Une semaine seulement après la fermeture, le 5 octobre, du salon Pacific, à Sydney, le Groupement des industries de la construction et des activités navales (Gican) peut afficher sa satisfaction. Alors que cette manifestation n’affichait que sept exposants français lors de sa dernière édition en 2015, la biennale australienne en comptait cette année une vingtaine dans le sillage du chantier Naval Group (ex-DCNS) sur le Pavillon France dressé par le Gican.
Sans conteste, le méga contrat de 34 milliards d’euros remporté en avril 2016 par l’ex-DCNS aux dépens des Allemands et Japonais pour construire la prochaine génération de sous-marins australiens n’est pas étranger à cette offensive hexagonale. Mais pas seulement. C’est aussi le résultat d’une stratégie partagée par tous les acteurs – chantiers, équipementiers, PME – dès le lancement en novembre 2012 du Programme d’investissements d’avenir (PIA), piloté par le commissariat général à l’investissement (CGI).
La création d’une cellule Export
Dans le cadre du PIA, le projet Océans 21 a ainsi aidé la filière à se structurer, à jouer collectif à l’international en soutenant notamment les petites et moyennes entreprises. Le Gican, qui compte 180 adhérents et organise depuis 50 ans le salon Euronaval à Paris, est aujourd’hui présidé par Hervé Guillou, également P-dg de Naval Group. Enfin, en 2016, le syndicat professionnel s’est doté d’une cellule Export, structure informelle visant à renforcer et optimiser les participations collectives de l’industrie navale tricolore dans des séminaires et salons dans l’Hexagone et dans le monde.
Adepte de l’Équipe de France à l’export, « le Gican est opérateur, tout en s’appuyant à l’étranger sur les ambassades de France et leurs missions de Défense, la Direction générale de l’armement et Naval Group », explique au MOCI Charles Bouquet des Chaux, coordinateur de la cellule Export.
« Pour le Pavillon France au salon Pacific, relate-t-il encore, je me suis également appuyé sur la Chambre de commerce et d’industrie franco-australienne (Facci) et Austrade (Australian Trade and Investment Commission), dont le directeur Investissement pour l’Europe est le Français Jean-Baptiste Nithart, pour organiser des rendez-vous pour nos exposants sur le salon ».
Des résultats concrets pour les sociétés françaises
Depuis l’annonce du méga-contrat de sous-marins en Australie, le Gican a piloté plusieurs opérations de suivi, notamment en avril dernier un séminaire à l’ambassade d’Australie à Paris, destiné à donner à une centaine de participants français des clés et des bonnes pratiques pour s’implanter et produire sur place. La participation au salon Pacific a permis ensuite à un certain nombre d’adhérents du Gican de conclure ou de finaliser certains contrats dans le prolongement du programme australien des sous-marins du futur (Future Submarine Program).
A l’issue du salon, le syndicat professionnel a ainsi salué les annonces et réalisations suivantes : « Groupe Fiva annonce l’ouverture de sa filiale Fiva Australia à Adélaïde; Issartel renforce sa coopération avec H.I Fraser ; Lacroix annonce le rachat des actifs de la branche auto-protection navale de Wallop Defence Systems Limited (Esterline Group) ; Predict, spécialisé dans la maintenance prédictive, signe un partenariat avec PHM Technology ; Engie, à travers Engie Axima, ouvre des négociations exclusives pour l’acquisition du groupe allemand Noske-Kaeser et notamment de sa filiale australienne ».
Parmi ces sociétés, toutes ont une expérience déjà plus ou moins affirmée de l’international, à l’instar d’Issartel, qui a créé une filiale au Brésil, dans le cadre du programme de construction de sous-marins ProSub, mis en place dans ce pays en 2009 avec l’ex-DCNS. Aujourd’hui, la filière navale, civile et militaire, française réalise 4,5 milliards d’euros par an à l’export. « Pour le Gican, l’accompagnement à l’export est un excellent moyen de fidéliser les adhérents et d’en découvrir de nouveaux, car, pendant une semaine de mission, des relations se nouent inévitablement », confie Charles Bouquet des Chaux. Le syndicat professionnel aurait ainsi gagné, selon lui, une dizaine d’adhérents en deux ans.
Pour tous les participants tricolores, Pacific aura aussi été l’occasion d’échanger avec les délégations de la Royal Australian Navy et de nombreuses marines du Pacifique, s’est encore félicité le Gican, qui prévoit déjà d’accueillir une forte délégation australienne dans un an à Euronaval 2018 (23-26 octobre) « pour poursuivre cette fructueuse coopération franco-australienne ».
D’ici là, pour poursuivre la démarche collective conduite aux antipodes, Charles Bouquet des Chaux entend assurer un suivi de la mission à Pacific. « Concrètement, les PME de la filière ont besoin de visibilité sur le marché australien et de comprendre l’écosystème de ce pays qui est très anglo-saxon, en particulier dans le domaine de la défense », souligne-t-il. Parallèlement, le Gican mènera toute une série d’opérations à l’international en 2018, sept au total (*). De bonne occasions de poursuivre la chasse en meute.
François Pargny
(*) Sept participations collectives de la filière à des salons sont inscrites au programme prévisionnel 2018 du Gican : Defexpo, Inde (février), Dimdex, Qatar (12-14 mars), APM, Singapour (14-16 mars), DSA, Malaisie (16-19 avril), SMM, Hambourg (4-7 septembre), Allemagne (pavillon organisé par Business France), Euronaval, Paris (23-26 octobre) et Exponaval, Chili (4-7 décembre).
Contact : Charles Bouquet des Chaux, [email protected], Tél. 01 56 59 15 14
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