Malgré la Covid, l’export reste l’ADN de nombre de sociétés de la French Tech. Celle-ci « est résiliente, et même se renforce », s’est félicité Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, à l’ouverture de la 8e édition des Rencontres internationales de la French Tech (RIFT), cette année en format hybride, digital et présentiel. Du 17 au 19 novembre dernier, plus de 200 rendez-vous se sont ainsi tenus avec une trentaine d’experts pays et partenaires de l’export et 450 entreprises ont participé à l’évènement.
Preuve de la bonne santé de la French Tech, les levées de fonds par des entreprises françaises de la Tech ont doubler en un an pour atteindre 10 milliards d’euros cette année, selon Clara Chappaz, la nouvelle directrice de la Mission French Tech du ministère délégué à l’Économie numérique.
De même, la France compte dorénavant une vingtaine de licornes (entreprises valorisées au-delà de un milliard de dollars), a indiqué Christophe Depeux, administrateur du Programme international de Numeum, la Fédération professionnelle des acteurs du numérique (2 500 sociétés, 500 000 emplois).
Valoriser l’INPI dans sa stratégie
Les jeunes pouces peuvent compter sur un réseau international de soutien à l’export et au numérique très riche. Ainsi, la Mission French Tech a labellisé 63 communautés French Tech dans le monde, autant de regroupements d’entrepreneurs à même d’accueillir et soutenir les PME et startups venant de France.
En matière de financement, il ne faut pas oublier Bpifrance, qui finance l’innovation et l’export. Un acteur moins connu et pourtant crucial pour se protéger est l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), qui offre « un accompagnement spécifique et peut y ajouter des subventions pour un projet à l’international » selon Paul Perpère, délégué régional Ile-de-France à la Direction de l’action économique.
La Mission French Tech a aussi lancé la marque French Tech avec Business France sur le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas. Ce salon phare de l’innovation technologique en électronique grand public recevra cette année 150 entreprises françaises du 5 au 8 janvier 2022.
Business France, qui monte des pavillons collectifs sur bien d’autres salons tech (Slush à Helsinki, NRF à New York…), a aussi multiplié les programmes « Impact », souvent menés avec Bpifrance, pour donner des bonnes pratiques aux entreprises et les aider à établir une stratégie d’implantation et de développement commercial à l’étranger.
« Nous en avons mené deux parallèlement, en Allemagne et aux Etats-Unis. Résultat : trois salariés travaillent depuis la France sur les États-Unis et nous y ouvrons un bureau », a témoigné Alban Clot, directeur général de Supervizor, une société active dans le contrôle automatique des données comptables et opérationnelles (détection des erreurs, des fraudes…).
Saadoun(Botify) : « Aux États-Unis, nous avons externalisé »
Autre bénéficiaire d’un programme Impact États-Unis, Botify, qui offre des solutions pour améliorer l’indexation et le classement de ses clients dans les moteurs de recherche.
Après ce programme, la société a ouvert en 2016 sa filiale aux États-Unis. La recherche et développement est resté en France et « aux États-Unis, nous avons externalisé. Nous sommes représentés par une société qui emploie nos propres employés, ce qui nous permet de réduire les tâches administratives et de reporting et nous avons aussi un comptable extérieur et francophone », a détaillé Omar Saadoun, Chief Financial Officer.
Experte dans le conseil et le pilotage en matière de transformation digitale, la startup We Transform a, pour sa part, participé en février-mars 2021 à un French Tech Tour, une mission d’insertion dans l’écosystème local, en Europe pour suivre un de ses grands clients traditionnels, Yves Rocher. « C’était distanciel, mais ça nous a permis de nous professionnaliser pour un coût modeste, de partager avec des confrères et d’être chalengé tout le long du process », relatait Karine Davi, la fondatrice et dirigeante.
1 800 chèques pour relancer la Tech à l’export
En période de Covid, il est aussi possible de profiter du chèque prévu dans le cadre du plan national de relance export ce que les jeunes pousses ne se sont pas privées de faire. Selon, Christophe Lecourtier, sur un total de 7 500 chèques relance export distribués, 1 800 ont bénéficié à des sociétés de la French Tech. Un bon point à nouveau. Mais qui ne saurait occulter aussi les mauvais.
Par exemple, Christophe Depeux a relevé que 40 % des entreprises numériques n’opèrent pas à l’export. Ou encore, comme l’a regretté Clara Chappaz, il n’y a aucune société européenne parmi les huit premières entreprises du Top 10 de la Tech en matière de capitalisation boursière. Selon elle, une réflexion commune au sein de l’Union européenne (UE) est indispensable, et notamment à l’occasion, espère-t-elle, de la présidence par la France de l’UE au premier semestre 2022. Rendez-vous est pris.
François Pargny