Une majorité d’entreprises déclarent avoir connu diverses difficultés liées à la supply chain en 2022 et plus des deux tiers pensent que cela va continuer, voire s’aggraver d’ici la fin de l’année, selon le dernier baromètre dévoilé fin septembre par Qima, entreprise hong-kongaise spécialisée dans l’audit et le contrôle qualité. Elles cherchent à présent à diversifier et sécuriser leur sourcing.
Avec les confinements liés au Covid et la guerre en Ukraine, 95 % des entreprises ont ressenti l’effet des perturbations sur leur chaine d’approvisionnement cette année, et deux tiers s’attendent à ce que ces difficultés se poursuivent voire empirent d’ici la fin 2022, d’après le baromètre publié fin septembre par Qima.
Cette dernière a réalisé son enquête en juin 2022, auprès de plus de 400 entreprises ayant des chaînes d’approvisionnement internationales.
Autre fait marquant : les marques, qui continuent à diversifier leur approvisionnement, souhaitent également établir des relations plus solides avec leurs fournisseurs, afin de respecter les calendriers de production et d’expédition. Pour 71 % des entreprises interrogées, « l’établissement de relation fortes avec les fournisseurs », sera l’une des principales stratégies d’approvisionnement.
Parmi les nouvelles priorités, vient ensuite la prévision de la demande et la gestion des stocks pour 50 % d’entre elles, suivi, pour 46 %, sur le suivi de leur capacité de production, qui doit être suffisante.
L’Inde et le Vietnam profitent du recul de la Chine
Côté fournisseurs, même si la part de la Chine dans les portefeuilles d’approvisionnement des marques reste à son plus bas niveau depuis trois ans, le pays n’est pas pour autant sur le point de perdre son statut « d’usine du monde ». La dépendance reste la plus forte parmi les petites et moyennes entreprises, qui, au contraire des multinationales, ont moins de ressources pour déplacer rapidement les volumes d’approvisionnement entre les pays ou les régions.
L’Inde montre clairement les dents et fait partie du top 3 des marchés d’approvisionnements pour les marques européennes et américaines. Qima a ainsi enregistré un bond de + 22 % des demandes d’inspections et d’audits en Inde, sur un an, à fin août 2022. Les capacités de production de l’Inde continuent d’absorber des quantités croissantes d’affaires qui sont détournées de la Chine. Elle sert aussi d’alternative à ses voisins en crise comme le Sri Lanka, qui traverse actuellement une grave crise économique.
Autre nouveau pays fiable en matière d’approvisionnement, le Vietnam. Pour un tiers des entreprises interrogées, c’est l’une des trois principales zones. Toutefois, seules 26 % ont choisi d’augmenter leur production au Vietnam, contre 32 % en 2020. Les raisons sont liées à une perturbation de la production locale : plus tôt dans l’année, le Vietnam a en effet connu d’importantes pénuries de main-d’œuvre et de matières premières. Mais ces difficultés semblent avoir été surmontées : les inspections et audits ont bondi de + 120 % en août 2022 par rapport à août 2021, selon Qima.
Progression de near-shoring
Enfin, le near-shoring ou sourcing de proximité, n’est pas en reste : deux entreprises de l’Union européenne sur trois déclarent désormais acheter davantage chez eux et/ou dans des régions proches.
C’est un des éléments importants de la diversification des chaînes d’approvisionnement en 2022. Qima enregistre ainsi une hausse de + 27 % d’inspections et d’audits au Moyen-Orient et en Méditerranée et de + 25 % en Turquie. La moitié des marques européennes et 40 % des américaines expliquent qu’elles vont poursuivre le near-shoring pour 2023 et au-delà.
Claire Pham