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Dossier Liban 2016 : trois questions à Christian Besse, président de la section Liban des CCEF

Le Moci. Dans une zone en guerre, dominée par les conflits syrien et irakien, est-ce que le Liban peut encore prétendre jouer un rôle de hub régional ?

Christian Besse. Oui, pour rayonner dans la région, les entreprises étrangères ont le choix entre Dubaï et Beyrouth. Mais ici, nous sommes dans un grand pays francophone, avec lequel nous avons une histoire et disposons d’un ancrage toujours fort. Bien sûr, par rapport à Dubaï, la capitale du Liban comme le reste du pays souffrent d’un déficit d’infrastructures en matière d’électricité, de routes ou de connexions Internet. Mais il n’en reste pas moins que, pour des PME bien structurées, ce petit pays de quatre millions d’habitants, de la taille en gros de l’Aquitaine, demeure un excellent porte-avions sur la Méditerranée, le point de départ sur les nations de la rente pétrolière. Francophones, anglophones, arabophones, les Libanais sont très bien formés, grâce à un enseignement de qualité développé par les Français ou les Américains, notamment les femmes, beaucoup plus stables que les hommes, qui ont tendance à rechercher toujours de meilleurs salaires. Enfin, le Liban se trouvera aux premières loges pour la reconstruction, un jour, de la Syrie. Un traitement politique de la situation en Syrie permettrait du même coup de débloquer celle du Liban, qui ne possède pas de président, depuis maintenant 18 mois, en raison de l’opposition entre chiites pro-iraniens et sunnites pro-saoudiens. La situation politique dans le pays explique aussi, alors que des ressources pétrolières sont disponibles en Méditerranée, qu’il soit si difficile de définir les modalités d’appel d’offres.

 

Le Moci. Dans quels secteurs conseilleriez-vous des PME d’investir ?

C. B. La section Liban des CCEF compte une vingtaine de membres, dont de grands noms, comme EDF, Air France, Société Générale, Crédit Agricole, Legrand, qui marchent très bien dans les infrastructures. Des spécialistes de taille inférieure, à l’instar des Eaux de Marseille, ont, de toute évidence, aussi leur place. Il y a des financements internationaux, notamment de l’Agence française de développement, pour aider à la mise à niveau du pays, la lutte contre le déficit électrique ou les pertes en eau. Le luxe demeure également porteur, ainsi que toutes les technologies. Les Libanais sont des marchands dans l’âme et nombre d’entreprises françaises trouvent ainsi des distributeurs. L’Oréal a ainsi commencé avec un distributeur local avant de monter son propre réseau de vente sur place. Quant aux technologies, un ingénieur travaillant ici à distance par skype ou un autre système de télécommunication coûte moins cher que son homologue à Paris. Des entreprises basées en France sous-traitent ainsi au Liban des travaux sur Internet et ayant trait à la numérisation. La Banque centrale est très volontaire et attribue des prêts à l’innovation, les banques libanaises sont autorisées à fournir jusqu’à 70 % d’un capital d’amorçage pour des PME. Enfin, n’oublions pas la diaspora libanaise, qui représente quatre millions d’individus répartis notamment au Canada, en France, en Amérique latine et en Afrique. Beaucoup sont originaires de la partie chiite du sud du pays, très implantée en Afrique occidentale.

 

Le Moci. Le Liban est classé à la 123e place par la Banque mondiale pour la facilité à faire des affaires et par l’ONG Transparency International pour l’indice de perception de la corruption. Ce n’est pas très encourageant pour des PME, qui craignent aussi pour leur sécurité ?

C. B. La corruption est un vrai problème, il ne faut pas le nier. Et prendre un partenaire est une solution, mais, si elle peut être recommandée dans certains cas, il faut toujours l’aborder avec une extrême prudence. Quant à la sécurité, après onze ans passés sur place, je ne prétends pas être immunisé, les attentats existent, mais les attaques ne visent que rarement les Occidentaux. C’est la « fitna » – la querelle, en arabe – entre sunnites et chiites qui s’exprime. C’est dans la banlieue Sud de Beyrouth majoritairement chiite qu’a été perpétré le dernier attentat terroriste début avril 2016.

Propos recueillis par François Pargny

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