Afin de garantir la qualité et la durabilité des grands projets d’infrastructures, le réseau Blue Dot, lancé à l’initiative des États-Unis, de l’Australie et du Japon en 2019, et hébergé par l’OCDE, s’apprête à apposer ses premières certifications. Il a été lancé à l’occasion du dernier forum de l’OCDE sur les infrastructures à Paris, le 9 avril.
C’est une première : un label visant à stimuler l’investissement dans des projets qui maximisent les répercussions positives des infrastructures sur l’économie, la société, l’environnement et le développement. Il sera porté par le réseau Blue Dot (BDN), hébergé par l’OCDE (Organisation pour la coopération et de développement économique). Les certifications elles-mêmes seront délivrées par des organismes tiers indépendants chargés d’assurer la crédibilité des engagements en matière de durabilité.
Selon un communiqué de l’OCDE du 9 avril, premier cadre mondial de certification de projets d’infrastructures de qualité, le réseau Blue Dot (BDN) va être déployé à l’échelle mondiale sous la supervision de l’OCDE. Toutefois, bien qu’il soit hébergé à l’OCDE, le BDN sera une entité indépendante supervisée par les administrations des pays membres de l’initiative : Australie, Espagne, États-Unis, Japon, Royaume-Uni, Suisse et Turquie. Outre ses membres dirigeants, il bénéficie de l’appui des autorités du Canada et de la République tchèque.
Dans le détail, selon l’OCDE, cette certification se fonde sur dix éléments qui font écho à des normes internationales existantes :
1. Favoriser une croissance et un développement économiques durables et inclusifs.
2. Favoriser un investissement tiré par le marché et piloté par le secteur privé, qui soit soutenu par une utilisation judicieuse des fonds publics.
3. Promouvoir une gestion saine des finances publiques, la transparence de la dette, et la viabilité de la dette au niveau des projets et des pays.
4. Mettre sur pied des projets résilients face au changement climatique, aux catastrophes et aux autres risques, et alignés sur la trajectoire vers l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 qu’il faut atteindre pour que la limitation du réchauffement climatique à 1.5 °C reste possible.
5. Garantir une utilisation efficiente des ressources pour tous les coûts du cycle de vie d’un actif.
6. Renforcer les capacités locales, en mettant l’accent sur le transfert local de compétences et les marchés financiers locaux.
7. Favoriser les mécanismes de protection contre la corruption tout en encourageant la transparence dans les processus de passation de marchés et de consultation.
8. Faire respecter les meilleures pratiques internationales en matière de protection environnementale et sociale, notamment pour les droits humains et des travailleurs.
9. Favoriser la possibilité d’utiliser les services d’infrastructure de façon non discriminatoire.
10. Faire progresser l’inclusion des femmes, des personnes handicapées et des groupes sous-représentés et marginalisés.
Le Groupe consultatif informel des dirigeants, qui se compose de dirigeants et de responsables issus du secteur des infrastructures, y compris des institutions de financement, mais aussi d’organismes de promotion, de la société civile et de syndicats, a soutenu la mise sur pied du BDN pour faire en sorte que cette certification soit crédible et efficace dans la réponse qu’elle apporte à la demande mondiale.
« L’investissement dans les infrastructures est un vecteur de croissance essentiel, car il permet de favoriser les débouchés commerciaux, d’ouvrir de nouveaux marchés et d’accroître la productivité. Pour exploiter pleinement ces avantages potentiels considérables, nous devons intensifier les investissements sur le plan tant de la qualité que de la quantité », a déclaré le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann.
D’après le dernier rapport de l’OCDE sur Des infrastructures pour un avenir résilient face au changement climatique (Infrastructures for a climate-résilient futur)*, publié le 9 avril en marge du forum de l’OCDE, les investissements nécessaires sont considérables. Selon les analyses de l’OCDE, de la Banque mondiale et du Programme des Nations unies pour l’environnement, il faudra consacrer 6 900 milliards de dollars (Md USD) chaque année aux infrastructures d’ici 2030 pour atteindre un niveau d’investissement compatible avec les Objectifs de développement durable et l’Accord de Paris. Il y a urgence. Alors que les actifs d’infrastructure représentent une fraction importante des dommages économiques, les pertes économiques dues aux catastrophes ont été multipliées par huit entre les années 1970 et les années 2000, passant de 198 Md USD à 1 600 Md USD en moyenne. Les pertes subies par les entreprises dont les activités sont perturbées (manque à gagner, par exemple) s’en trouvent démultipliées.
*Le rapport est en ligne (en anglais) sur le site de l’OCDE : cliquez ICI.