Réponse du berger à la bergère, l’Union européenne a annoncé le 12 mars un train de contre-mesures pour répondre aux droits de douane de 25 % additionnels des Etats-Unis sur l’acier et l’aluminium. Elles s’inscrivent dans un plan de riposte graduée, qui sera pleinement appliqué d’ici au 13 avril. Mais les Européens appellent aussi à un cessez-le-feu dans cette guerre commerciale unilatéralement déclenchée par Donald Trump.
[Mis à jour le 14/03/2025 à 9H00]
Jeans, jus d’orange, bourbon, maïs, motos (dont les fameuses Harley Davidson), beurre de cacahuète, canneberges… Voici la liste à la Prévert des produits américains qui seront surtaxés à compter du 1er avril dans le cadre du plan de riposte de l’Union européenne aux droits de douane additionnels instaurés par l’administration Trump sur l’acier et l’aluminium ainsi que leurs produits dérivés importés aux Etats-Unis, quelles que soient leurs provenances.
Si la Commission européenne a pris soin de préciser qu’elle « regrette la décision des États-Unis d’imposer de tels droits de douane, les considérant comme injustifiés, perturbateurs pour le commerce transatlantique et préjudiciables aux entreprises et aux consommateurs », elle a aussi dévoilé son plan de riposte immédiat, avec un train de « contre-mesures rapides et proportionnées » sur les produits américains importés dans l’Union européenne (UE).
Il sera mis en œuvre en deux étapes :
–Première étape : autoriser l’expiration, le 1er avril, de la suspension des contre-mesures existantes de 2018 et 2020 à l’encontre des États-Unis. Ces contre-mesures ciblent une série de produits américains – bourbon, maïs, jus d’orange, motos, jeans…- qui répondent aux dommages économiques causés aux 8 milliards d’euros d’exportations d’acier et d’aluminium de l’UE. Le niveau des droits de douane, différenciés selon les produits, allaient de 4,4 % à 50 %.
–Deuxième étape : mi-avril, et en réponse aux nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis qui touchent plus de 18 milliards d’euros d’exportations de l’UE, un ensemble de nouvelles contre-mesures à l’encontre des produits américains importés dans l’UE. La Commission doit les mettre en œuvre après consultation des États membres et des parties prenantes, ce qui promet des ajustements très fins dans le ciblage des produits.
« Au total, les contre-mesures de l’UE pourraient donc s’appliquer aux exportations de marchandises américaines d’une valeur pouvant atteindre 26 milliards d’euros, ce qui correspond à la portée économique des droits de douane américains », estimé à 28 milliards de dollars, indique la Commission européenne.
Plus de détails sur les contre-mesures européennes :
- Sur la riposte européenne aux droits de douane sur l’acier et l’aluminium : cliquez ICI
- Sur la liste des produits américains pouvant être concernés par les représailles européennes (document Pdf) : cliquez ICI.
Celle-ci laisse toutefois la porte grande ouverte à la négociation, appelant à une sorte de cessez-le-feu dans cette guerre commerciale enclenchée unilatéralement par l’administration Trump : « L’UE reste prête à travailler avec l’administration américaine pour trouver une solution négociée, indique le communiqué. Les mesures susmentionnées peuvent être annulées à tout moment si une telle solution est trouvée ». La président de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, réaffirme être « fermement convaincus que, dans un monde marqué par des incertitudes géopolitiques et économiques, il n’est pas dans notre intérêt commun d’imposer des droits de douane à nos économies ». Elle a confié au commissaire au Commerce, Maroš Šefčovič, « la tâche de reprendre ses pourparlers afin d’explorer de meilleures solutions avec les États-Unis ».
Commentant ces derniers développements dans un post sur Linkedin, Laurent Saint-Martin, ministre français en charge du Commerce extérieur, est sur cette même longueur d’onde : « L’UE agira avec détermination pour défendre ses intérêts, mais je reste, avec mes homologues européens, convaincu qu’une autre voie est possible, écrit-il. Nous sommes à un tournant : soit nous acceptons une guerre commerciale dévastatrice qui nuira à toutes les économies, soit nous choisissons le dialogue et la coopération pour avancer ensemble. Le protectionnisme n’a que l’appauvrissement de tous comme horizon. Il est encore temps de construire un agenda positif avec les Etats-Unis. La guerre commerciale n’est pas une fatalité. »
C.G