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Le pétrole a bon dos

Pour être de plus en plus salée – 62 milliards d’euros en 2011 –, la facture énergétique n’en est pas moins un facteur relativement secondaire du déficit commercial de la France, structurel depuis 2002.
 
Certes, Bercy impute à l’aggravation de cette facture – + 14 milliards l’an dernier par rapport à 2010 – les trois quarts de la dégradation de notre déficit commercial 2011 (69,6 milliards d’euros, après 52 milliards en 2010). Mais elle est grandement dépendante des mouvements de yoyo de la conjoncture – cours du pétrole et de l’euro/dollar. Et la France passera douloureusement à la caisse tant qu’un mix énergétique moins vorace en hydrocarbures n’aura pas émergé. 

Plus grave est la détérioration sur le long terme du solde des échanges de notre appareil industriel, malgré quelques belles réussites sectorielles comme l’agroalimentaire, la chimie-parfums- cosmétique ou encore l’aéronautique. Les produits industriels représentent, en effet, plus de 90 % de nos exportations et 87 % de nos importations. Et le déficit commercial hors énergie se creuse : 24 milliards d’euros en 2011, après 20 milliards en 2010.
 
Comme le montre le tableau ci-contre, rares sont les secteurs qui enregistrent encore des augmentations d’excédents. Le déficit commercial de la seule industrie manufacturière a explosé depuis 2004, pour dépasser 42 milliards d’euros.
 
Étonnant est le fait que nous importons désormais deux fois plus de produits pétroliers raffinés que nous n’en exportons (26,6 milliards contre 13 milliards), le raffinage, notamment de carburant diesel, étant jugés non rentable en France par les producteurs. Mais c’est l’effritement continu des excédents de grands secteurs comme celui des matériels de transport qui est plus problématique. Ils sont désespérément tirés vers le bas par les résultats de l’automobile : alors que l’aéronautique et le spatial dégageaient, en 2011, un excédent record de 18,1 milliards d’euros, l’automobile plombait ce résultat avec un déficit de 5,4 milliards d’euros. Le déficit automobile a explosé en quatre ans, alors que le secteur affichait un excédent 12,2 milliards en 2004.
 
Certes, deux des plus gros déficits commerciaux de la branche automobile française demeurent ceux des échanges avec les grands pays constructeurs que sont l’Allemagne (- 7,6 milliards) et le Japon (- 1,8 milliard), lesquels ont bien profité de la vague des primes à la casse en France. Mais, fait significatif, les déficits se creusent avec des pays de délocalisation traditionnelle de l’industrie automobile européenne, et française en particulier : Espagne (- 3,7 milliards), République tchèque (- 1 milliard), Slovaquie (- 891 millions), Turquie (- 660 millions)*…

La facture énergétique a donc bon dos pour expliquer la tournure inquiétante que prend la courbe du commerce extérieur français. Tout se passe comme si la moindre stimulation de notre consommation intérieure profitait d’abord à des importations très réactives – en tout cas beaucoup plus que nos exportations – à la demande qui leur est adressée. Cela rend d’autant plus opportuns les débats et réflexions actuels sur la compétitivité et le positionnement de l’appareil industriel français sur le marché mondial. À condition qu’ils s’inscrivent dans le long terme. 

Christine Gilguy

Source : base de données GTA-GTIS, statistiques des échanges des produits de la famille CH 87 : voiture automobile, tracteurs, cycles et autres véhicules terrestres, leurs parties et accessoires.


Les chiffres clés du commerce extérieur français en 2011


Exportations FAB : 428,802 milliards d’euros (+ 8,6 %), dont industrie manufacturière 389,682 milliards (90,9 %)
Importations CAF : 498,394 milliards (+ 11,7 %), dont industrie manufacturière 432,125 (86,7 %) 
Solde : – 69,592 milliards d’euros (-18 %)

Source : Douanes françaises.

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