Créée en 2012, Axioma conçoit et produit de façon industrielle des biosolutions à base d’extraits de plantes, des produits destinés à stimuler naturellement les processus physiologiques des productions végétales. Lauréate du programme French Tech Agri20 de Bpifrance, elle entre aujourd’hui dans une phase d’accélération à l’international avec un plan de prospection ciblé. Première étape en novembre, le Brésil.
Axioma, PME corrézienne spécialisée dans la fabrication industrielle de biostimulants et de biocontrôle issus d’actifs naturels, a fait de l’internationalisation de ses ventes une priorité, en commençant par les grands territoires de cultures. Membres de l’accélérateur de l’accélérateur de Bpifrance baptisé agroécologie, elle s’apprête à partir à la conquête de l’Amérique du Sud, en commençant par le Brésil, dans le cadre d’un programme de prospection sous l’égide de Bpifrance.
« La mission Amérique latine rentre dans notre vaste programme d’internationalisation », explique Anthony Bugeat, P-dg, interrogé par le Moci. Et d’ajouter : « d’arriver dans les bagages de Bpifrance, en mode délégation, est vraiment un plus. On a tout un travail préparatoire de connaissance du marché. On a vraiment une carte à jouer en se positionnant très vite dessus ».
Une fois sur place, le programme est complet : des rencontres business avec des acteurs locaux, des partenaires potentiels et des entités brésiliennes, sont prévues. Il s’agira également de partir à la découverte de l’écosystème local en visitant des fermes, des hubs, des agriculteurs, des centres de recherche & développement et des entreprises.
Un « véritable grenier du monde »
Le choix du Brésil se justifie par l’importance de ce marché dans ce secteur en particulier, qui représente 27,4 % du PIB national en 2021. Onzième économie mondiale et 1e puissance économique d’Amérique latine, le Brésil offre comme principaux avantages l’immensité de son territoire, de ses terres exploitables, des conditions climatiques favorables à l’agriculture, qui en ont faits un « véritable grenier du monde ». C’est donc un pays de choix pour les entreprises engagées dans la transition écologique des pratiques agricoles.
Aujourd’hui, Axioma dispose de cinq biostimulants qui ont une autorisation de mise sur le marché (AMM, comme les médicaments) délivrée par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Pour fabriquer ces produits, elle travaille sur des combinaisons d’extraits de plantes et micro-algues pour créer les effets comme un meilleur enracinement, une meilleure protection, un meilleur rendement, une meilleure assimilation des nutriments etc.
Une fois trouvé l’effet voulu, encore faut-il que la formulation soit industrialisable et rentable pour l’entreprise, et qu’elle puisse s’intégrer facilement dans les pratiques des agriculteurs sans que ce ne soit trop contraignant. « Et lorsque les deux conditions sont remplies, alors nous lançons des essais en conditions réelles pendant au moins trois ans, puis nous déposons des dossiers d’AMM », poursuit l’entrepreneur.
Les contrats de distribution avec les grands du secteurs s’enchainent
Pour le moment, l’entreprise ne souhaite pas communiquer son chiffre d’affaires. « Mais dans cinq ans, on prévoit que 70 % du CA sera réalisé hors des frontières européennes », anticipe Anthony Bugeat.
L’été dernier, Axioma a signé un contrat d’exclusivité avec Syngenta, entreprise suisse spécialisée dans la chimie et l’agroalimentaire, pour une durée de cinq ans. Il porte sur deux biostimulants : le produit céréale et le produit maïs, pour une commercialisation cette année. Le produit céréale sera sous marque Syngenta, qui a été rebaptisé Revolt. Le fondateur précise que c’est un contrat de « plusieurs millions d’euros », sans donner plus de détails.
« Un partenaire qui travaille avec nous à la garantie que tout est maîtrisé de A à Z, de la conception jusqu’à la production. On colle même les étiquettes sur les bidons de nos clients », détaille le dirigeant.
Ce premier contrat a été un véritable déclencheur. Les contrats s’enchainent ensuite avec le groupe israélien Adama, spécialisé dans la production et la distribution au niveau mondial de marques hors-brevets de produits phytosanitaires. Il porte sur un produit pour les vignes. Un autre contrat européen pour les produits de jardin à destination du grand public est signé avec SBM, entreprise basée à Ecully, près de Lyon.
Dernier en date : la signature avec Nufarm, multinationale australienne de produits agrochimiques qui s’implante en France. Le contrat porte sur des produits pour les culture d’oléagineux (colza, soja et tournesol).
« Notre but est d’aller partout »
« Ce sont des contrats où les partenaires doivent s’engager pour cinq ans, avec une notion de prix, de volume etc. Puis, on leur propose d’étendre les partenariats à des niveaux européens, ou de nous mettre en relation avec des homologues en Australie, Asie, Amérique latine », souligne Anthony Bugeat. Et de marteler : « Notre but est d’aller partout ».
La feuille de route est d’ailleurs très précise : l’Asie en octobre, mission Brésil en novembre, l’Australie en février 2023, suivi par le Canada au printemps 2023.
« Si on regarde le mapping mondial, il y a une quarantaine voire une cinquantaine de grosses entreprises avec qui on peut faire des deals de distribution. On conçoit et on fabrique pour ces firmes et elles en font la distribution plus ou moins libre en fonction des territoires, au niveau national, continental ou mondial », détaille le PDG.
Ce dernier explique qu’il est en cours de négociation avec une grosse entreprise pour un nouvel accord mondial sur un produit en marque blanche. Ce sera alors le premier contrat de ce type pour la PME.
La stratégie d’Axioma est claire : celle d’un industriel. « Toute la partie distribution auprès des coopératives c’est un autre métier. On préfère travailler avec les forces de partenaires qui ont l’habitude d’utiliser ces réseaux plutôt que de devoir mettre en place un réseau et faire adhérer les clients à nos solutions. Ça nous conforte en tant que spécialiste. Nous n’allons pas chercher une stratégie de marque. C’est gagnant-gagnant », récapitule le dirigeant.
Sélectionné dans le French Tech Agri20
Et cette stratégie a l’air d’être la bonne. Mi-juillet, Axioma fait partie des 22 lauréats du programme French Tech Agri20. Le but est de faire émerger des champions technologiques proposant des innovations de rupture répondant aux principaux défis alimentaires et agricoles.
Les 22 startup vont avoir accès pendant un an au réseau des correspondants French Tech dans plus de 60 services publics. « C‘est très important pour nous d’être soutenu et que l’on mette en avant des entreprises à fort potentiel très orienté sur le domaine agricole », se félicite Anthony Bugeat. « Aujourd’hui, on parle beaucoup d’engrais, de pesticides, c’est un sujet de pression sociétale, il fallait vraiment apporter de l’innovation dans ce secteur ».
Augmentation des capacités de production
Aujourd’hui, la jeune pousse dispose d’une capacité de production de 5 millions de litres par an. Un agrandissement est actuellement en cours pour un triplement des capacité d’ici le premier trimestre 2023. Soit 15 millions de litres par an, ce qui représente à peu près le volume utile pour le marché européen.
L’usine basée à Brive la Gaillarde, en Nouvelle Aquitaine est d’une surface de 3 500 mètres carrées. « On va l’optimiser et monter en régime pour que nos process puissent être effectués de façon autonomes ». L’usine pourra produire 7j/7, 24h/24. « Nous n’avons pas triplé nos lignes de production mais nous allons produire plus vite grâce à l’achat de cuves plus importantes couplés à des systèmes d’automatisation plus rapide », précise Anthony Bugeat. Montant de l’investissement : environ 2 millions d’euros.
Plusieurs phases de travaux sont prévus. Avant les premiers contrats, la capacité de production annuelle était de 300 000 litres environ. « Dès que j’ai senti qu’on entrait dans une phase beaucoup plus commerciale avec ces multinationales, alors, on a changé de braquet », conclut-il. Et parions que ce n’est que le début pour la PME.
Claire Pham