Laurent Fabius a réussi son grand oral auprès des milieux d’affaires français d’Afrique lors d’un petit déjeuner organisé par le Cian (Conseil français des investisseurs en Afrique) le 8 janvier à Paris, dans une salle bondée du Westin, si l’on en croit les retours élogieux émanant des participants.
Du bilan qu’il a dressé au fil de l’eau du dernier Sommet Afrique-France de l’Élysée, on retiendra qu’il est pour lui, d’un point de vue diplomatique, évidemment totalement positif. Sur les questions de sécurité notamment, qui ont été l’un des sujets brûlants du Sommet, le ministre des Affaires étrangères a notamment insisté sur l’excellente ambiance qui a selon lui, avec les dirigeants des 53 pays présents. Pour Laurent Fabius, les « réticences » n’existent plus, la France ayant montré aux Africains qu’elle était la seule à pouvoir intervenir rapidement pour stopper des conflits dangereux, Mali, Centrafrique.
Côté économique, les bons observateurs on relevé que le ministre est passé assez rapidement sur le rapport Védrine – une commande de Pierre Moscovici – sur « un partenariat pour l’avenir », dont les thèmes ont constitué l’armature du volet économique du Sommet, lors d’une conférence organisée par Bercy le 5 décembre qui a pourtant rassemblé quelque 600 participants (1). Le ministre, qui est en rivalité avec Bercy pour prendre le leadership de la diplomatie économique, a notamment insisté sur le fait qu’il fallait maintenant « agir » pour concrétiser ses recommandations.
En revanche, il n’a pas manqué de rappeler sa vision de la diplomatie économique qu’il souhaite mettre en œuvre, notant que la France ne pourrait maintenir son rang sans « une économie solide ». Et d’évoquer quelques une des actions spécifiques et concrètes entreprises sur l’Afrique, où il compte agir pour faciliter le développement des entreprises françaises.
Cerise sur le gâteau, sur la question de la facilitation des visas – qui continue à empoisonner les relations d’affaires quotidiennes entre la France et l’Afrique, il a indiqué à un public particulièrement concerné qu’il était en discussion avec Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, pour débloquer la situation, insistant sur le fait que la politique des visas ne devait pas être confondue avec la politique d’ immigration. Sur la question de la place des entreprises dans les délégations ministérielles, il a promis que, désormais, les entreprises seraient prévenues un mois à l’avance des prochains déplacements ministériels pour mieux s’y préparer…
Christine Gilguy