Le sommet bilatéral annuel UE-Japon a été reporté: les deux parties n’auraient pas pu s’entendre sur une date avant la pause de l’été comme initialement prévu. « Les réticences des Etats membres à ouvrir des négociations pour un accord de libre-échange (ALE) est naturellement à l’origine de cette annulation. Il est d’ailleurs regrettable que la majorité du Parlement ait fait preuve de la même frilosité », a déploré Metin Kazak coordinateur des Démocrates et Libéraux (ADLE) au sein de la commission du Commerce international au Parlement européen. « il reste à convaincre trop d’Etats membres des avantages d’un accord de libre-échange », a pour sa part indiqué un représentant d’une grande organisation européenne des affaires. La Commission a dès lors renoncé à obtenir un mandat de négociation à l’occasion du Conseil européen des 28 et 29 juin à Bruxelles.
La frilosité de Paris et de Berlin, sceptiques quant aux avantages d’un ALE avec la troisième économie mondiale, sont à l’origine de ce report. Si certains secteurs comme la chimie ou les vins et spiritueux pourraient bénéficier d’un tel accord, Paris et Berlin estiment néanmoins qu’il profiterait surtout aux producteurs japonais. Avec la suppression des tarifs douaniers, principale mesure attendue par les entreprises nippones, les gains d’un ALE seraient, pour elles, immédiats.
Mais du côté européen c’est surtout l’abolition des barrières non tarifaires qui constituent la priorité. Or, l’abrogation de ces législations risquent de devenir un processus aussi long que frustrant avec peu d’opportunités de marché à la clé. Plusieurs Etats membres doutent en effet de la volonté politique du gouvernement japonais d’ouvrir son marché dans des secteurs clés comme les services financiers ou les marchés publics.
Mêmes hésitations au sein des organisations professionnelles européennes. Le marché japonais, arrivé à maturité, offrirait peu d’opportunités par rapport à celui des pays émergents. Soutenues par les pays nordiques et le Royaume-Uni, les négociations pour la conclusion d’un accord global restent néanmoins d’actualité. Le sommet UE/Japon pourrait donc avoir lieu à l’automne une fois que les 27 parviendront à définir une position commune.
Kattalin Landaburu
Pour en savoir plus:
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