L’entreprise grenobloise Unity Semiconductors, spécialiste des équipements de métrologie et d’inspection pour l’industrie des semi-conducteurs, vient de réussir une levée de fonds de 48 millions d’euros. Objectif : assurer son leadership mondial. Revue de détail.
Selon les prévisions actuelles, le marché mondial annuel des semi-conducteurs devrait dépasser en 2024 la barre des 5 milliards d’euros. Il est tiré notamment par la croissance du marché de l’automobile électrique, des équipements de communication (infrastructures 5G par exemple) et de l’internet des objets.
C’est dans ce contexte très porteur de montée en puissance du niveau de production de cette industrie que l’entreprise grenobloise UnitySC vient de lever une coquette enveloppe de 48 millions d’euros auprès de Jolt Capital (fonds d’investissement spécialisé deeptech) qui était déjà présent à son capital, du fonds French Tech Souveraineté (via Bpifrance) et de Supernova Invest.
Son ambition : asseoir son leadership mondial en augmentant ses capacités de production et sa présence dans certaines zones stratégiques du monde.
Un pied en France, l’autre en Asie
Créée en 2016 par l’entreprise nîmoise Fogale Nanotech (spin-off du CEA et de l’Onera, Centre français de recherche aérospatiale) et forte de plus de 150 brevets, Unity Semiconductor est spécialisée dans l’inspection du process de fabrication des semi-conducteurs.
« L’industrie du semi-conducteur est très technologique, explique Eloi Delorme, CFO de l’entreprise. Ces fabrications relèvent du nanomètre, avec plusieurs centaines d’étapes de fabrication. Chacune de ces étapes créant de la valeur, il est important de valider chacune d’entre elle, et pas seulement le produit final, afin de diminuer le pourcentage de rebuts. Nos machines permettent de vérifier la bonne réalisation du process ».
Installé à Grenoble, il pilote le développement de l’entreprise en Europe et aux États-Unis, tandis que le CEO, le Singapourien Dan Lee, nommé en 2020 et installé en Asie, se charge de la zone asiatique.
Rappelons en effet que les cinq premiers pays producteurs de semi-conducteurs sont Taiwan, la Corée du Sud, le Japon, la Chine et les États-Unis. L’Europe, moins présente sur le sujet, abrite néanmoins des poids-lourds en Allemagne et en France (STMicroelectronics).
Un démonstrateur industriel prochainement en Asie
Si UnitySC assemble pour l’instant l’intégralité de ses machines d’inspection à Grenoble, elle exporte 99 % de son chiffre d’affaires, principalement dans les pays précités. Mais pas question de révéler le montant du chiffre d’affaires, concurrence oblige.
« Depuis notre création, nous avons une filiale à Singapour (19 personnes), à Taïwan, aux États-Unis et, depuis 2018, en Allemagne », précise Eloi Delorme. Une nouvelle filiale est en cours de création en Chine, près de Shanghaï, où une dizaine de personnes travaillent déjà (via un portage salarial) pour l’entreprise française. « Nous réfléchissons également, pour l’année prochaine, à créer une antenne en Corée où nous avons actuellement trois salariés » complète le dirigeant.
Toutes ces implantations sont pour l’instant uniquement des filiales commerciales et de service après-vente mais UnitySC devrait prochainement passer à une nouvelle phase en implantant un démonstrateur industriel en Asie -trois quarts de ses ventes-, afin de permettre aux clients et prospects de réaliser des tests de performance.
UnitySC pourrait aussi passer à une phase industrielle dans les prochaines années. « Nous avons bien entendu de nombreux sous-traitants en Asie. Il n’est pas forcément très efficient de faire venir à Grenoble les composants produits à Taiwan, par exemple, pour les assembler sur place avant de réexpédier les machines à Taiwan auprès des fabricants de semi-conducteurs » justifie Eloi Delorme.
Après avoir recruté 40 personnes au cours de l’année écoulée, UnitySC compte désormais 150 salariés, dont une soixantaine hors de France. L’entreprise devrait réaliser au minimum une trentaine de recrutements en 2023, pour l’ensemble de ses filiales ainsi que son équipe grenobloise. « Nous tablons sur une progression de notre chiffre d’affaires de 70 % environ par an pour les prochaines années », conclut le CFO.
Stéphanie Gallo