Si l’économie française n’est pas, en Europe, la plus vulnérable face aux barrières tarifaires dressées par Washington, ses entreprises ne sont pas à l’abri pour autant et devront batailler ferme dans certains secteurs pour conserver leurs positions sur le marché américain. En témoigne une récente étude des Douanes.
Une surtaxe de 20 % ? 30 % ? Les importateurs américains devront finalement payer des droits de douane de 15 % (hors exceptions), selon l’accord auquel sont parvenus ce week-end les Etats-Unis et l’Union européenne. Un coup dur pour les entreprises françaises qui exportent sur ce marché. Qui et combien sont-elles, au fait ? Dans quelles mesures sont-elles concernées par ces nouveaux droits de douane ?
Les Douanes ont dénombré 14 700 entreprises de secteurs non-agricoles et non-financiers ayant exporté pour 44 milliards d’euros (Md EUR) en 2024 (sur un total de 48,6 Md EUR). Parmi elles, 5 800 sont des groupes (un tiers de grandes entreprises et ETI et deux tiers de PME) concentrant 88 % des exportations. Pour l’ensemble, les Etats-Unis représentent en moyenne 10,6 % de leur chiffre d’affaires à l’export.
Des taux de marge plus élevés
Pour définir leur capacité à surmonter des chocs, les experts des Douanes ont calculé leur taux de marge moyen. Résultat : il est de 35,5 % pour les entreprises exportant aux Etats-Unis, contre 27,9 % pour l’ensemble des entreprises en France. L’impact d’une hausse des tarifs douaniers peut être évalué en la traduisant en une baisse équivalente des prix de vente et donc une réduction du taux de marge. Celle-ci serait, selon cette étude publiée avant les annonces de ce week-end, de 0,6 point pour des tarifs additionnels de 10 % mais de 2 points pour les entreprises indépendantes (à 30 % de droits additionnels respectivement -1,9 et -6,5 points).
Par ailleurs, quelque 2 000 entreprises réalisent plus de 10 % de leur chiffre d’affaires aux Etats-Unis et concentrent trois quarts du total des exportations de matériel de transport (aéronautique et naval), de boissons ou d’articles de maroquinerie. Dans le détail, les entreprises de petite taille opèrent sur des marchés moins diversifiés et sont donc plus vulnérables. Ainsi 22 % des microentreprises n’exportent qu’aux Etats-Unis, contre 4 % des groupes.
Variations sectorielles
Leur taille influe également sur leur exposition : 69 % des microentreprises réalisent plus de 10,6 % de leur chiffre d’affaires à l’international outre-Atlantique alors qu’elle est de 10,4 % pour les ETI, par exemple. Les effets sectoriels sont également très marqués. Les Douanes ont ainsi listé ceux qui sont les plus exposés aux actuelles difficultés du marché américain.
En raison de l’importance de l’exposition de leur chiffre d’affaires et de leur taux de marge sur ce marché les industries les plus pénalisées sont : l’agroalimentaire, les boissons, le cuir, la chimie, la pharmacie, les produits informatiques et électroniques, les machines et équipements ainsi que le matériel de transport (hors automobile).
Certes, les statistiques ne décident pas du destin d’une entreprise et cette étude repose sur des hypothèses de de taux de droits de douane de 30 % et 10 %, mais ce portrait type des exportateurs tricolores aux Etats-Unis laisse augurer des futures discussions entre exportateurs français et importateurs américains sur l’absorption des marges. Et qui la prend en charge…
Sophie Creusillet