L’Inde et le Vietnam seront les plus importants bénéficiaires des stratégies en cours de réorganisation des supply chain mondiales dites « Chine +1 » visant à réduire leur dépendance à la Chine, selon une étude publiée le 28 mai par la firme japonaise Nomura. D’autres pays en bénéficieront, avec un impact important, à terme, sur la hiérarchie des exportateurs mondiaux.
« Chine+1 » , « decoupling » ou encore « derisking » : ces termes recouvrent peu ou prou les stratégie en cours de réorganisation des supply chain mondiales menées par les entreprises pour réduire la dépendance de leurs chaînes de valeur à la Chine. Objectif : anticiper une probable hausse des tarifs douaniers et des restrictions commerciales entre l’ex. empire du Milieux et les blocs occidentaux que sont les États-Unis et l’Union européenne, alors que les tensions s’intensifient depuis la pandémie de Covid-19.
D’après les résultats d’une étude publiée le 28 mai par la firme japonaise Normura, à la suite d’un sondage auprès de 130 multinationales et de l’analyse des flux d’investissements directs étrangers dans le monde, les principaux bénéficiaires de ces stratégies sont massivement en Asie, et l’Inde fait une apparition marquée dans ce palmarès.
En tête, l’Inde et le Vietnam, suivis de la Malaisie, la Thaïlande et le Mexique. En matière de choix de délocalisation ou d’augmentation de capacités de production, l’Inde a ainsi été citée par 28 sociétés interrogées sur 130, le Vietnam 23, la Thaïlande 19 et le Mexique 16. L’Indonésie a recueilli 9 citations, Singapour 5 et les Philippines 4.
« Avec l’intensification des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, les entreprises cherchent à réduire leur dépendance excessive à l’égard de la Chine et à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement, ou déplacent leur production pour contourner les restrictions commerciales et se prémunir contre le risque de nouvelles sanctions », observent les analystes de Nomura, cités par l’agence Bloomberg.
Qu’elles se traduisent par des délocalisations ou des augmentations de capacités de production, les secteurs où ces évolutions sont les plus visibles sont l’automobile et les pièces détachées, les produits électroniques, l’habillement et les jouets, les biens d’équipement, les biens de consommation durables et les semi-conducteurs.
Les pays bénéficiaires vont doubler leur exportations
Toujours d’après cette étude, les investissements en Inde proviennent majoritairement d’entreprises situées aux États-Unis et ou dans certains pays développés d’Asie comme le Japon, tandis que ce sont des sociétés chinoises qui tirent la tendance en Asie du Sud-Est.
L’impact de cette reconfiguration en cours des chaînes de valeur internationales sera massif sur le commerce international et la hiérarchie des exportateurs mondiaux à l’horizon 2030. Les principaux pays bénéficiaires devraient en effet doubler, voire plus, leurs exportations dans les sept années qui viennent selon les estimations de Nomura : de 431 milliards de dollars (Md USD) en 2023 à 835 Md USD en 2030 pour l’Inde ; de 353 à 751 Md USD pour le Vietnam ; de 313 à 652 Md USD pour la Malaisie ; de 280 à 405 Md USD pour la Thaïlande ; de 259 à 392 Md USD pour l’Indonésie.
On note que l’Inde a bénéficié d’un fort regain d’intérêt de la part des entreprises multinationales ces cinq dernières années : dans l’édition 2019 de cette étude de Nomura, c’est le Vietnam qui apparaissait comme le grand bénéficiaire de l’évolution des chaînes de valeur mondiales. Il reste toutefois toujours bien placé, mais l’Inde a sans doute pour elle d’offrir aux investisseurs son immense marché intérieur.
C.G