la mise en œuvre de la transition écologique requiert de mieux anticiper les compétences qui seront nécessaires pour atteindre les objectifs environnementaux.

Quelles sources d’énergies pour demain ?

En 2021, la consommation d’énergie mondiale était encore basée à 41% sur le pétrole. On note tout de même une baisse de 8 points comparée à 1978 au profit de l’électricité qui est passée de 10% à 19% et du gaz naturel (de 14 à 16%). En France, la production d’électricité repose très largement sur l’électricité d’origine nucléaire dont le Parlement européen a validé le classement parmi les énergies « vertes » dans l’Union européenne afin d’y attirer les investissements publics et privés. « Mais ce qui est vert aujourd’hui ne le sera peut-être pas demain, explique Anuj Saush. Il faut bien comprendre que l’on parle ici d’énergies de transition ». Le nucléaire fait en effet débat, notamment quant à l’enfouissement des déchets et les conséquences potentiellement catastrophiques en cas d’accident. C’est pour cela que la commission européenne cherche à mettre en avant l’énergie éolienne et doubler l’utilisation de l’hydrogène et de l’énergie solaire (320 gigawatts d’ici 2025 et 600 gigawatts d’ici 2030). Pour ce faire, elle intègre par exemple via des textes de loi l’obligation d’installer des panneaux solaires photovoltaïques sur les toits des nouveaux bâtiments publics, commerciaux et résidentiels. « Avec la démocratisation de l’énergie électrique, on devrait assister à une baisse des coûts de stockage et de production de l’énergie électrique » commente Anuj Saush.

D’autres sources d’énergie vertes et respectueusement de l’environnement sont à l’étude comme le thorium, un minerai alternatif à l’uranium pour la production d’électricité nucléaire. Beaucoup plus répandu dans la nature que l’uranium, sa combustion produit beaucoup moins de déchets et les résidus peuvent être en partie réutilisés dans les réacteurs. Il n’existe pas de centrale nucléaire au thorium en France où la recherche reste fondamentale mais la Chine a massivement investi dans le thorium tandis que l’Inde l’exploite depuis quelques années dans des réacteurs dits de 3e génération.

Les progrès scientifiques sont effectivement encourageants, mais doivent être dès aujourd’hui accompagnés d’autres mesures concrètes pour réduire efficacement les émissions de gaz à effet de serre. Ce n’est qu’en avançant de cette manière qu’il sera possible, à terme, de rendre anecdotique l’usage des énergies fossiles.

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