Clextral, ETI ligérienne de 310 salariés et leader mondial des machines d’extrusion bivis, réalise 80 % de son chiffre d’affaires à l’export. Mais depuis la crise du Covid, la société connait des difficultés de recrutement de techniciens acceptant de partir à l’étranger et doit s’y adapter. Dans dans l’enquête qui ouvre le dernier numéro spécial du Moci consacré aux Formations au commerce international*, Gilles Maller, vice-président commerce et international de l’entreprise, explique comme l’entreprise fait face. Voici son interview en avant-première.

Le Moci. Dans cette période post-Covid, quels sont les principaux enjeux de recrutement pour Clextral ?
Gilles Maller. Nous notons une difficulté certaine dans le recrutement de nos techniciens. Depuis six mois, nous avons par exemple des postes de techniciens SAV ouverts qui ne trouvent pas preneurs. Nous cherchons des personnes avec un peu d’expérience et c’est extrêmement compliqué. À tel point que nous devons désormais faire appel à des chasseurs de tête, une première pour Clextral.
Le Moci. Comment expliquez-vous cette situation ?
G. M. Nous avons eu plusieurs démissions de techniciens. Après cette période difficile, ils ne souhaitaient plus voyager à l’étranger. Certains avaient pu être bloqués loin de chez eux plusieurs semaines suite aux fermetures des frontières et ne souhaitaient pas revivre ce type d’expériences. D’autres ont découvert une autre manière de vivre pendant ces mois où les déplacements à l’étranger ont été fortement ralentis, voire stoppés.
Le Moci. Quelle est la proportion de leur temps de travail passé à l’étranger ?
G. M. Elle est relativement importante, c’est vrai, puisque nous exportons plus des trois quarts de notre chiffre d’affaires. En moyenne, ils passent entre la moitié et les trois quarts de leur temps de travail à l’extérieur. Nous leur permettons de revenir quelques jours en France après trois semaines de déplacement.
« Le télétravail a modifié les habitudes »
Le Moci. Clextral est en plein essor. Après une année 2020 légèrement ralentie à 55 millions d’euros, l’entreprise a réalisé l’année dernière 70 millions de CA grâce notamment à une expansion forte des marchés des protéines végétales et de la transformation de la biomasse. Est-ce que la pénurie de techniciens peut freiner la croissance de votre entreprise ?
G. M. Les techniciens représentent un maillon essentiel du modèle Clextral puisque nous fabriquons nos machines en France, dans la Loire. Elles sont ensuite expédiées dans une centaine de pays. Nous nous appuyons sur une dizaine de bureaux et filiales implantées aux États-Unis, Australie, Inde, Brésil, Danemark, Russie, etc. Mais il s’agit d’unités business. La partie technique était jusqu’ici uniquement assurée depuis la France par des équipes se déplaçant dans ces pays pour l’installation, la mise en route et le SAV.
Cette situation de pénurie nous a contraint à revoir notre organisation et à mettre en place des contre-mesures.
Le Moci. Quelles sont vos parades ?
G. M. Nous tirons profit de ce que nous avons appris pendant le Covid. En 2020, pendant les confinements, nous avions dû gérer à distance plusieurs mises en route. Chez certains clients que nous connaissions et qui maitrisaient déjà notre technologie, nous avions pu gérer de manière autonome à distance. En revanche, pour des nouveaux clients, nous nous étions appuyés sur des partenaires locaux que nous avons formés et qui, eux, ont pu intervenir sur place.
Cette organisation a plutôt bien fonctionné, nous avons décidé de la pérenniser. Elle nous donne de la flexibilité et permet à nos propres techniciens de se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée. Au-delà de pallier le manque de personnel, salariés par Clextral, cette organisation représente aussi un argument de recrutement puisqu’elle nous permet de proposer aux candidats de travailler uniquement sur les tâches les plus intéressantes finalement.
En parallèle, nous avons décidé d’élargir notre vivier de recrutement à toute la France. Jusqu’ici, nous recrutions uniquement des personnes en capacité de venir travailler sur notre site ligérien lorsqu’ils n’étaient pas en déplacement. Le télétravail a modifié les habitudes. Nous sommes désormais prêts à embaucher des salariés vivant dans un périmètre bien plus large puisque, de toute façon, ils sont la plupart du temps en déplacement. D’autant qu’ils pourraient intervenir aussi de manière très optimale chez des clients basés près de chez eux : à Bordeaux, Paris, Marseille, etc.
Le Moci. Quelles compétences recherchez-vous ?
G. M. Au-delà des compétences techniques en maintenance industrielle notamment, nous leur demandons de parler au moins l’anglais. L’expérience est un vrai plus.
Propos recueillis
par Stéphanie Gallo
Pour découvrir l’intégralité du
Guide Moci 2022 des formations initiales et continues au commerce international,
Cliquez ICI