Le monde de l’export fait grise mine en cette période de Covid. C’est le cas notamment du Top 10, si l’on en croit la base de données GTA (groupe IHS Markit), spécialisée dans le commerce international de biens.
Toutefois, la Chine, numéro un mondial avec des exportations de 617,58 milliards d’euros entre janvier et avril 2020, semble retourner progressivement une situation très dégradée au premier trimestre. En effet, alors que ses ventes extérieures avaient chuté de 10,7 % pendant les trois premiers mois de l’année par rapport à janvier-mars 2019, cette baisse n’était plus que de 6,1 % un mois plus tard.
Chine : reprise de l’export aux États-Unis
L’explication est la suivante : les exportations chinoises ont à nouveau progressé en avril, de 6,95 % exactement par rapport au moins correspondant de l’an dernier. Et ce, avec l’ensemble de ses clients, notamment les trois premiers : États-Unis (+ 5,66 %), Hong Kong (+ 2,37 %) et le Japon (+ 37,42 %).
- Avec les États-Unis, les livraisons ont bondi de 20,64 % dans la mécanique et de 204 % dans les textiles confectionnés, assortiments et fripes.
- Avec Hong-Kong, les expéditions de mécanique ont cru de 26 %.
- Avec le Japon, les ventes ont gagné 34,62 % dans le matériel électrique, 27,7 % dans la mécanique, 496,44 % dans les textiles confectionnés, assortiments et fripes et plus de 24 % dans les vêtements et accessoires.
S’en suit toute une série de pays avec laquelle la Chine a enregistré une hausse à deux chiffres de ses exportations (Corée du Sud, Vietnam, Allemagne…). Seule exception notable, le Royaume-Uni (- 4,41 %).
L’export se redresse aussi à Hong Kong
Derrière la Chine, à l’export, les États-Unis et l’Allemagne sont traditionnels numéros deux et trois mondiaux. Pour ces deux pays, seuls les chiffres du premier trimestre sont disponibles chez GTA : les exportations de ces deux pays ont ainsi respectivement diminué de 0,13 % et 3,25 % par rapport à la période correspondante de 2019.
En revanche, les données de janvier à avril 2020 sont disponibles en ce qui concerne le Japon, la Corée du Sud et Hong Kong qui devancent traditionnellement la France, à la 7e place. Respectivement, ces trois exportateurs asiatiques ont perdu respectivement 5,29 %, 5,2 % et 4,33 % par rapport à la période correspondante de 2019.
Toutefois, si l’on regarde le résultat du seul mois d’avril, Hong Kong est seul avec la Chine continentale et la Thaïlande (+ 6,34 %) à afficher une performance positive, soit + 4,24 % par rapport à avril 2019. C’est donc l’ensemble de la Chine dont les exportations semblent se redresser.
En avril, Hong Kong a accru ses exportations de mécanique de 31,7 %, notamment vers la Chine continentale, mais aussi les États-Unis et les Pays-Bas et de 12,15 % de perles fines, en particulier vers les États-Unis (+ 751 %).
Recul de la France en Europe et au grand export
À la septième place au terme du premier trimestre, juste derrière la Corée du Sud (118,3 milliards d’euros), la France (114,66 milliards) a perdu 8,57 % par rapport à janvier-mars 2019. Les résultats sont particulièrement négatifs en Europe : Allemagne, – 8,93 % ; Italie, – 9,34 % ; Espagne, – 12,3 % ; Royaume-Uni, – 23,92 % ; et Pays-Bas, – 10,25 %.
Les performances ne sont pas moins négatives avec les États-Unis (- 3,95 %) ; et surtout la Chine (33,96 %), en raison de l’effondrement des ventes de boissons de près d’un tiers (- 32,5 %) et d’aéronautique de près de 100 % (- 93,5 %).
De façon générale avec la Chine, dans l’agroalimentaire, les exportations françaises ont alterné le bon et le moins bon : + 52,28 % dans la viande, + 542,74 % dans les céréales, mais – 17,45 % dans la filière laitière par exemple.
Une balance commerciale française sous pression
A noter que globalement les exportations agroalimentaires françaises dans le monde ont progressé de 0,81 % au premier trimestre. Dans ce secteur, dont certains produits de première nécessité, les échanges, peut-on penser, seraient moins impactés par la crise. La France n’est pas un cas isolé. La grande majorité des grands fournisseurs de la planète ont engrangé des gains : États-Unis (+ 4,06 %), Allemagne (+ 6,63 %).
Le fait que la hausse des exportations françaises dans ce secteur soit moindre peut s’expliquer par la baisse des écoulements de boissons (- 8,92 %). Une baisse qui est générale, hormis sur le Japon (+ 6,87 %). Notamment avec les États-Unis (- 6,64 %) et le Royaume-Uni (- 24 %).
La crise sanitaire n’a pas fondamentalement modifié les formalités douanières à l’export. Mais en France, quand les postes aéronautique et vins et spiritueux tremblent, c’est toute la balance commerciale qui risque de s’effondrer.
François Pargny