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Espagne : des secteurs qui ne connaissent pas la crise

L’Espagne connaît une récession brutale qui pourrait se prolonger pendant encore plusieurs années. Mais tous les secteurs n’évoluent pas à l’unisson et la crise ouvre même de nouvelles opportunités pour lesquelles les entreprises françaises sont bien placées. Démonstration à travers les exemples des matériels de transport, de l’agroalimentaire, de l’énergie et de la logistique, du e-commerce…

En 2012, le Maroc devrait consommer davantage de ciment que l’Espagne alors que ce pays était, il y a peu, le premier marché européen ! L’éclatement de la bulle immobilière et la politique d’austérité ont plongé le BTP dans la dépression. Oficemen, le syndicat professionnel des producteurs de ciment, évoque un « cataclysme » : il table sur un marché de 11 millions de tonnes cette année (contre 56 millions de tonnes en 2007…). Une nouvelle baisse de 20% est attendue en 2013. Si la situation de la construction est extrême, c’est bien l’ensemble de l’économie espagnole qui est aujourd’hui affectée par une crise dont personne ne voit la fin. Le gouvernement espagnol prévoit un repli du PIB en 2013 de 0,5% mais la Commission européenne annonce – 1,5% et Funcas, une entité qui dépend des caisses d’épargne, table sur – 1,8%. Selon Bruxelles, le déficit public devrait encore atteindre 6% du PIB l’année prochaine (contre 8% en 2012). L’ajustement des finances publiques devrait durer pendant plusieurs années encore. Mais cette crise n’affecte pas tous les secteurs d’activité de la même façon. « Nous avons identifié des niches qui offrent un potentiel pour les entreprises françaises » explique Bertrand Barthélemy, directeur de la Chambre franco-espagnole de commerce et d’industrie (CFECI). Pendant la période de prospérité, de nouveaux secteurs industriels sont apparus et de véritables champions nationaux (Telefonica, Iberdrola, Zara, etc.) se sont constitués. Avec la crise, ils accentuent leur internationalisation et engrangent des succès inattendus grâce à leur agressivité commerciale. Depuis juin 2008, les exportations espagnoles ont augmenté de 51% !

Daniel Solano

Biens de consommation : de nouvelles niches dans l’agroalimentaire

Dans les biens de consommation courants, la situation est également loin d’être homogène. « La crise affecte le secteur agroalimentaire mais l’impact est nettement moins important que dans d’autres activités » explique Jaime Palafox, directeur des affaires économiques et de l’internationalisation de la Fédération espagnole de l’industrie de l’alimentation et des boissons (FIAB). La consommation a baissé de 1,2 % en 2011 mais la hausse des exportations (+12 %) a permis une progression de 1,8% du chiffe d’affaires global du secteur, une performance remarquable dans un contexte de crise. La ténacité des Espagnols à l’export ne se dément pas : pendant les huit premiers mois de 2012, la progression des exportations agroalimentaires s’est même légèrement accélérée (+12,4 %).

La crise provoque également des mutations dans les habitudes de consommation. « Il y a deux grandes tendances. D’un côté, le développement des marques de distributeurs dans les produits de consommation de masse. De l’autre côté, le renforcement d’un secteur « gourmet », à valeur ajoutée, qui progresse en dépit de la crise » souligne Jaime Palafox. L’Espagne a réussi à développer une offre de produits à valeur ajoutée (jambon « ibérico », huile d’olive, vins, etc.) mais le consommateur espagnol est friand de produits nouveaux.

«L’agroalimentaire est un secteur qui offre des possibilités d’affaires pour les entreprises françaises » souligne Manuel Moreno, responsable du département d’appui aux entreprises de la CFECI. Le marché de la boulangerie-viennoiserie est un bon exemple des mutations en cours. « La crise ne bloque pas l’évolution vers des produits plus innovants. Nous profitons de notre positionnement sur du moyen-haut de gamme » observe Bertrand Laffont, chef de zone Europe du Sud-Amérique latine de Bridor, une société du groupe Le Duff. Des produits nouveaux en Espagne tels que, par exemple, les pains artisans haut de gamme ou le croissant au beurre, ont reçu un accueil favorable. Résultat, malgré la récession, le chiffre d’affaires de la société en Espagne progresse légèrement.

D. S.


Transport : le ferroviaire et l’aéronautique investissent

Les projets d’investissement ferroviaire sont à l’arrêt, à l’exception de certaines lignes de TGV, mais les entreprises espagnoles se tournent désormais vers l’export.
En Arabie saoudite, le contrat de la première ligne à grande vitesse a été raflé par un consortium espagnol piloté par Talgo. La société CAF, qui réalise plus de 80% de son chiffre d’affaires à l’export, engrange contrat sur contrat et dame le pion à Alstom en Amérique latine mais aussi dans d’autres régions du monde. « Les acteurs espagnols du secteur sont des clients potentiels importants pour les entreprises françaises » explique Richard Gomes, directeur d’Ubifrance Espagne, qui a organisé en juillet 2012 une réunion « Vendre à Talgo ».
Autre exemple : l’industrie aéronautique espagnole continue à se développer grâce à sa participation à différents programmes internationaux et au soutien du gouvernement espagnol malgré les contraintes budgétaires. Selon une étude récente publiée par la CFECI, le Plan stratégique du secteur aéronautique prévoit un soutien financier à hauteur de 3,7 milliards d’euros pendant la période 2010-2014.

D. S.

Energie, logistique : le prix de l’efficacité

Certaines opportunités se situent bien au-delà de secteurs précis. Les entreprises espagnoles confrontées à la baisse de la demande cherchent aujourd’hui à réduire leurs coûts pour être compétitives. « Le prix de l’énergie a augmenté pendant la crise et la hausse va se poursuivre. Désormais, l’optimisation des coûts est devenue une nécessité incontournable, ce qui n’était pas le cas avant la crise » souligne Elena Gonzalez, gérante de l’Association des entreprises de services énergétiques (ANESE). Selon la société d’études DBK, le marché des services énergétiques a atteint 840 millions d’euros en 2011 et devrait progresser de 7,1 % en 2012. Plusieurs grands opérateurs internationaux, dont Schneider Electric, sont présents sur ce marché.
Dernier exemple : la logistique. L’externalisation, moins développée que dans d’autres pays d’Europe, est en plein essor avec la crise. Selon DBK, le chiffre d’affaires des opérateurs logistiques a progressé de 1,5 % en 2011. Après un repli attendu cette année, il devrait augmenter de 1 % en 2013.
Autant d’exemples qui montrent l’autre face de l’Espagne en crise, celle qui, à marche forcée, trouve de nouveaux relais de croissance.

D. S.


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