Complexe et trop lointain le marché indien ? Pas pour les produits cosmétiques pour femmes enceintes, jeunes mamans et bébés Téane. Dix ans après son lancement, cette marque bio présente dans plusieurs autres pays asiatiques, songe à ouvrir une unité de production sur place pour mieux maîtriser ses coûts.
Si le marché et les prévisions de croissance indiens font rêver bon nombre d’entreprises, peu parviennent à s’y faire une place. C’est pourtant ce qu’est en train de réussir Téane, TPE de quatre personnes implantée à Olivet, dans le Loiret, qui a confié sa production à un fabricant français. Son credo : des cosmétiques bios adaptés aux femmes enceintes et aux nourrissons. Un marché saturé en Europe, mais porteur en Inde, selon sa créatrice Agnès Ducroq. « Il y a 18 millions de naissance par an et les Indiens ont une forte appétence pour le bio et la naturalité ». De quoi attiser l’intérêt de la dirigeante même si les barrières sont nombreuses.
« L’administration est très bureaucratique et les démarches prennent beaucoup de temps. Nous avons été contacté par un distributeur présent dans les pharmacies françaises pour aborder l’Inde début 2021 et avons déposé les demandes d’enregistrement de nos produits en juillet de la même année. Nos licences ont été accordées en mai 2022 ! » Autre obstacle : des droits de douane exorbitants, frisant 50 %, qui augmentent le coût du produit final alors que le pouvoir d’achat indien est loin d’être celui du consommateur coréen où la marque est également distribuée. « Nous voyons apparaître une locale avec des produits quatre fois moins chers que les nôtres. »
La maîtrise des coûts, le nerf de la guerre
Dans un contexte inflationniste où la maîtrise des coûts est stratégique, Téane songe à ouvrir un site de production sur place. « C’est un projet à deux ans, confie Agnès Ducroq, car nous souhaitons une production de qualité dans une usine Ecocert, mais produire sur place permettrait de réduire nos coûts et de rester concurrentiels ». En attendant, la marque a misé sur le digital avec le lancement d’une boutique en ligne (en propre et sur des marketplaces) et de comptes sur les réseaux sociaux afin de travailler sa notoriété. L’e-commerce semblait une évidence pour celle qui a mis à profit la crise sanitaire pour lancer de nouveaux marchés à l’export.
Avec la fermeture du marché chinois, où des marques locales font de plus en plus de concurrence, Téane a frappé à d’autres portes pour trouver des relais de croissance, toujours en Asie. Une région du monde que la dirigeante connaît bien pour y avoir travaillé dans une autre vie professionnelle, « dans les câbles sous-marins à fibre optique ». Un profil international qui a marqué l’aventure Téane. « Nous avons démarré en 2012 et un an plus tard nous avions ouvert 10 pays !» Un état d’esprit qui permet d’affronter la crise actuelle avec plus de sérénité.
Sophie Creusillet