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Trois questions à Stéphane Daou, président de la section Togo des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF)

Le Moci. Le Togo attire les exportateurs des pays émergents. Est-ce inquiétant pour la France ?

Stéphane Daou. Il y a eu en effet une arrivée massive de produits asiatiques, notamment chinois, avec des prix bas, donc plutôt adaptés aux revenus des ménages. Et aujourd’hui plus de la moitié des biens manufacturés sont d’origine asiatique. S’ajoutent à cette origine toutes les importations en provenance d’Inde, de Turquie, du Maroc ou de Tunisie. Ces pays sont très actifs, notamment au travers de missions de prospection. Il y a aussi au Togo des hommes d’affaires indiens et chinois, dans le secteur du commerce mais également dans le domaine de l’exportation des bois et des déchets de métaux. Évidemment dans la nouvelle division mondiale du travail, la France a perdu des parts de marché historiques. Il n’y a plus de rente de situation. C’est aux entreprises françaises d’adapter leurs produits et leurs stratégies pour se repositionner. Mais il est vrai aussi que les émergents, à l’instar de la Chine, proposent des projets clés en mains, avec des financements qui s’apparentent à de l’aide liée, ce que nous Français ne pratiquons pas.

 

Le Moci. Comment attirer les entreprises françaises ? Y a-t-il de la place pour les PME ?

S.D. Après une période de transition politique, le Togo a mené des réformes et lancé des grands travaux qui lui ont permis de se repositionner sur la scène internationale. Le Togo a gagné deux places dans le classement Doing Business par rapport à l’année dernière. Avec son port, il se positionne comme un hub, un carrefour maritime doté en sus d’un hinterland. Lomé disposera en 2015 d’une nouvelle aérogare construite sur financement chinois, qui accompagnera le développement d’Asky, compagnie panafricaine basée à Lomé. Et les PME françaises peuvent très bien trouver des niches dans des filières à forte valeur ajoutée technologique, avec des produits innovants dans l’agroalimentaire, l’ingénierie, les mines, le traitement des déchets ou encore dans les services ou le tourisme qui reste à développer. Outre la zone franche, un autre élément d’attractivité du Togo, c’est son secteur bancaire étendu, avec les sièges régionaux à Lomé de plusieurs établissements, comme la BTCI (Banque togolaise pour le commerce et l’industrie), la BOAD (Banque ouest-africaine de développement), Ecobank et Orabank. J’invite ici les investisseurs français à venir évaluer les potentialités du Togo.

Le Moci. Comme directeur au Togo de l’agence Delmas Togo du groupe CMA CGM, vous êtes bien placé pour commenter les efforts de modernisation visant à transformer Lomé en un grand port de transbordement. Qu’en pensez-vous ?

S.D. Les efforts de modernisation sont réels. D’un côté, Bolloré, opérateur pour 35 ans du terminal à conteneurs existant, a annoncé un investissement de 450 millions d’euros sur fonds propres pour la construction d’un troisième quai de 450 mètres, avec un tirant d’eau de 15 mètres. De l’autre, Lomé Container Terminal (LCT), une co-entreprise entre Global Terminal Limited (GTL), filiale de la compagnie maritime MSC (Mediterranean Shipping Company, basé à Genève) et China Merchants Holdings (International) Company Limited (CMHI), a indiqué injecter 300 millions dans une darse et un quai de 750 mètres, avec un tirant d’eau de 16 mètres. Les deux ouvrages devraient être opérationnels au deuxième semestre de cette année pour Bolloré et courant 2015 pour LCT. Lomé est déjà un port de transbordement, la CMA CGM y réalise d’ailleurs des opérations, mais avec ces nouvelles infrastructures, le Togo va pouvoir passer à une vitesse supérieure. Outre une capacité d’accueil bien plus importante, le Port Autonome de Lomé (PAL) va être doté de portiques, alors que nous travaillons uniquement avec des grues mobiles actuellement. Des RTG (pour grue portique à roues de caoutchouc) sont également prévus sur les deux terminaux. Par ailleurs, la mise en place du guichet unique par le groupement Veritas/Soget va permettre d’accélérer le processus de traitement des marchandises, d’offrir encore plus de transparence, et, à terme, permettre de réduire le temps de passage des marchandises au port. Pour le Pal, outre les procédures douanières simplifiées de transbordement et le futur guichet unique, ces ouvrages et ces équipements vont lui permettre de gagner à la fois en compétitivité et en productivité face à des concurrents régionaux, comme Abidjan et Cotonou.

Propos recueillis par François Pargny

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