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Relations bilatérales : la France omniprésente mais plus tout à fait seule…

Malgré l’ouverture du président Ali Bongo aux partenaires étrangers, la France demeure de loin le premier partenaire du Gabon. Ses sociétés implantées sur place génèrent aussi 50 % des exportations globales du pays. Mais progressivement, le marché s’ouvre à de nouveaux acteurs.

Avec 35 % du marché gabonais, la France se taille la part du lion. Certes, la patrie d’Ali Bongo exporte son pétrole, ses minerais et son bois en Amérique et en Asie, mais la moitié des ventes globales du Gabon sont réalisées par des entreprises françaises opérant dans ces trois secteurs. Et de fait, « du Havre à Port Gentil, c’est la France qui contrôle la logistique », souligne un opérateur économique investi dans le pays. Quant aux exportations tricolores, elles continuent à progresser. « De 790 millions d’euros en 2011, soit une hausse de 5,1 % en un an, elles devront encore monter à 800 millions », prévoit Dominique Grancher, le chef des Services économiques de Libreville, qui perçoit, néanmoins, quelques secteurs où la France pourrait « encore faire mieux », comme le bâtiment et l’électricité. Ainsi, c’est Télémenia, une société israélienne, qui a construit la centrale thermique à gaz naturel d’Alénakiri, qui alimente en énergie la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok, près de Libreville. Un regret pour la France. Sans doute. Mais la France est partout, dans l’industrie comme dans les services. Fin janvier, une forte délégation turque, menée par le Premier ministre Ercip Tayyep Erdogan, a atterri à Libreville. Atterri est bien le mot, car, à cette occasion, Turkish Airlines a annoncé l’ouverture d’une liaison hebdomadaire à partir d’Istanbul. Les Turcs sont connus pour leur forte compétence dans la construction et leur intérêt pour l’Afrique. De quoi inquiéter la France ? Pas vraiment. Air France a décidé d’augmenter ses rotations, passant ainsi de six vols par semaine à une liaison quotidienne sur Paris. Il y a quinze mois, l’équipementier parapétrolier Ponticelli a abordé le Gabon pour rénover les plateformes de Total. « Dans la foulée, nous avons acquis une entreprise locale, créé une filiale et un centre de formation à nos métiers », expose au Moci Jean-Jacques Lestrade, le président du groupe familial.

Fin 2011, le stock des investissements français s’élevait à 776 millions d’euros. Il est vrai que la France n’est plus tout à fait seule. Afin de réaliser son ambitieux programme d’infrastructures et de diversification économique qui doit permettre au Gabon de devenir une économie émergente à l’horizon 2025, le président Ali Bongo a souhaité ouvrir son pays à d’autres partenaires. Une ambition qui ne peut être réalisée sans les investisseurs internationaux. Fort opportunément, les États-Unis ont mis la main sur l’Agence nationale des grands travaux (ANGT), dont les 250 employés sont en majorité (60 % exactement) détachés par Bechtel, la première compagnie américaine de travaux publics.

Son objectif : « la mise en valeur du Gabon Emergent », indique Christian Abrahamsen, le directeur de Secteurs à l’ANGT. L’agence, qui dépend directement du chef de l’Etat, a élaboré un schéma directeur comprenant 104 projets au total. L’Asie a découvert le Gabon, pays vaste (267 667 km2), mais vide (1,6 million d’habitants). L’Afrique et l’Europe sont aussi bien représentées, notamment le Maroc, avec Maroc Telecom, Royal Air Maroc, Attijariwafa Bank, et l’Espagne, dans la pêche et la construction. Dans la pêche, les Espagnols réfléchissent à la mise en place d’entrepôts pour les surgelés. « Dans la construction, ils sont nouveaux et bénéficient de garanties de l’Etat », observe Jacques Alquier, patron d’Entraco (construction). L’Espagne ouvre des crédits-acheteurs garanties par l’assureur public Cesce.

F. P.

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