Une dizaine de PME françaises du secteur agricole ont décidé de se regrouper en consortium afin de promouvoir ensemble des solutions innovantes et respectueuses de l’environnement à l’international. Encore embryonnaire, cette initiative, portée par l’association Stratexio, suscite l’engouement alors que les impératifs de décarbonation et de souveraineté alimentaire sont plus que jamais d’actualité, partout dans le monde.
Fabien Arignon, directeur de Sitia (notre photo), n’en revient toujours pas. Quatre mois après avoir eu l’idée de lancer un regroupement de PME du secteur agricole pour mieux rayonner à l’export, une trentaine d’entre elles sont déjà venues frapper à la porte de cette société d’ingénierie, spécialisée dans les bancs d’essai pour les machines agricoles et également à l’origine du Trektor, un tracteur hybride. Tout commence en juin dernier lors d’une discussion avec Fabrice Le Saché, président de Stratexio.
Créée par le Medef, CCI International, l’OSCI, le GFI (Groupe des Fédérations Industrielles) et Medef International, pour stimuler l’internationalisation des entreprises, cette association a soutenu au printemps dernier la constitution de l’Africa Hotel French Consortium réunissant une trentaine de PME (ingénierie, literie, décoration, sécurité incendie, équipements sportifs, etc.) décidées à proposer des offres globales et packagées pour mieux répondre à l’essor de la construction d’hôtels moyen et haut de gamme en Afrique.
Cette démarche collaborative a tout de suite tapé dans l’œil du dirigeant. « Le rêve ultime, ce serait de proposer des solutions complètes en s’appuyant sur plusieurs entreprises membres de ce Consortium Agriculture Décarbonée », confie le dirigeant. En attendant, ce dernier a fait jouer son réseau ainsi que celui de Stéphanie Le Dévéhat-Picqué, directrice générale de Stratexio, pour proposer le projet à d’autres entreprises via des organismes professionnels : la fédération professionnelle Axema, Medef International, la Team France Export…
Mise en réseau et pragmatisme
En septembre dernier une première réunion rassemble huit entreprises prêtes à relever le défi, bientôt rejointes par deux autres (voir la liste en fin d’article). En octobre, elles préparent un catalogue d’entreprises détaillant les activités et les spécialités de chacune afin de le présenter en novembre, au Sima, le Salon international du machinisme agricole (24-28 novembre 2022).
« Au total, une trentaine d’entreprises ont manifesté leur intérêt, mais dix ont eu le temps de préparer une présentation », précise Fabien Arignon. Une version en anglais, indispensable sur des salons d’envergure internationale comme le Sima, Agritechnica ou EuroTier (tous deux à Hanovre,) devrait suivre. Chaque membre du consortium est appelé à le faire connaître sur des salons ou d’autres événements professionnels. « Nous ne voulons pas créer un » machin » de plus : notre démarche est pragmatique. L’idée c’est de trouver des distributeurs communs, de savoir quel partenaire étranger est fiable ou non, de partager des bonnes pratiques et des bons tuyaux ».
L’agriculture décarbonée gagne du terrain partout dans le monde
Cet état d’esprit s’accompagne également d’une volonté de montrer une autre image de l’agriculture, à la fois soucieuse de l’environnement et axée sur l’innovation. « Il y a en ce moment un mouvement vers l’agriculture décarbonée et en matière de décarbonation, la France est en avance et présentée comme telle » souligne le dirigeant.
Les solutions proposées par les entreprises de ce consortium en sont le parfait exemple : Florentaise et la valorisation de déchets de bois renouvelables pour remplacer les tourbes fossiles dans les terreaux, UV Boosting et sa technologie de traitement des plantes par UV pour stimuler leurs défenses ou encore Valorex et ses tourteaux à base de protéagineux (et non de soja) pour le bétail.
Le Cirad, Centre de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes est également de l’aventure. « C’est grâce au réseau de la Team France Export, en l’occurrence la CCI des Pays de la Loire, que le Cirad nous a rejoints », indique Stéphanie Le Dévéhat-Picqué.
Si le consortium ne se donne pas d’objectif en termes de zones de prospection, son initiateur, qui reconnait « une obsession européenne pour la décarbonation », observe un engouement dans les pays d’Asie du Sud Est. « Les États-Unis y viennent doucement. La Chine a annoncé il y a deux ans qu’elle souhaitait totalement robotiser son agriculture d’ici à 7 ans ! Quand aux pays africains, ils ne veulent pas d’innovations datant des années 1980 et souhaitent aller directement à une agriculture robotisée ».
Point commun de toutes ces PME innovantes soucieuses de sobriété : elle sont déjà toutes présentes à l’international. « L’export ça sélectionne : c’est le signe d’entreprises déjà bien structurées », estime Fabien Arignon qui, avant d’en prendre la direction, s’occupait de l’export de Sitia. La PME nantaise réalise aujourd’hui 50 % de son chiffre d’affaires à l’export.
Sophie Creusillet
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