Les entreprises de taille intermédiaires (ETI) françaises sont plutôt confiantes dans leurs perspectives de croissance, et n’ont rien à envier à leurs homologues allemandes ou britanniques en matière d’appétence pour l’international, selon les résultats de l’enquête Business Balancing Act publiés le 22 novembre par HSBC. De quoi rassurer sur leur moral.
Le premier enseignement de cette enquête*, c’est que malgré un environnement des affaires plein d’incertitudes, les ETI sont en générale optimistes : au niveau mondial, les trois quarts parient sur un environnement de croissance en 2023, et près de 7 ETI françaises sur 10 interrogées sont sur cette longueur d’onde.
Cette enquête a été menée auprès de plus de 2100 ETI dans 14 pays en Europe, Asie et Amérique entre le 28 septembre et le 24 octobre 2022. Précisions que 114 ETI françaises ont répondu et 147 allemandes.
« Les ETI françaises sont très confiantes dans leurs perspectives : 68 % attendent de la croissance en 2023 – 76 % au niveau mondial -, et 18 % anticipent une progression de leurs ventes supérieure à 20 % », précise Virginie Grand, directrice de l’activité Banque commerciale d’entreprises pour HSBC en France.
Parmi les menaces pesant sur leur activité évoquées dans l’enquête, aucune n’emporte franchement une majorité, avec des pourcentages de réponse similaires entre la France les autres pays, selon HSBC. Ainsi, l’inflation recueille 30 %, la hausse des taux d’intérêt 29 %, l’environnement politique incertain 23 % pour les ETI françaises.
Quant aux moteurs de leur croissance, elles misent d’abord sur la demande locale (36 %), la technologie (30 %), le développement durable et la solidité financière (29% chacun) et enfin des acquisitions (23 %).
56 % des ETI françaises veulent ouvrir un nouveau marché étranger
Cependant, le développement international fait aussi partie de leurs intentions : 56 % des dirigeants d’ETI françaises interrogés envisagent d’ouvrir un nouveau marché à l’étranger l’an prochain (59 % au niveau européen).
« En termes d’appétence pour l’export et le développement international, il y a une convergence entre l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni » constate à cet égard Virginie Grand. De fait, dans l’enquête, les ETI allemandes citent à 60 % l’ouverture d’un nouveau marché étranger, les Britanniques 61 %.
Pourtant, paradoxalement, le même sondage établit que 60 % des ETI françaises s’attendent à une détérioration des conditions du commerce international, le même score que pour l’Allemagne, et similaire au Royaume-Uni (58 %). Pour Virginie Grand, ce paradoxe n’est qu’apparent : « cette crainte est liée en grande partie aux perturbations des chaînes d’approvisionnement qui persistent, analyse-t-elle. S’y ajoutent des interrogations sur le caractère durable de ces chaînes face aux pressions croissantes en faveur de la décarbonation et du verdissement ».
Les ETI réalisent un tiers de l’export français
L’optimisme des dirigeants des ETI françaises semblent donc solidement ancré et le fait qu’une partie d’entre eux aient diversifiés à la fois leur débouchés grâce à l’internationalisation et leurs risques n’y serait pas pour rien. « Indépendamment des résultats de cette étude, ce qui est frappant, c’est le dynamisme des ETI françaises à l’international, constate ainsi Virginie Grand. C’est ce qui explique en partie cette dichotomie entre d’une part la confiance qu’elles expriment dans leurs perspectives de croissance et d’autre part une certaine inquiétude vis-à-vis de la montée des risques, géopolitiques, socio-économiques, financiers ».
Rappelons que la France compte environ 5500 ETI, dont 3300 contrôlées par des actionnaires français et le reste par des actionnaires étrangers. Une bonne part se trouve dans l’industrie.
« Les ETI françaises assurent un tiers des exportations françaises : cette diversification de leurs débouchés à l’international explique pourquoi leur niveau d’activité se tient bien alors que le marché domestique ralentit. Le marché international leur donne une source de résilience. D’après des remontées récentes que j’ai eu de nos clients, les carnets de commande sont pleins aux États-Unis, et les affaires sont très dynamiques au Moyen-Orient » estime Virginie Grand.
Dernière explication, sortis debout voire renforcés de la crise sanitaire de la Covid-19, les dirigeants d’ETI ont un bon moral. « Cet optimisme peut s’expliquer par le fait que beaucoup de dirigeants considèrent que les risques amènent de nouvelles opportunités pour prendre des parts de marchés, par exemple aux États-Unis, conclut Virginie Grand. Dans la transition énergétique, par exemple, les entreprises françaises ont des savoir-faire particuliers à exporter ».
Christine Gilguy
*Lien vers l’étude mondiale HSBC Business Balancing Act (en anglais) : cliquez ICI