Afin de réduire drastiquement la dépendance au gaz russe, dont le pays est le plus gros importateur européen, et comme d’autres États membres de l’Union européenne, l’Allemagne doit réduire sa consommation de gaz de 15 % entre août 2022 et mars 2023. Le but est clair pour le premier partenaire commercial de la France : éviter les pénuries de gaz et la hausse des prix. Sa consommation de gaz avait déjà chuté de – 17 % en mai, de – 8 % en juin et de – 15 % en juillet, par rapport aux moyennes des cinq dernières années, selon le FMI.
Fin juillet, après d’intenses négociations, les États membres ont adopté une dernière version du « Plan énergie » d’urgence de la Commission européenne. Un scénario qui prépare l’Europe à affronter une coupure totale du gaz russe. Ainsi, l’Allemagne a accepté de réduire « volontairement » sa consommation de gaz de 15 % entre août 2022 et mars 2023, afin d’éviter les pénuries de gaz et la flambée des prix.
« Nous envoyons (…) un signal fort, non seulement à Vladimir Poutine, qui a une fois de plus échoué à diviser l’Union européenne, mais surtout à nos concitoyens. La décision (…) nous garantit que nous n’aurons pas à affronter des conséquences dramatiques pendant l’hiver, y compris des pénuries de gaz ou des pics de prix. Des économies régulières dans les mois à venir nous donnerons l’assurance d’avoir assez de gaz, nous ne permettrons pas à la Russie de menacer notre sécurité en perturbant délibérément les livraisons de gaz et en utilisant le gaz comme une arme politique », a souligné Josef Sikela, ministre tchèque de l’Énergie.
Obligatoire en cas de force majeure
La réduction de la consommation de gaz, pour l’instant sur une base de volontariat, deviendrait obligatoire en cas de grave pénurie de gaz sur le vieux continent. Il faudra qu’un minimum de cinq pays en fasse la demande pour déclencher le caractère obligatoire. Trois États membres sont cependant exemptés : Malte, l’Irlande et Chypre ; car, ces derniers ne sont pas interconnectés aux réseaux gaziers d’autres États membres.
D’autres dérogations pourront être accordées, selon les « circonstances », a précisé la Commission. La consommation des ménages n’est pas concernée. Seules les entreprises et administrations doivent jouer le jeu.
Au total, cela devrait permettre une économie de 30 milliards de mètres cubes de gaz, en cas d’hiver normal, et de 45 milliards si l’hiver est long et rude.
Des économies en raison du coût
Mais qu’est-ce qui a déjà causé cette diminution importante de la consommation de gaz en Allemagne ?
Selon le FMI, la hausse des prix de l’énergie a incité les consommateurs allemands à économiser. Les grandes entreprises ont ainsi procédé à des coupes drastiques. En juin 2022, les prix de l’essence pour les entreprises ont bondi de + 267 %, par rapport au même mois des 5 précédentes années.
Les constructeurs automobiles ont annoncé dans le même temps qu’ils réduisaient leur consommation de gaz en passant aux énergies renouvelables. L’activité manufacturière et de services s’est également contractée en juillet pour la première fois en deux ans, selon les données récoltées auprès des directeurs des achats.
Cet effort remarquable à un prix. En juillet, le FMI estimait qu’une coupure complète des approvisionnements en gaz russe restants (40 % du total) réduirait le PIB de près de 3 % en 2023 et gonflerait l’inflation.
C.P.