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Guide business Koweït 2015

Relativement peu connu des entreprises françaises, le Koweït mérite, pourtant, le détour. D’abord, parce qu’il s’agit d’un pays stable. Et ce, en dépit de la baisse des prix de l’or noir. Ensuite, cet émirat pétrolier a entamé une politique de réforme et d’ouverture aux investisseurs étrangers, avec notamment de grands ouvrages à réaliser dans l’énergie, le transport, l’aménagement urbain ou la santé.

 

Lancé progressivement dans une politique de modernisation, le Koweït mérite un regard plus attentif de la part des entreprises françaises. L’émirat pétrolier a, certes, bien du mal à mener la diversification de son économie, mais il a su prendre conscience de la nécessité de bouger dans un monde volatile, encore plus aujourd’hui que la tendance des prix de l’or noir est à la baisse. Ainsi, entre 2010 et 2014, dans le cadre d’un premier plan quinquennal de développement, 110 à 120 milliards de dollars auraient été investis dans la santé, les travaux publics et l’énergie, par exemple, dans des unités de dessalement de l’eau et dans des centrales électriques. Un montant relativement modeste, si l’on considère les avoirs accumulés notamment à l’étranger pendant cette période, de l’ordre de 230 milliards de dollars, et les larges excédents budgétaires affichés depuis une quinzaine d’années.

Le verre est-il à moitié plein, à moitié vide ? De fait, le Koweït est loin d’avoir achevé son plan quinquennal. Reste que le gouvernement n’a pas abandonné la partie, et un nouveau plan a été engagé en avril dernier, avec un objectif ambitieux : investir plus ou moins 35 milliards de dollars tous les ans. Doté ainsi de 160 milliards d’euros, le nouveau programme d’investissements qui se terminera en 2020 porte notamment sur la construction de réseaux de communication et de villes nouvelles.

Bpifrance cite notamment les villes nouvelles d’Al Khairan et de Mutlaa. La cité résidentielle d’Al Khairan doit ainsi accueillir 600 000 personnes à environ 80 km au sud de Koweït City. Et donc les activités industrielles et artisanales prévues devraient se développer du fait de sa proximité géographique avec la capitale. A la naissance de l’initiative, on a parlé d’un investissement global de 27 milliards de dollars.

Coface cite entre 2015 et 2018 les projets de raffinerie d’Al Zour et le projet Clean Fuels, destiné à moderniser les raffineries existantes, ainsi que la modernisation des transports (aéroport, port d’Al Kabeer). C’est ainsi que le 14 octobre la compagnie pétrolière publique Kuwait National Petroleum Co. (KNPC) a paraphé des contrats d’une valeur de 13,2 milliards de dollars avec dix entreprises étrangères, comme  la britannique Fluor, la chinoise Sinopec, l’espagnole Reunidas, l’indienne Essar, l’italienne Saipem et les sud-coréennes Hyundai, SK et Daewoo. Leur objectif : construire la raffinerie d’Al Zour, près de la frontière avec l’Arabie Saoudite. D’une capacité de traitement de 650 000 barils de pétrole par jour et représentant avec les travaux et équipements annexes un coût de 16,1 milliards de dollars, la nouvelle usine doit être opérationnelle en novembre 2019.

Dans la santé, certaines initiatives du premier plan sont reprises, comme l’édification de 7 hôpitaux, la modernisation de 9 autres ou encore, toujours dans les transports, des projets de liaisons ferroviaires et d’une ligne de métro. Ces grands chantiers intéressent évidemment au premier chef les grandes entreprises, mais, selon Business France à Koweït City, les PME tricolores peuvent tirer leur épingle du jeu, notamment comme sous-traitants. Le Koweït a déjà démontré qu’il n’était pas totalement figé, comme le montrent, par exemple, la privatisation et le renouvellement de la flotte de Kuwait Airways, l’appel d’offres du pont Cheikh Jaber, la réforme de l’autorité pour les investissements étrangers, la construction d’un nouveau terminal à l’aéroport international. Le Service économique à Koweït mentionne également « l’ouverture du marché boursier aux étrangers, la création d’un régulateur indépendant, l’admission d’opérateurs étrangers dans les secteurs pétrochimique et bancaire, cadre plus favorable à l’investissement étranger ».

Cette évolution ne date pas de la chute des cours du pétrole, mais remonte plutôt aux premières années de la crise économique mondiale, avec, en particulier, la loi de privatisation de 2010, avec un programme de libéralisation dans le secteur aérien, les services postaux, les télécommunications ou la production d’eau et d’électricité. Pour autant, le pouvoir avance à pas comptés : les participations étrangères restent interdites dans l’énergie et les premiers projets en partenariat public-privé, tels la centrale électrique d’Al Zour ou le métro de Koweit City, ont été retardés et donc repris dans le deuxième plan d’investissement 2015-2020.

Malgré les limites de cette libéralisation, le Koweït semble bien décidé à prolonger son effort dans le temps, comme le montrent en 2012 la nouvelle loi sur les sociétés, comprenant notamment l’instauration d’un guichet unique administratif pour les créations d’entreprises et en 2014 une loi de promotion de l’investissement direct étranger. Au début de l’année, le gouvernement a levé les subventions sur les prix du diesel et réduit de 17% les dépenses publiques. Il s’apprêterait aujour-d’hui à augmenter les prix de l’eau et de l’électricité.

Dans son souci de réforme, le pouvoir est freiné par une bureaucratie omniprésente et un environnement politique compliqué. En quelques mois, le gouvernement, composé de 16 membres, vient de perdre deux de ses ministres : Ali Saleh Al Omair, ministre du Pétrole et ministre d’Etat pour les relations avec le Parlement, et Ahmed al-Jassar, en charge de l’Electricité, de l’eau et des travaux publics. Le premier entretenait des relations difficiles avec les patrons des grandes compagnies pétrolières publiques, à l’instar de Nizar al-Adasani, P-dg de Kuwait Petroleum Corp. (KPC). Le second a été remercié après avoir été condamné à une peine de prison concernant l’attribution d’un marché au détriment de l’État dans le cadre d’une extension de l’aéroport de Koweït.

Le Premier ministre, Cheikh Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah, a appelé ministres et parlementaires à poursuivre les réformes économiques, l’effondrement des cours de l’or noir ayant entrainé une chute de 60 % des revenus publics pétroliers. Pour sortir de la rente pétrolière, il a interdit au gouvernement de combler le déficit budgétaire en puisant dans les immenses réserves financières, ressources qui seraient suffisantes pour les 23 prochaines années, d’après le Fonds monétaire international (FMI). Aujourd’hui, 90 % des recettes de l’Etat proviennent de l’or noir, dont le Koweït produit 2,8 millions de barils par jour et détient 7 % des réserves mondiales de brut.

Les entreprises françaises ne peuvent pas ignorer les lourdeurs bureaucratiques. Dans ces conditions, Business France conseille souvent d’opérer avec un agent qui se chargera de l’ensemble des démarches administratives. « Sans un bon partenaire, la partie bureaucratique peut devenir très compliquée », met en garde Lionel Levha, qui préside la section Koweït des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), dans une interview exclusive accordée au Moci. Non seulement le fonctionnement de l’Administration est difficile à saisir, mais les autorisations ou certifications, notamment dans le domaine sanitaire, ne sont pas toujours faciles à obtenir.

Cheikh Jaber Moubarak Al Sabah a effectué une visite officielle en France du 19 au 22 octobre dernier, ce qui a permis à son pays de mieux se faire connaître. « Le Koweït souffre d’un déficit d’image, mais on peut y faire de très bonnes affaires », assure Lionel Levha. Les PME ont notamment été ciblées par le Premier ministre.
La France et l’émirat ont ainsi décidé d’une enveloppe de 450 millions d’euros, dont 300 millions apportés par l’État du Moyen-Orient à des fonds de capital-risque français. Bonne nouvelle, le commerce bilatéral augmente, surtout les exportations françaises. On pourrait ainsi assister à une véritable explosion des livraisons françaises à la fin de l’année.

François Pargny

Chiffres clés

Superficie : 17 818 km²
Population : 4,2 millions d’habitants (1,3 million de Koweitiens et 2,9 millions d’étrangers)
Produit intérieur brut (PIB) : 174 milliards de dollars (année fiscale 2014-2015)
PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA) : 49 237 de dollars par habitant (année fiscale 2013-2014)
Taux de croissance : 1,3 % en 2014
Taux d’inflation : 3 % en 2014
Taux de chômage : 2,8 % en juin 2015
Nombre de travailleurs : 2,525 millions (60.4 % de la population), dont 17 % de Koweitiens
Source : Service économique au Koweït

Pour voir la carte sur les principales infrastructures routières et champs pétroliers au Koweït cliquer ici

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