Le président Donald Trump a suspendu jusqu’au 2 avril les mesures tarifaires imposées au Canada et au Mexique deux jours à peine après leur entrée en vigueur. Le Canada a immédiatement reporté une deuxième vague de mesures prévue en rétorsion.
Dans un de ces revirements qui déroutent les observateurs, le président américain à décrété le 6 mars une suspension jusqu’au 2 avril d’une partie des mesures tarifaires frappant le Mexique et le Canada depuis le 4 mars. Soit des droits de douanes additionnels de 25 % sur les produits non énergétiques canadiens et les produits mexicains, et de 10 % pour les produits énergétiques canadien. La date du 2 avril n’est pas anodine : c’est celle fixée par Donald Trump pour la mise en œuvre d’une politique globale de « réciprocité » qui s’appliquera à tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Dans le détail, la suspension décrétée par Washington concerne les biens couverts par l’accord commercial USMECA, du nom du traité de libre-échange liant les États-Unis, la Canada et le Mexique négocié par Donald Trump lui-même lors de son premier mandat. Elle donne notamment un répit à l’industrie automobile, dont les chaînes de valeurs sont très imbriquées – notamment entre les États-Unis et le Mexique- et dont certains grands acteurs (General Motors, Ford, Stellantis) sont montés au créneau.
Pour le Canada, le décret de la Maison-Blanche, auquel a été intégré un amendement, exclut les droits de douane sur la potasse, un engrais essentiel pour les agriculteurs américains, mais ne couvre pas entièrement les produits énergétiques, surtaxés de 10 %. Selon Reuters, un responsable de la Maison-Blanche a justifié cette nuance par le fait que tous les produits énergétiques importés du Canada ne sont pas couverts par l’USMECA.
Le Canada a immédiatement réagi en reportant à la même date une seconde vague de droits de douane d’un montant similaire sur 125 milliards de dollars canadiens (CAD), soit environ 87,4 Md USD, de produits importés des Etats-Unis. La première vague de la riposte canadienne portait sur 30 Md CAD.
Alors que la politique tarifaire erratique du président américain, qu’il prétend utiliser comme une arme de négociation, fait désormais chuter les marchés financiers (- 1,78 % pour le seul S&P 500, -2,61 % pour le Nasdaq pour la seule journée du 6 mars) et relance les craintes d’inflation, Donald Trump a affirmé le 6 mars que ce revirement « n’avait rien à voir avec les marchés » selon des propos étonnants rapportés par Le Monde. « Je pense que ce sont les mondialistes qui voient à quel point notre pays va devenir riche, et ils n’aiment pas ça » a-t-il déclaré.
Pour l’heure, avec cette politique commerciale erratique, ce sont les entreprises, notamment de l’industrie, qui sont plongées dans l’incertitude la plus totale. Lors d’une intervention devant les salariés de son groupe, le 5 mars, le P-dg de Boeing, Kellig Ortberg, a indiqué être inquiet à l’idée que les droits de douane génèrent « un problème de continuité de l’approvisionnement » de certains composants, selon des propos rapportés par la presse américaine. Le genre de problème qui couterait très cher à l’industrie américaine.
A suivre…
C.G