Alors que Donald Trump multiplie les annonces de droits de douane « réciproques » à l’encontre de ses partenaires commerciaux, l’Inde reste, pour l’instant, épargnée. Un traitement de faveur qui s’explique autant par son positionnement géopolitique que par son marché de consommation, le plus grand au monde. Le point dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Alors que les principaux partenaires commerciaux des États-Unis ont été notifiés dès lundi dernier [7 juillet] de nouveaux droits de douane « réciproques » proches des niveaux annoncés en avril, l’Inde, elle, n’a toujours pas reçu de lettre officielle de Donald Trump.
Un silence qui pourrait signaler que Washington mise encore sur la possibilité d’un accord avec New Delhi, plutôt que sur une confrontation commerciale directe à compter du 1er août.
Selon Bloomberg, les deux pays discuteraient d’un accord provisoire qui limiterait les hausses tarifaires américaines à moins de 20 %, contre 26 % initialement envisagés en avril. Cet arrangement temporaire permettrait, selon le média économique, de prolonger les discussions en vue d’un accord plus large à l’automne.
Si Donald Trump s’est dit optimiste quant à la signature rapide d’un accord, des désaccords persistent dans des secteurs clés tels que l’agriculture et l’automobile.
L’agroalimentaire parmi les points de frictions
Alors que Washington cherche à obtenir un meilleur accès au vaste marché indien pour ses produits laitiers et agricoles, New Delhi tente de résister aux demandes américaines de concessions de droits de douane sur les importations de produits agroalimentaires et laitiers, faisant remarquer qu’elle n’avait fait de telles concessions dans aucun de ses précédents accords de libre-échange.
L’Inde exporte nettement plus qu’elle n’importe dans l’agroalimentaire, et ces activités font vivre près de 40 % de la population active. Le gouvernement indien redoute un afflux d’importations bon marché qui fragiliserait les petits producteurs. De plus, l’Inde interdit toujours les cultures génétiquement modifiées, ce qui complique toute ouverture à des produits américains standards.
New Delhi réclame par ailleurs la levée des droits de douane punitifs imposés par Trump sur l’acier (50 %), l’aluminium (50 %) et les automobiles (25 %), ainsi que des concessions sur ses exportations à forte intensité de main-d’œuvre, allant des textiles aux produits chimiques.
Autre point de friction : la place de l’Inde au sein des BRICS. Donald Trump a menacé, la semaine dernière, d’imposer 10 % de droits supplémentaires aux membres du groupe pour leurs « politiques anti-américaines ». Or, l’Inde doit prendre la présidence du bloc en 2026, à un moment où la Chine et la Russie cherchent à en faire une force d’opposition à l’ordre économique occidental.
Pour rassurer Washington, New Delhi a insisté la semaine dernière sur sa neutralité monétaire et affirme ne pas vouloir contester la suprématie du dollar.
Perçu comme un partenaire stratégique par Washington
« Si un accord est conclu, il pourrait modifier l’équation sur le plus grand marché de consommation du monde, et peut-être marquer un nouveau départ dans la dynamique commerciale indo-américaine », estime le journal financier indien The Economic Times.
L’Inde est en effet perçue comme un partenaire stratégique de l’administration Trump, de part son marché potentiel de 1,4 milliard de consommateurs et son positionnement d’alternative en Asie à la Chine. « Il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant, déclarait en avril le vice-président américain JD Vance, qui pousse pour un resserrement des liens entre les deux pays. L’avenir du XXIe siècle sera déterminé par la force du partenariat entre les États-Unis et l’Inde. »
L’augmentation des droits de douane américains sur des partenaires commerciaux comme la Chine, le Canada et le Mexique pourrait conférer aux exportateurs indiens un avantage concurrentiel significatif, en particulier dans des secteurs tels que les produits pharmaceutiques, les textiles et l’électronique.