D’après les derniers chiffres publiés par le Gican (Groupement des industriels de la construction navale), la filière de la construction navale a redressé la tête après le trou d’air de la crise sanitaire en 2020. Mais elle s’inquiète du regain de concurrence venu d’Asie et veut s’investir dans l’innovation, notamment la décarbonation, pour rester compétitive.
Les chiffres sont éloquents : avec un chiffre d’affaires de 13,2 milliards d’euros (Md EUR) en 2021, l’activité de la filière navale a bien redémarré (+15 %) après le trou d’air de la crise-Covid (- 7 %). Elle a presque doublé depuis 2011, où elle atteignait environ 8,5 Md EUR.
Les chiffres clés de la filière navale en 2021
Chiffre d’affaires (CA) : 13,2 milliards d’euros (Md EUR)
Répartition par secteur : défense 71 % ; civil 27 % ; sûreté maritime 2 %
Part de l’export : 52 %
Nombre d’entreprises : + 735
Emplois : 51 100 (directs) ; 34 200 (indirects)
Une filière très exportatrice
Clairement, c’est le secteur de la défense qui représente la plus grosse part de l’activité : 71 %, contre 27 % pour le maritime civil et 2 % pour la sûreté maritime. Il a aussi tiré la croissance : les deux poids-lourds du secteur ont vu leur activité fortement progresser dans le segment défense en 2021, dont les Chantiers de l’Atlantique (de 5 à 12 % du CA entre 2020 et 2021) et Naval group, qui a vu son CA progresser de 26 %.
Comme pour l’aéronautique, un autre relais de croissance bien installé est l’export, qui génère 52 % du CA de la filière. Avec des degrés d’internationalisation très différents selon les domaines : l’export ne représente que 30 % pour la défense, stable par rapport à 2020 ; à l’inverse, les marchés étrangers génèrent 84 % de l’activité du maritime civil, même s’il a légèrement reculé (- 3 % sur 2020).
A l’export, les débouchés les plus dynamiques sont au grand export, soit hors de l’Union européenne : ces marchés représentent 82 % des ventes à l’exportation, se répartissant entre les États-Unis (22 %) et le reste du monde, dont l’Asie (60 %).
L’atout de l’export
Toutefois, la filière s’inquiète aujourd’hui du regain de concurrence venue d’Asie, notamment pour le secteur maritime civile, où son avance technologique s’érode. « Les chantiers asiatiques commencent à détenir les compétences et technologies nécessaires pour produire ces navires à haute valeur ajoutée » constate le Gican dans sa présentation du secteur.
Une évolution qui explique le recul des chantiers européens sur ces segments haut de gamme. D’après les chiffres du Gican, l’Europe était jusqu’en 2019 en tête des commandes en valeur du secteur naval mondial, en raison de « la nature haut de gamme » du portefeuille de produits. Mais les prises de commande aux chantiers navals européens ont chuté de 10 % en 2021 par rapport à 2020, passant de 75,9 à 68,6 Md EUR.
D’après une étude de Clarkson publiée en 2022 et reprise par le Gican, l’Europe représentait encore 21 % du carnet de commande mondial mais ne pesait plus que pour 3 % des prises de commande en 2022. A l’inverse, la Chine et la Corée du Sud représentaient respectivement 36 % et 29 % du carnet de commande mondial, et 41 % et 48 % des prises de commandes. Signe des temps : la Chine se lance dans les paquebots de croisières, la Turquie comme certains pays asiatiques développent des navires militaires.
La France n’échappe pas à la tendance : en 2021, les prises de commande à ses chantiers naval ont reculé de 15 % par rapport à 2020, passant de 9,2 à 7,8 Md EUR.
Le Gican explique ce recul par plusieurs facteurs dont la baisse des commandes de navires spécialisés, la hausse des navire de grands tonnage fabriqués en Asie (GNL, vraquiers), l’incapacité des commerciaux à se déplacer pendant la pandémie de Covid-19, la concurrence déloyale des pays non-européens et enfin la montée en compétence des chantiers de ces pays.
Face à cette concurrence montante, la filière navale française est sur le qui-vive. La nouvelle Loi de programmation militaire rassure le segment de la défense. Mais cela ne suffira pas. La filière mise aussi sur l’innovation, notamment en matière de décarbonation, et demande à l’État de poursuivre son soutien en termes de financement de la R&D.
Fait salué par Pierre Eric Pommellet, président du Gican, lors de sa présentation des Vœux le 26 janvier : les projets de navires du futur foisonnent actuellement. « Jamais il n’y a eu, en France, autant de projets de navires de tout type : à propulsion électrique, à hydrogène, à vent, sur foil, avec des prototypes de NeTech, Neocan, SeaAir, Seabubble, Aqualines, etc. » signale Les Echos.
L’innovation concerne aussi la défense, et notamment les drones navals : Naval Group vient de se doter d’une direction « drones, système autonomes et armes sous-marines » et a prévu d’investir 140 millions d’euros dans un nouveau centre de R&D dans ce domaine dans le Var, à La Londe-Les-Maures.
En attendant, le programme d’action et de présence sur les grands événements internationaux du secteur prévu par le Gican pour 2023 et 2024 sera soutenu, notamment au Moyen-Orient et en Asie du Sud et du Sud-Est (voir calendrier ci-après).
C.G
Le calendrier des Pavillon France du secteur naval
2023
-WDS (Riyadh 4-8/02/23)
-DIMDEX (Doha, 4-6/03/23)
-LAAD (Rio de Janeiro 11-14/04/23)
-IMDEX (Singapour, 3-5/05/23)
-DEFEA (9-11/05/Athènes)
-Sea Futur (La Spezia, 5-8/06/23)
-Europort (Rotterdam, 7-10/11/23)2024
-DEFEXPO, Inde (date et lieu à définir)
-DSA (Kuala Lumpur (6-9/05/24)
-ADAS (Manille, 24-27/09/24)