A l’occasion de la visite officielle du Premier ministre malaisien en Europe, la Commission européenne a annoncé le 20 janvier la relance des négociations entre l’Union européenne (UE) et la Malaisie en vue de parvenir à un accord de libre-échange.
[Mis à jour le 22/01/2025, rappel du différend sur la déforestation et l’huile de palme]
« Alors que certains se renferment et se tournent vers l’isolement et la fragmentation, l’Europe et la Malaisie optent pour une voie différente : nouer des liens, construire des partenariats et créer de nouvelles possibilités pour nos citoyens » a souligné Ursula von der Leyen, commentant le 20 janvier, jour de l’investiture du très protectionniste Donald Trump à la Maison Blanche, l’annonce conjointe, avec le Premier ministre malaisien, Anwar bin Ibrahim, de la relance des négociations en vue de la conclusion d’un accord de libre-échange bilatéral « ambitieux, moderne et équilibré entre l’UE et la Malaisie ».
Alors que la zone indopacifique est une priorité stratégique de la politique commerciale européenne, l’UE est le quatrième partenaire commercial de ce pays d’Asie du Sud-Est, avec des échanges de marchandises d’une valeur de 45 milliards d’euros (Md EUR) en 2023 et des échanges de services d’une valeur de 11 Md EUR en 2022.
D’après la Commission, l’approfondissement des liens commerciaux avec la Malaisie – une économie majeure de l’Asie du Sud-Est – renforcerait la compétitivité et la sécurité économique de l’UE grâce à de nouveaux débouchés commerciaux et à des chaînes d’approvisionnement plus solides, ouvrant de nouvelles possibilités d’exportation et améliorant l’accès aux sources de matières premières.
Cette relance des négociations a été rendue possible par la fin d’un différend entre les deux blocs sur la question de la déforestation et de l’huile de palme. Comme le rappelle le media Euractiv, les négociations entre Bruxelles et Kuala Lumpur étaient bloquées depuis plusieurs années en raison de la décision de l’UE d’exclure les biocarburants à base d’huile de palme -dont la Malaisie est un gros producteur-, de la classification d’énergies renouvelables en raison de l’impact de la culture du palmier à huile sur la déforestation. La Malaisie et l’Indonésie avaient déposé plainte en janvier 2021 auprès de l’OMC pour contester cette décision de l’UE. L’OMC vient de trancher ce différend, en confirmant le droit de l’UE de restreindre les biocarburants à base d’huile de palme pour des raisons climatiques. C’est cette décision qui a permis de reprendre les négociations.
A noter que l’enjeu commercial pour la France est loin d’être négligeable : en 2023, bien que connaissant des hauts et des bas en fonction des grands contrats aéronautiques, ses exportations en Malaisie ont dépassé le milliard d’euros, à 1,166 Md EUR.
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Pour la présidente de la Commission, les deux blocs seraient aussi sur la même longueur d’onde sur les questions commerciales : « L’Europe et la Malaisie partagent leur attachement à un ordre international fondé sur des règles, à l’ouverture économique, au développement durable et à la stabilité régionale, estime-t-elle dans sa déclaration. L’Europe reste engagée en faveur d’une région indo-pacifique libre et ouverte, où les deux parties partagent des intérêts et des responsabilités tangibles ».
Au-delà du commerce, l’accord vise, selon la Commission européenne, à renforcer le partenariat entre l’UE et la Malaisie en s’appuyant sur des « engagements solides en matière de droits du travail et de protection du climat et de l’environnement ».
Côté calendrier, s’ouvre une longue période de négociations entre les deux blocs. Concrètement, l’UE et la Malaisie se sont donc engagées à faire « progresser rapidement » les négociations sur l’accord de libre-échange et vont organiser « un premier cycle de négociations de fond dans les mois à venir ». Les propositions de texte de l’UE seront publiées après le premier cycle de négociations, conformément à la politique de transparence de l’UE. Une évaluation de l’impact sur le développement durable a également été réalisée à l’appui des négociations, afin d’analyser les éventuelles incidences économiques, environnementales, sociales et en matière de droits de l’homme de l’accord.
C.G
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