La présidente de la Commission européenne s’est envolée le 5 décembre pour Montevideo, où se tient le Sommet du Mercosur en laissant entendre que la conclusion d’un accord est proche. Alors que la France est sans gouvernement, elle a reçu le soutien d’une partie des eurodéputés.
Nouvel accès de fébrilité autour de l’accord d’association avec le Mercosur : Ursula Von Der Leyen s’est envolée le 5 décembre pour Montévidéo, où se tient un Sommet des pays membres du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et bientôt Bolivie) avec semble-t-il la ferme intention de conclure les négociations. Un déplacement non prévu dans son agenda officiel. « Atterrissage en Amérique latine. La ligne d’arrivée de l’accord UE-Mercosur est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la », a-t-elle déclaré à son arrivée dans la capitale uruguayenne sur le réseau Bluesky.
L’Elysée a réagi le même jour à cette annonce en réitérant l’opposition ferme à cet accord du président Emmanuel Macron, qui l’a rappelé à Ursula Von Der Leyen : « Le projet d’accord entre l’UE et le Mercosur est inacceptable en l’état », indique l’Elysée dans un post sur le réseau social X. Le Président @EmmanuelMacron l’a redit aujourd’hui à la présidente de la Commission européenne. Nous continuerons de défendre sans relâche notre souveraineté agricole. »
La position française, renforcée par le rejet de cet accord par l’Assemblée nationale et le Sénat la semaine dernière, est toutefois affaiblie par la période d’incertitude politique ouverte après la démission du gouvernement Barnier à la suite du vote d’une motion de censure à l’Assemblée nationale, le 4 décembre.
Le président de la Commission commerce international (INTA) du Parlement européen, le social-démocrate allemand Bernd Lange (S&D), a apporté un soutien affirmé à la démarche de la présidente de la Commission européenne. « Alors que l’économie mondiale risque de connaître des turbulences dans un avenir proche, l’accord actuel entre l’UE et le Mercosur constituerait une lueur d’espoir pour l’UE, déclare-t-il dans un long communiqué diffusé le 5 décembre. Non seulement il offrirait des possibilités d’exportation supplémentaires, mais il renforcerait également nos relations politiques et économiques avec les pays du Mercosur ». « Si nous y parvenons, la raison devrait l’emporter sur l’émotion. J’exhorte donc tout le monde à s’engager dans une discussion fondée sur les faits », ajoute-t-il.
« L’UE enverrait un signal clair qu’elle donne la priorité aux partenariats avec des alliés démocratiques et des valeurs partagées, ouvrant la voie à une Europe plus forte et plus résiliente sur la scène internationale », appuie l’eurodéputé espagnol conservateur Gabriel Mato (PPE), rapporteur permanent pour le Mercosur, dans le même communiqué.
Selon certains échos rapportés par la presse, un accord pourrait se conclure le 6 décembre, en marge du Sommet du Mercosur. Ce ne serait toutefois pas la fin du processus, laissant aux opposants des leviers pour le bloquer. S’il est formellement signé le 6 décembre, le traité sera en effet soumis à un examen juridique, puis il sera traduit dans toutes les langues officielles de l’UE. Une fois ces étapes franchies, la Commission le présentera au Parlement et aux gouvernements des États membres de l’UE pour approbation. Les marges de manoeuvre de la France sont minces, mais pas nulles…
A suivre…
C.G