Les risques de retards ou d’impayés montent pour les exportateurs. Le contexte de l’inflation et du ralentissement économique a entraîné une dégradation des comportements de paiement en Europe, selon la dernière étude European Payment Report d’Intrum. Les délais et les retards s’allongent, domestiques et internationaux, préoccupant les credit managers.
Très attendu par les credit managers (gestionnaires du crédit), ce rapport annuel du leader européen du recouvrement Intrum se base sur une enquête auprès de 10 556 entreprises dans 29 pays européens (400 répondants pour la France) menée entre fin novembre 2022 et mars 2023. Riche en détails, elle a l’avantage de permettre des comparaisons et de mettre en exergue des tendances fortes du risque client au niveau européen.
Une des tendances fortes mises en exergue cette année : les délais de paiement négociés sont à la hausse, d’autant plus qu’une majorité de répondants s’attendent à ce que l’inflation élevée perdure, maintenant la pression sur la trésorerie de leurs entreprises (68 % au niveau européen, 59 % pour la France).
Face à cette inflation et aux taux d’intérêt élevés, 38 % des entreprises européennes interrogées envisagent ainsi de demander des délais de paiement plus longs à leurs fournisseurs, et encore davantage en France (45 %). Mais à 37 %, elles feront aussi face en recherchant des baisses de coûts (33 % au niveau français).
L’humeur n’est clairement pas à l’optimisme : plus de la moitié des entreprises françaises déclarent ainsi s’attendre à ce que la hausse de l’inflation (57 %) et des taux d’intérêt (55 %) aient un impact sur le respect des délais de paiement et le règlement de la totalité des montants dus au cours des 12 prochains mois.
En France, dans le BtoB, l’écart entre les délais moyens de paiements négociés (40 jours) et les délais réels (57 jours) atteint 17 jours en moyenne, comme en 2022.
Le délai de paiement effectif moyen a eu tendance à augmenter dans 9 secteurs sur 15, allant de 44 jours dans le commerce de détail à 71 jours dans l’énergie et les services. Il a baissé pour le secteur public (de 74 à 66 jours), les industries minières (de 66 à 57 jours), l’immobilier (de 63 à 56), les télécommunications (de 59 à 56) les assurance (de 53 à 50) et le commerce de détail (de 54 à 44).
Dans ce contexte, l’optimisation des flux de trésorerie et la gestion des créances n’ont jamais été autant une priorité pour les directions d’entreprises : elle est citée par 49 % des répondants au niveau européen et 48 % pour les Français.
Parmi les mesures de gestion envisagées pour 2023 afin de réduire l’impact du ralentissement économique sur la trésorerie, les répondants citent notamment l’augmentation de la vigilance sur la gestion des impayés (22 % Europe, 25 % France) et l’accélération des encaissements (24 % Europe, 24 % France). Ils mentionnent, dans une moindre mesure, la réduction des délais de paiement proposés aux clients (8 % Europe, 11 % France) et l’augmentation des délais de paiement fournisseurs (13 % Europe, 16 % France).
Concernant les perspectives, 60 % des entreprises européennes s’attendent à une augmentation des retards de paiement ou des impayés dans les 12 prochains mois (59 % pour la France).
A noter que pour faire face, les entreprises françaises misent notamment sur le prépaiement (48 %), le contrôle de solvabilité des clients (33 %), l’assurance-crédit (cités par 27 % des répondants, soit une forte hausse sur 2022 où le pourcentage était de 14 %). Mais elles ne sont encore qu’une minorité – 39 %– à utiliser le dispositif qui leur permet de facturer des frais et intérêts de retard à leurs clients.
C.G