Pour faciliter l’investissement, local et étranger, les autorités algériennes ont décidé dans la loi de finances 2014 que seuls les projets de plus de 150 millions d’euros doivent recevoir l’aval du Conseil national de l’investissement (CNI), une instance dépendant du ministère du développement industriel et de la promotion des investissements (MDIPI) et présidée par le chef du gouvernement. « Le CNI, dans la pratique, mène une politique sélective » et les facteurs qu’il retient sont « l’impact sur la baisse des importations algériennes et l’ouverture de nouveaux marchés », rappelait Abdelkrim Mansouri (notre photo), directeur général de l’Agence nationale de développement de l’investissement (Andi), lors des Rencontres Algérie 2014, organisées par Ubifrance et le Sénat au Palais du Luxembourg, le 15 mai.
Pour autant, la règle 49/51 reste en vigueur. D’après la loi de finances 2009, tout opérateur étranger qui investit en Algérie doit céder la majorité de son projet à des intérêts locaux. Selon le patron de l’Andi, la règle du 49/51, « souvent décriée, mal comprise en France », n’a pas empêché la venue des investisseurs étrangers dans son pays. Toutefois, « les autorités algériennes ayant constaté des réticences de la part de PME », des réformes « d’adaptation en fonction du montant des projets et des filières » sont en préparation. Tous les secteurs ne seraient pas concernés, mais sans doute « l’agroalimentaire, la transformation manufacturière », des domaines dans lesquels l’État laisserait la liberté « aux promoteurs d’un partenariat ».
Le « 49/51 » permet d’accéder à la préférence nationale
Comme Abdelkrim Mansouri, Bachir Dehimi, responsable de la coopération industrielle et technologique franco-algérienne et président du directoire de la SGP Equipag (Société de gestion et participation dans les équipements industriels et agricoles), s’est efforcé, lors des Rencontres Algérie, de convaincre de l’intérêt de la règle 51/49. « Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problème, mais dans 90 % des cas, les attitudes sont positives. C’est l’intérêt des Algériens d’accepter le pilotage des joint-ventures par l’autre partie », a-t-il assuré, avant d’ajouter, que « les Algériens sont dans une phase d’apprentissage ».
Dans les pactes d’actionnaires, des droits de vote supplémentaires peuvent ainsi être accordés aux intérêts étrangers. Le capital peut encore être fractionné. Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) ouvre ainsi en Algérie une filiale dont il détiendra 40 % du capital, les 60 % restant étant répartis à parts égales entre deux associés algériens, spécialistes privés de l’installation, la maintenance et la formation.
« C’est important pour les entreprises algériennes de s’associer. Mais elles apportent aussi à leurs homologues françaises des avantages », souligne Slim Othmani, directeur général du groupe familial de jus de fruits Roubia et président du Club d’action et de réflexion autour de l’entreprise (Care). Ainsi, les joint-ventures ont accès à la préférence nationale de 25 % dans les appels d’offres publics. Ensuite, les associés locaux peuvent disposer de ressources humaines de bonne qualité. Enfin, ils offrent leur connaissance du marché et des réseaux privés et publics.
François Pargny