La jeune entreprise EODev, fabricante de groupes électrogènes fonctionnant à l’hydrogène, semble éclore de toutes parts à l’international. Elle vient de franchir un premier cap aux États-Unis, marché au gros potentiel, en signant un contrat de distribution avec Generac, mastodonte du générateur. D’autres contrats de distribution sont annoncés un peu partout ailleurs dans le monde.
C’est une étape majeure que vient de franchir la PME EODev dans son déploiement en Amérique du nord, cible numéro un de l’entreprise en raison du potentiel de ce territoire. Elle peut en effet désormais s’appuyer sur Generac, industriel américain spécialisé dans les équipements de production d’énergie, pour distribuer ses groupes électrogènes fonctionnant à l’hydrogène.
« Ce partenariat n’a pas été facile à nouer, les discussions ont été assez longues mais Generac a identifié chez nous une brique nouvelle dont il ne disposait pas », raconte Stéphane Jardin, directeur commercial de l’entreprise basée en France et détenue notamment par Toyota Motor Europe, Accor Hotel, le groupe Monnoyeur et Thelem Assurances.
« C’est un partenaire idéal en raison de sa place de poids-lourd aux États-Unis sur le marché des générateurs mais aussi en raison de son savoir-faire d’industriel. Ce partenariat (non exclusif NDLR) va nous offrir une traction marché très forte sur place et nous permettra de mailler le territoire tant du point de vue de la distribution que de la couverture service. Nous avons nécessairement besoin sur place d’avoir des relais SAV », poursuit Stéphane Jardin.
Preuve de la pertinence de ce nouveau contrat de distribution : la signature, dans la foulée, du premier gros client d’EODev aux États-Unis (via Generac donc). Il s’agit d’United Rentals, leader mondial de la location de matériel, qui désormais proposera à ses clients les groupes électro-hydrogène de la pépite française.
Multiplication du chiffre d’affaires par 12
Créée en 2019 sur la base des travaux d’Energy Observer, ce navire propulsé à l’hydrogène, EODev emploie actuellement une soixantaine de salariés et a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires d’un million d’euros. Ce dernier a été multiplié par 12 en 2022 !
Une nouvelle forte accélération est au programme de 2023, avec le recrutement de « plusieurs dizaines de personnes », soutenu probablement par une levée de fonds sur laquelle l’entreprise souhaite rester discrète pour le moment. EODev avait déjà levé quelque 20 millions d’euros en 2020 pour se déployer sur deux marchés : les groupes électro-hydrogènes zéro émission destinés à remplacer les générateurs diesel et gaz (pour les chantiers, l’événementiel, l’industrie, etc.) d’un côté et le transport maritime de l’autre.
Ses générateurs sont produits, depuis septembre dernier, dans une usine située en Île-de-France et appartenant à son partenaire Eneria (filiale de Monnoyeur). « Cette usine a une capacité de production de 600 générateurs par an. Eneria nous met à disposition les locaux et les opérateurs mais la conception et l’industrialisation sont bien entre nos mains », précise Stéphane Jardin.
Trois quarts du chiffre d’affaires à l’international
« Nous avons des concurrents, mais nous disposons d’une avance certaine en termes de capacité de production », sourit le directeur commercial, évoquant les désormais très nombreuses sollicitations de contacts étrangers.
« Nous nous étions initialement plutôt positionnés sur une priorité nationale mais le coup d’éclat de mai 2021, avec une Tour Eiffel entièrement illuminée grâce à un groupe électrogène EODev, nous a donné une forte visibilité à l’international très rapidement. Désormais, dans ce petit monde du générateur hydrogène, nous commençons à être assez visible ».
L’entreprise a donc décidé de changer son fusil d’épaule et de plonger à pieds joint dans ce marché international qui lui tend les bras. « Nous passons beaucoup de temps sur les salons pour identifier des prospects certes, mais aussi et surtout des distributeurs ».
Cible numéro un : les États-Unis donc. Puis, par ordre de priorité : l’Europe, le Moyen-Orient et l’Australie. Eneria représente EODev en Pologne, Roumanie, Moldavie, Algérie, Belgique et Luxembourg.
La PME, peut-être future licorne, devrait par ailleurs prochainement officialiser ses premiers distributeurs en Suède, Norvège et Pays-Bas. Au Moyen-Orient, un premier contrat de distribution vient d’être signé en Arabie Saoudite et un autre est en cours de finalisation aux Émirats arabes unis. Enfin, en Australie, EODev peut s’appuyer depuis un peu plus d’un an sur le distributeur Blue Diamond. « Nous montons en puissance là-bas avec la livraison des premières unités qui permettront de faire des démonstrations ».
En 2022, les deux tiers des ventes auront été réalisées à l’international. Pour les prochaines années, le ratio pourrait bien passer aux trois quarts.
Stéphanie Gallo