Transformation numérique : où en sont les PME françaises ?

Proposé par The Conference Board 

À l’heure de la transformation numérique, les PME françaises peinent encore à réussir à se digitaliser. Par manque de compétences, de moyens ou de temps, elles passent à côté d’opportunités, qui pourraient contribuer au développement de leur activité. Pour ces entreprises, il est plus que jamais temps de changer de méthode pour réduire l’écart avec les Etats-Unis, la Chine et les voisins européens. Eclairage avec John Metselaar, Chef de centre du Centre de stratégie économique et financière Europe pour The Conference Board*.

La France, loin derrière ses voisins européens

La Commission européenne fait chaque année le bilan des progrès des Etats membres dans le domaine du numérique. La France est classée en 15ème position selon l’indice international de l’économie et de la société numériques (DESI) pour 2021. Le quatuor de tête comprend le Danemark, la Finlande, la Suède et les Pays-Bas. Quatre thématiques sont prises en compte pour cette étude : les compétences des utilisateurs de l’Internet et les compétences numériques avancées ; la connectivité (couverture du très haut débit, prix, etc.) ; la transformation numérique des entreprise et le commerce électronique ; les services publics numériques.

Dans l’Hexagone comme dans le reste du monde, les entreprises sont donc à des niveaux de transformation et de maturité numérique très variés. Selon John Metselaar, ce classement s’explique par le fait que les TPE et PME françaises se penchent encore trop peu sur le commerce en ligne et les ventes transfrontalières par Internet. « Dans la bataille de la compétitivité face à un marché mondialisé, la mutation numérique est pourtant essentielle pour optimiser la productivité. Elle améliore l’expérience client et permet de placer toute organisation dans une stratégie d’avenir. Dans ce contexte, Il est indispensable de créer une culture de l’innovation au sein de l’entreprise. », explique-t-il.

Des progrès depuis la crise sanitaire

Face à ce constat, l’état et les entreprises françaises tentent de relever la barre. En témoigne le baromètre sur les comportements numériques des TPE et PME publiée par France Num (initiative gouvernementale pour la transformation numérique des TPE et PME) le 18 octobre 2021. Cette étude révèle une nette amélioration de la perception des entrepreneurs face au numérique et un meilleur taux d’équipement des PME et TPE.

Le premier enseignement de ce baromètre concerne la progression très forte du numérique dans les entreprises. 66 % des TPE/PME ont désormais un site internet présentant leur activité, hors réseaux sociaux, soit 29 points de plus par rapport à l’avant-crise. 43 % ont également une plateforme d’échange de documents en ligne entre collaborateurs (+26 points) ; 29 % font du référencement payant sur internet (+14 points) ; 33 % ont des outils de collaboration professionnelle (+12 points), enfin ; 20 % ont leur propre site marchand de vente en ligne (+11pts).

En outre, la France se situe dans la moyenne des pays européens en ce qui concerne le volet formation et a amélioré ses performances en ce qui concerne la connectivité. Toutefois, la couverture du réseau à très haute capacité (53%) et la couverture en haut débit rapide (69%) restent inférieures à la moyenne européenne (respectivement 59% et 87%).

Surtout, la France occupe la 19ème place concernant la transformation numérique des entreprises. Si bien qu’une entreprise sur deux a recours au partage électronique d’informations (la moyenne est de 36% dans l’UE) et 22% se sont emparées du sujet big data (contre 14% en moyenne dans l’UE). Mais, l’utilisation des technologies cloud, de l’intelligence artificielle et des factures électroniques est inférieure à la moyenne de l’UE (respectivement 21%, 19% et 23%). De même, les PME française vendent moins en ligne que la moyenne de l’UE.

De fortes disparités malgré les investissements  

La France a investi massivement dans la transformation numérique de son économie notamment aux niveaux des technologies d’intelligence artificielle, de cybersécurité et de l’informatique quantique. Ces mesures « devraient avoir une incidence significative sur la transformation numérique de l’économie française et sur le renforcement des capacités liées aux technologies numériques clés », note John Metselaar.

Le baromètre de la Commission européenne pointe toutefois de fortes disparités par secteur d’activité, notamment sur la visibilité et la vente en ligne. Les secteurs de l’hébergement et de la restauration, historiquement très tournés vers le numérique, arrive ainsi en tête en matière de vente en ligne. 50 % des entreprises de ce secteur vendent désormais des services ou produits en ligne, soit 23 points de plus par rapport à l’ensemble des TPE/PME. 93 % de ces entreprises ont également un site internet ou des réseaux sociaux.

L’humain, au cœur de la transformation numérique

« Il ne faut pas s’y tromper : la digitalisation est d’abord un changement d’organisation et de culture de l’entreprise, dans lequel les compétences occupent une place centrale. » explique John Metselaar. Pour preuve, selon une enquête réalisée par Gartner en 2020, six dirigeants d’entreprises sur dix affirment que le frein essentiel à leur transformation digitale est l’absence de compétences internes. Certes, ce manque porte en particulier sur les nouvelles compétences liées au digital, aujourd’hui très recherchées, notamment dans les domaines du Big data ou de la protection des données. « Il est donc capital de créer une culture digitale d’entreprise car à l’ère d’internet, la moindre erreur ne pardonne pas. Réseaux sociaux, utilisation de l’ensemble des appareils (mobile, laptop, tablette), normes RGPD, problématiques de cybersécurité, nouvelles pratiques d’achat/de vente sont autant de sujets sur lesquels les collaborateurs doivent être sensibilisés », ajoute J.Metselaar. Pour cela, une solution : la formation. Celle-ci permettra d’accompagner le salarié, de lui partager les bonnes pratiques et lui offrir de nouvelles habitudes. À la clef : une production fluidifiée, un accroissement du business, une meilleure rentabilité, de l’innovation et de véritables talents dans vos équipes.

La crise sanitaire a d’ailleurs grandement bouleversé les modes et l’environnement de travail, autant que les styles de management : les approches traditionnelles, fondées sur le pouvoir hiérarchique et le contrôle, sont ainsi fortement remises en cause.

Ce contexte a ainsi révélé l’importance du manager animateur et coach, sachant déléguer et faciliter les interactions dans son équipe. Pour accompagner ce besoin profond de transformation des méthodes managériales, il est essentiel de déployer de nouveaux outils digitaux pour répondre aux enjeux de responsabilisation et d’autonomie du collaborateur, tout en permettant au manager de s’adapter en faisant évoluer sa posture. Cette nouvelle donne induit un changement dans l’appréhension des outils mis à disposition de chacun : outils collaboratifs, communication et feedback, accompagnement en temps-réel de son développement, pilotage continu de ses objectifs et de son activité, …

Sans oublier l’importance du bien-être et de la motivation, ce qui nécessite de rester en permanence à l’écoute des collaborateurs. L’année 2020 a particulièrement mis en exergue la nécessité pour les entreprises de prendre soin de la santé mentale de leurs employés. L’isolement, la dépression, le stress ne sont que quelques-uns des effets que le confinement a pu avoir sur les collaborateurs.

Quelles feuilles de route pour l’avenir ?

La transformation numérique repose avant tout sur l’état d’esprit insufflé au sein de l’organisation. Aussi, les clients doivent être au centre de l’activité d’une entreprise. Comme le dit John Metselaar, « les entreprises sont progressivement passées d’une approche traditionnelle centrée produit à une approche centrée client, ce qui implique d’adopter dans les organisations une culture de la donnée. C’est donc avant tout un nouvel état d’esprit qui doit voir le jour ». En parallèle, la transformation numérique nécessite de l’agilité pour s’adapter rapidement au développement technologique et aux changements du marché. D’où la nécessité d’adapter son organisation en toute circonstance.  C’est pour cette raison qu’il est essentiel de maîtriser les données, qui doivent être exactes, cohérentes et complètes. Les données sont la « matière première » permettant de nourrir le système d’information et de fournir des insights pertinents aux collaborateurs pour qu’ils puissent mener à bien leurs opérations quotidiennes. Donner du sens aux données et pouvoir les traiter en s’appuyant sur des outils à forte valeur ajoutée est donc un impératif de chaque instant. Pour les PME, l’objectif est simple : trouver des solutions adaptées, rapides, simples et répondant à leurs besoins.  Un outil de gestion de projet va ainsi leur permettre de planifier plus facilement les tâches et de créer un échéancier en quelques clics pour que chaque collaborateur puisse y accéder. Dans le cas où une entreprise souhaite améliorer sa gestion financière, le but est de trouver un outil qui permet d’éditer rapidement des factures, d’exporter et d’importer des données…

Avec l’avènement du digital, les nouveaux usages de consommation reposent sur l’instantanéité et l’accessibilité. Pour les PME, l’enjeu est alors d’offrir une expérience client s’alignant sur ces nouveaux besoins et ces nouvelles pratiques. Pour faire face à la concurrence, les PME doivent fournir une expérience accessible et complète sur tous les supports de communication et de distribution : réseaux sociaux, e-mail, plateforme e-commerce, magasin physique…

TCB : Think tank à but non lucratif, regroupant les plus grandes entreprises internationales de plus de 60 pays, aux travers de groupes de recherches thématiques, association d’entreprises à but non lucratif et organisation de groupes de recherche.