Nouvelle étape franchie par la startup nantaise Lhyfe dans sa feuille de route visant à installer 60 unités de production d’hydrogène vert en Europe : elle a annoncé le 1er juin la signature d’un contrat avec la ville allemande de Schwäbisch Gmünd, en Bade-Wurtemberg, pour la construction d’une usine de production d’hydrogène vert renouvelable d’environ 10 000 mètres carrés, pour une capacité d’environ 4 tonnes par jour (10 mégawatts). Le site devrait voir le jour d’ici début 2024.
Pour la petite histoire, l’entreprise avait décidé dès le printemps 2020 de créer une structure en Allemagne, aujourd’hui composée de six salariés « afin d’être présent au niveau local », explique Pascal Louvet, chargé de développement commercial en Allemagne, dans un entretien pour Le Moci. « Ce n’est donc pas un hasard si Schwäbisch Gmünd nous a choisi parmi une forte concurrence, même allemande », se réjouit le chargé de développement. Car être présent sur place constitue un atout pour remporter des appels d’offres publics outre-Rhin.
L’usine sera située dans une zone industrielle de 60 hectares (ha)
La startup nantaise Lhyfe va commencer la construction d’une unité de production d’hydrogène vert, après avoir reçu, le 1er juin, l’accord de la ville de Schwäbisch Gmünd, ville située dans le land du Bade-Wurtemberg, à environ 50 km à l’est de Stuttgart. L’usine va produire l’équivalent de 70 camions par jour en hydrogène vert. Le montant des investissements n’a pas été dévoilé. Pour le moment, la première pierre de la nouvelle usine n’a pas encore été posée mais la production devrait débuter dans deux ans.
Une station de distribution d’hydrogène accessible au public et un pipeline, compris dans ce programme, vont approvisionner le futur parc technologique baptisé H2-Aspen, d’une surface globale de 60 ha.

Dans le marché de la production d’hydrogène vert en Allemagne, la jeune pousse tricolore bénéficiait d’un pied à l’étrier grâce au projet H2goesRail de la Deutsche Bahn et Siemens Mobility. Ce contrat « de référence », conclut en décembre 2021, doit permettre de produire de l’hydrogène pour une capacité d’environ 30 tonnes par an, pour le premier train hydrogène Siemens, à partir de début 2024. « C’est un petit contrat ; cependant, c’est surtout une démonstration de notre savoir-faire, carte importante pour discuter plus facilement avec d’autres acteurs allemands », souligne Pascal Louvet.
« Notre point fort est notre capacité à montrer qu’on a commencé à chercher des clients autour de l’écosystème créé », détaille le responsable du développement. En Allemagne, ce genre de détail rassure.
L’hydrogène, gaz de process pour les industriels ou carburant pour la mobilité
Pour information, l’hydrogène produit par l’usine peut être transporté sur une zone de chalandise d’une centaine de km, voire 200 km maximum, afin que cela reste « économique ». Il est utilisé comme gaz de process par les industriels, ou comme carburant pour les véhicules à pile à combustible dans les stations de distribution. « Il faut donc trouver autour d’un site de production des donneurs d’ordre qu’on puisse alimenter depuis ce site, explique le responsable. En même temps que l’on parle de technique, on parle également de business développement ».

Interrogé sur les « futurs » clients du réseau, Pascal louvet n’a pas souhaité nous en dire plus. Cependant, la zone de chalandise comprend le bassin automobile près de Stuttgart. On peut donc imaginer que la demande sera particulièrement forte dans ce secteur en particulier…
« Avec ce projet, nous voulons offrir aux entreprises de la région une solution énergétique locale, durable et respectueuse de l’environnement, a pour sa part déclaré Richard Arnold, maire de la ville allemande, cité dans le communiqué de Lhyfe. [.] Nous contribuons à créer – et démontrons à quoi peut ressembler – un parc commercial et industriel du futur ».
A ce jour, Lhyfe, qui a levé 50 millions d’euros l’an dernier pour accélérer le déploiement de ses unités de production en Europe, travaille sur 93 projets à travers ce continent mais une seule usine produit d’ores et déjà de l’hydrogène vert et elle se situe à Bouin, en France. A terme, cela va représenter 4,8 gigawatts de production quotidienne d’hydrogène (soit 1615 tonnes par jour), dont 1,7 gigawatt en Europe occidentale, 2,8 gigawatts en Europe du nord et 125 mégawatts en Europe du sud.
Claire Pham