Biodevas Laboratoires, PME familiale sarthoise spécialisée dans la fabrication de compléments alimentaires 100 % naturels pour la nutrition-santé animale évitant les antibiotiques, vient de relever avec succès le défi lancé par son distributeur en Algérie, Plantaxion : créer la première filière de poulet sans antibiotique du marché. Le groupe industriel algérien Khider a également pris ce pari. Résultat : les ventes décollent, et les perspectives à l’export sont au vert.

Douze tonnes de « poulet vert » par jour devraient être vendues sur le marché algérien d’ici la fin de cette année, quelques mois après l’arrivée de ces produits totalement nouveaux dans les boucheries et rayons de certains supermarchés du pays.
« C’est notre distributeur Plantaxion qui a eu l’idée de créer cette filière », relate François Blua, directeur général de Biodevas Laboratoires (notre photo de couverture), évoquant son distributeur en Algérie, une société dirigée par Faycal Boubekeur spécialisée dans les produits vétérinaires bio. « Lui est porteur du projet, nous, nous sommes un soutien technique. » Un troisième acteur a aussi relevé le pari : le groupe industriel Khider, un des leaders algériens de l’aviculture et propriétaire du plus grand abattoir d’Algérie.
C’est en 2020 que le projet a été initié. Les produits de Biodevas sont des compléments pour la nutrition-santé animale 100 % naturels et issus de l’agriculture biologique, commercialisés sous forme de liquides ou de poudres. Une fois mélangés avec la nourriture des animaux, ils permettent d’éviter l’usage de produits de synthèse, notamment les antibiotiques. « Nous sommes dans un positionnement de prévention, pas dans la zootechnique » précise François Blua. Biovedas Laboratoires, qui a réuni sur son site de Savigné L’Evêque, dans la Sarthe, son siège social, son centre de R&D et sa chaîne de production, possède toute une série de certifications, dont ISO-22000, GMP+, Ecocert, Certipaq Bio et FIBL.
Deux ans de tests avant la création de la marque « poulet vert »

Deux ans de tests et essais seront nécessaires pour valider le concept, d’abord en collaboration avec l’Institut technique des élevages en Algérie (ITELV), puis avec Khider. Les tests s’avèrent positifs. La marque « poulet vert » est créée en novembre 2022. Un laboratoire privé indépendant certifie l’absence de résidus d’antibiotiques dans les poulets de cette marque. L’Apoce (Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement), organisation de protection des consommateurs, apporte son soutien. Les premières livraisons aux bouchers et supermarchés sont effectués durant l’été 2023.
Deux mois après, en septembre 2023, les ventes battent leur plein : 8 tonnes de « poulet vert » par jour sont écoulées, malgré un prix de 10 à 15 % supérieurs aux autres poulets, annonce le 25 septembre, un communiqué de Biodevas. Son partenaire algérien, le dirigeant de Plantaxion, a vu juste : il existe une demande en Algérie pour ce genre de produit premium, et il existe des éleveurs près à faire évoluer leurs pratiques pour être davantage en adéquation avec le respect de l’environnement et une alimentation plus saine.
Quant à Biodevas, le laboratoire en est actuellement à expédier un conteneur par mois de ses produits phytogéniques vers l’Algérie. Pour cette PME française de 39 personne, qui ne communique pas sur son chiffre d’affaires mais indique qu’il est à 45 % réalisé à l’export, dans 25 pays, ce succès est à marquer d’une pierre blanche. Car la création en Algérie d’une véritable filière « poulet sans antibiotique » grâce à ses produits est une première, une référence de poids pour renouveler cette expérience dans d’autres pays.
« On est présent dans 25 pays mais à chaque fois, nous travaillons sur seulement 3 à 6 produits » explique le dirigeant de Biodevas. « La spécificité de l’Algérie, c’est que notre partenaire travaille avec l’ensemble de notre gamme. Et la création de cette filière démontre l’intérêt de travailler avec l’ensemble de cette gamme, cela donne une crédibilité supplémentaire ».
Des essais « volailles » en cours au Moyen-Orient et en Amérique du Sud
Le laboratoire sarthois développe des produits non seulement pour les élevages de poulets, mais aussi pour ceux de bœuf et de porc. Et elle a dans ses tuyaux des projets de développement en cours pour les filières équines et aquacoles. C’est dire si le potentiel de développement export est très important, dans tous les pays où les conditions d’élevage sont compliquées du point de vue des normes de biosécurité.
« Grâce à notre protocole éprouvé de produits phytogéniques (100 % d’actifs naturels issus de notre process exclusif d’éco-extraction), nous démontrons que nous sommes en mesure de contribuer à la création de filières sans antibiotique, même dans les pays où les conditions d’exploitation sont difficiles » estime François Bua.
Travaillant avec des importateurs / distributeurs, Biodevas ne dispose pas pour le moment d’implantations hors des frontières mais elle dispose d’une équipe de collaborateurs basés à l’étranger : deux sont détachés en Allemagne et en Pologne, auxquels s’ajoutent deux V.I.E (volontaires internationaux en entreprises) au Vietnam et au Pays-Bas, et bientôt un collaborateur au Costa Rica.
Plusieurs « essais volaille » sont en cours au Moyen-Orient (Emirats arabes unis, Liban, Egypte, Arabie Saoudite, Jordanie) et en Amérique du sud (Mexique, Chili, Bolivie, Brésil). « Quel que soit le pays où l’on souhaite aller, nous sommes obligés de passer par toute une phase de tests et d’essais. C’est du temps long » souligne François Bua. Un temps long auquel Biodevas sait s’adapter. Son objectif à terme est de porter à 60 % la part de l’export dans son chiffre d’affaires.
Christine Gilguy