A l’occasion de l’Open de l’international qui se tient le 3 juillet à Saint Brieuc, la CCI Bretagne et Bretagne Commerce International (BCI) publient la cinquième édition de leur enquête sur les performances à l’export des entreprises de la région. Malgré un contexte difficile, le contingent de sociétés travaillant avec des marchés étrangers a augmenté de 3,3 % ces deux dernières années.
Les Bretons sont de retour à l’international. Comme partout en France, après un passage à vide en raison de la crise sanitaire, la tendance haussière des exportations liée à un effet rebond en 2021 a confirmé son dynamisme en 2022 pour atteindre 12,9 milliards d’euros (Md EUR). L’inflation a en revanche creusé un peu plus le déficit commercial de la région à – 3 Md EUR.
Sans surprise, avec 4,8 Md EUR, l’agroalimentaire, spécialité bretonne, représente plus de 37 % des exportations de la région. Cependant, malgré une croissance annuelle de 3,4 % des montants exportés entre 2017 et 2022, il n’est pas le secteur le plus dynamique.
En effet, les produits informatiques, électroniques et optiques connaissent une progression de près de 12 % par an sur cette période. En revanche, le secteur des matériels de transport connaît quant à lui une baisse importante, signe d’un ralentissement de ce marché depuis quelques années.
Le marché américain en pleine forme
Tous secteurs confondus, les deux tiers des biens exportés partent à destination d’autres pays européens, Allemagne en tête (+ 16,8 % en 2022 par rapport à 2020) suivie de près par l’Espagne (+ 26,3 %) et l’Italie (+ 17,3 %). Les plus fortes progressions ont été enregistré par les Pays-Bas (+ 50,8 %), plateforme européenne de réexportation en particulier pour l’agroalimentaire, Singapour (+ 48,2 %), son équivalent en Asie et les États-Unis (+36,4 %).
A contrario, les exportations en Chine ont fléchi de 11 % en deux ans. Le creusement du déficit de la balance commerciale bretonne ne s’explique pas tant par le décrochage de certains marchés (Singapour a pu servir d’alternative à la Chine pendant la crise sanitaire), que par l’alourdissement de la facture énergétique en raison de l’inflation sur les produits de cokéfaction et de raffinage.
L’international comme alternative à la crise ?
L’instabilité géopolitique et l’inflation, particulièrement forte dans le secteur agroalimentaire, a semble-t-il conduit les entreprises à aller débusquer des relais de croissance hors des frontières françaises.
L’année 2022 a en effet été marquée par une importante progression du nombre d’exportateurs (+ 3,3 % par rapport à 2020) pour atteindre aujourd’hui 4117 sociétés. L’étude précise néanmoins que la progression des activités à l’export est « essentiellement portée » par des exportateurs déjà « en place ».
Autre élément nuançant le bilan export de la Bretagne : le volume des exportateurs sortants (ayant exporté en 2021 mais pas en 2022) a lui aussi augmenté, de 3,6 % sur la même période. Le flux d’entrants se maintient cependant à un niveau élevé depuis deux ans, signe d’une reconfiguration du tissu des entreprises exportatrices de la région. En 2022, 2 803 d’entre elles comptaient moins de 20 salariés, représentant 9,3 % des montants exportés.
Des entreprises prudemment optimistes
A l’inverse, seules 182 entreprises emploient plus de 250 salariés. Mais elles pèsent pour 47,3 % du total des exportations. En Bretagne les 100 premiers opérateurs réalisent 71,3% du montant total des exportations qui ont atteint 10,4 Md EUR, soit 80,5 % du volume total (12,9 Md EUR). Le solde de 19,5% est réalisé par des entreprises dont le siège social est situé hors Bretagne.
L’enquête qui complète ce rapport souligne l’optimisme des entreprises quant à l’avenir de leurs activités à l’export. Ainsi, 40 % des répondants espèrent augmenter leur chiffre d’affaires à l’international dans les 12 prochains mois et 44 % s’attendent à la voir stagner. Seuls 16 % craignent sa baisse en raison de problématiques inhérentes à l’activité de l’entreprise (stratégie, baisse du chiffre d’affaires, etc.), mais aussi d’éléments exogènes tels que la conjoncture économique et la hausse des coûts de transport.
Enfin, 97% des entreprises interrogées, quelle que soit leur taille, souhaitent développer ou a minima maintenir l’équipe en charge de la fonction internationale. Seules les entreprises de moins de 50 salariés ont déclaré vouloir réduire leur équipe dédiée à l’export.
Et les responsables export en Bretagne auront apparemment fort à faire sans les 12 prochains mois. L’enquête de la CCI et de BCI montre en effet que 48 % d’entre elles ont de nouveaux projets à l’international pour cette année dont 43 % sur 2 à 4 marchés et 15 % dans 5 pays et plus. Les États-Unis sont le plus souvent cités, devant l’Allemagne et l’Italie.
Sophie Creusillet